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La Mauritanie mise sur l’hydrogène vert

Déterminées à tirer profit de l’engouement mondial pour l’hydrogène vert, les autorités mauritaniennes ont annoncé début mars la signature d’un accord avec un consortium de sociétés internationales pour la construction d’un complexe de production de ce gaz non polluant. Un projet colossal, estimé à plus de 30 milliards de dollars et qui fait suite à d’autres annonces récentes dans cette filière énergétique en pleine ascension. Décryptage.

Par Erwan Faust

Vue aérienne sur la ville de Nouakchott, capitale de la Mauritanie ©Homo Cosmicos

Jusqu’à présent connue pour ses richesses halieutiques et ses activités minières (dans le fer, le cuivre et l’or notamment), la Mauritanie a pris le train de l’hydrogène vert en marche. Le 8 mars, le ministère mauritanien du Pétrole, de l’Énergie et des Mines a annoncé la signature d’un protocole d’accord avec un consortium international de sociétés dans le but de « développer un complexe de production d’hydrogène vert en trois phases ». Le projet, qui nécessitera un investissement faramineux de 34 milliards de dollars (près de 32 milliards d’euros) – soit l’équivalent de plus de trois fois le PIB actuel de la Mauritanie – sera piloté par un pool d’entreprises comprenant le fournisseur d’énergies égyptien Infinity Energy, le groupe émirati Abu Dhabi Future Energy Company (Masdar) et l’Allemand Conjuncta, un groupe spécialisé dans le développement et le financement de projets d’investissement. Située « […] au nord-est de la capitale, Nouakchott, l’infrastructure devrait produire ” jusqu’à 8 millions de tonnes d’hydrogène vert ou son équivalent en carburant renouvelable d’origine non fossile “, tandis que ” la première phase du projet devrait être opérationnelle d’ici 2028, offrant des opportunités d’emploi à quelque 3 000 travailleurs pendant la construction et 1 000 autres pendant l’exploitation “, a précisé dans un communiqué le ministère du Pétrole, de l’Énergie et des Mines. Cité dans cette même note, le ministre mauritanien du Pétrole, de l’Énergie et des Mines, Abesselam Ould Mohamed Saleh, s’est quant à lui félicité que son pays puisse jouer “ un rôle de premier plan au niveau mondial en matière d’économie liée à l’hydrogène vert dans les décennies à venir. “

« À l’heure actuelle, seul 0,1 % de la production d’hydrogène est considéré comme “vert”, laissant augurer de belles perspectives de croissance pour les entreprises et pays qui sauront se positionner rapidement sur cette filière en plein essor »

Abdessalem Ould Mohamed SALEH, Ministre du Pétrole, des Mines et de l’Energie, Mauritanie ©DR

Une énergie de plus en plus demandée

Utilisé entre autres dans la sidérurgie et le transport, l’hydrogène vert est obtenu par électrolyse, à partir d’électricité non carbonée (solaire, éolien…) et suscite un engouement mondial croissant, en raison de son potentiel comme vecteur d’énergie propre. L’Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA – International Renewable Energy Agency) rappelle ainsi que pour réaliser les objectifs d’émissions de CO2 de l’Accord de Paris sur le climat, la demande mondiale d’hydrogène devra atteindre 600 millions de tonnes d’ici à 2050, soit sept fois plus qu’aujourd’hui (90 millions de tonnes). Or, à l’heure actuelle, seul 0,1 % de la production d’hydrogène est considéré comme « vert », laissant augurer de belles perspectives de croissance pour les entreprises et pays qui sauront se positionner rapidement sur cette filière en plein essor. Sur ce dernier point, la Mauritanie a assurément des atouts à faire valoir, le premier résidant dans son potentiel considérable de production d’énergie renouvelable, rendu possible grâce à des conditions climatiques propices. Outre le rayonnement solaire exceptionnel du désert du Sahara – qui couvre le pays dans sa quasi totalité –, le vent peut aussi souffler fort sur les 750 kilomètres de la côte atlantique, où la densité de population est l’une des plus faibles de la planète. Autre atout : la relative proximité de la Mauritanie avec l’Europe, un énorme marché de près d’un demi-milliard d’habitants qui ne demande aujourd’hui qu’à diversifier au plus vite – et souvent au prix fort – ses approvisionnements en gaz pour réduire sa dépendance à l’égard du traditionnel fournisseur russe.

Plusieurs dizaines de milliards de dollars d’investissements attendus

Pas étonnant, dans ces conditions, que les investissements affluent dans le pays pour dynamiser les capacités de production d’énergie solaire et éolienne nécessaires à l’obtention de l’hydrogène vert. Outre le projet de complexe précité, les autorités mauritaniennes ont signé deux autres protocoles d’accord en 2022, pour deux autres grands projets de production d’hydrogène vert : l’un avec les producteurs d’énergie renouvelable Chariot et Total Eren ; l’autre avec la société australienne CWP Global. Au total, en sus du projet porté par le consortium Infinity-MasdarConjuncta, ce sont 60 autres milliards de dollars d’investissements qui devraient à terme être injectés dans la filière naissante de l’hydrogène vert mauritanien. Des chiffres vertigineux, dont la matérialisation en méga-unités de production « d’or vert » pourrait changer durablement la donne économique du pays.

Gazoduc de production d’énergie renouvelable à hydrogène vert – gaz d’hydrogène vert pour l’installation solaire et éolienne d’électricité propre. 

Article publié dans l’édition N°72 de Forbes Afrique magazine

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