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BGFIbank fait le pari de la Bourse

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PDG du Groupe BGFIBank depuis sa création, le Gabonais Henri-Claude Oyima est depuis juillet 2019 président du conseil d’administration de la Bourse des valeurs mobilières d’Afrique centrale (BVMAC). Et il entend faire bouger les lignes en déclenchant l’entrée en Bourse de BGFIBank, qui sera la première institution fi nancière d’Afrique francophone à être cotée. Forbes Afrique a rencontré Henri-Claude Oyima à Paris pour une interview exclusive.

Forbes Afrique : Les deux Bourses des valeurs de l’Afrique centrale (celle de Libreville et celle de Douala) ont finalement fusionné après des années de rivalité qui ont paralysé le développement d’un marché financier digne de ce nom dans la région. En Afrique centrale, les activités qui concernent la Bourse piétinent et le nombre d’entreprises cotées reste dérisoire. Les acteurs institutionnels tels que les banques et les compagnies d’assurance sont sceptiques et ne s’engagent pas. Pensez-vous que cette fusion dont vous avez été l’un des artisans peut faire bouger les choses?

HENRI-CLAUDE OYIMA : Il faut comprendre que tout système est un processus, avec des éléments d’entrée et des éléments de sortie qu’il faut mettre en place. Dès que les marches du processus sont interrompues, cela pose problème. La première chose que nous avons faite, c’est de créer une Bourse unifiée, une seule place boursière.
Ensuite, il nous faut sensibiliser les opérateurs économiques de notre zone pour les amener à comprendre réellement ce qu’est un marché fi nancier. Un marché financier est le lieu de rencontre entre l’offre et la demande. Par exemple, j’ai un projet et je cherche des ressources pour le financer. Le marché financier est, comme tout marché, un lieu d’échanges où, à un certain moment, l’offre rencontre la demande et vice versa. En Afrique centrale aujourd’hui, nous avons des opérateurs économiques qui ont besoin de financements et qui ne les recevaient que des banques commerciales. Or, dans ces dernières, les conditions sont classiques : c’est le long terme, le moyen terme, le court terme. Ce qui pose problème le plus souvent, c’est lorsque l’on n’a pas suffi samment de capitaux pour accompagner son projet. Le marché fi nancier permet d’obtenir ces capitaux. Mais avant, il fallait commencer par une première partie qui concerne les emprunts obligataires. Les emprunts obligataires permettent à nos épargnants de sécuriser leur argent, puisqu’ils garantissent les délais de remboursement, les taux d’intérêt et les échéances. Et ils permettent à l’opérateur économique de se structurer. Ayant donc accompli cette structuration, nous arrivons à une deuxième partie qui concerne l’ouverture du capital. Ce qui sousentend le partage du pouvoir dans la gouvernance. Ici, quand vous avez créé votre société et que vous avez mis en place une certaine gouvernance, vous devez être transparent, et donc mettre vos chiffres sur la place publique avec une périodicité régulière, ce qui peut poser problème dans notre contexte. Enfin, nous aboutissons à une dernière étape qui est celle du marché secondaire où nous devons partager le risque avec l’opérateur.

Peut-on donc dire que la BVMAC, la Bourse d’Afrique centrale, est sur le point de décoller?

H.-C. O. : Je dirais plutôt que la Bourse a déjà décollé. Mais le problème est que la plupart des entreprises dans notre zone sont des filiales de grands groupes internationaux et ces derniers veulent être cotés sur d’autres places, mais pas en Afrique centrale. Tous les eff orts sont mis en œuvre pour renforcer durablement les activités de la BVMAC. Il faudra convaincre les entreprises qu’elles ont un intérêt à se fi nancer sur notre marché fi nancier et en monnaie locale au lieu d’aller ailleurs investir en devises et avec les risques de change.

J’ai souligné la frilosité des entreprises et des opérateurs institutionnels que sont les banques et les compagnies d’assurance. Cela aurait du sens qu’elles soient les principaux acteurs pour faire bouger ce marché financier. Qu’est-ce qui va créer le déclic pour que cette foisci elles croient à la Bourse?

H.-C. O. : Le déclic, l’impulsion doivent être donnés par les champions régionaux. D’ailleurs, le Groupe BGFI Bank s’inscrit dans cette démarche. Il faut que les acteurs de la région puissent mesurer et saisir toutes les opportunités qu’offre la BVMAC. Comme vous le savez, nous avons tout dernièrement fait l’objet d’une notation et avons été notés A+ avec perspective stable. Alors, j’anticipe un peu, et saisis l’occasion pour vous informer que dès 2020, notre groupe bancaire sera coté à la BVMAC. J’invite tous les autres champions régionaux à nous emboîter le pas pour faire rayonner cette place financière.

Voilà qui offre une très belle transition pour nous permettre justement d’entrer de plain-pied dans le dossier BGFI. Il s’agit de la première banque d’Afrique francophone à accepter de se soumettre à la notation. Qu’est- ce qui vous a poussé à prendre cette décision?

H.-C. O. : D’abord, nous n’avons pas «accepté», c’était une décision interne du management de la banque. Nous avons voulu mettre les choses au clair, faire preuve de transparence en termes de gestion et démontrer la pertinence de notre stratégie et de notre organisation. Parce que lorsque vous êtes noté, on vérifie la qualité de votre gouvernance et de votre risque. C’était donc notre volonté d’être notés par une organisation extérieure, en l’occurrence Bloomfield Investment Corporation. Parce qu’on vérifie également l’actionnariat. Rappelons
qu’il subsistait un fantasme sur la participation de l’État dans le capital de la banque. Notre groupe est une banque privée qui est gérée selon les règles de gouvernance édictées par le régulateur, et nous avons plus de huit régulateurs en fonction de nos métiers. Notre régulation est très vertueuse et nous permet de démontrer la transparence de nos actions, de notre structure, de notre gouvernance. À partir du moment où  nous avons obtenu cette notation, nous nous sommes dit qu’il fallait aller plus loin : d’où la décision de se faire coter en Bourse. Nous y allons avec pour objectif de nous refinancer. Il faut savoir aujourd’hui que le groupe s’est développé sans faire appel au marché, en se finançant par des ressources générées par son activité.

Alors quelle est l’ambition, quel est l’objectif visé de façon plus globale en allant en Bourse?

H.-C. O. : De façon plus globale, ce que nous visons, c’est de construire un groupe financier africain ouvert sur le monde et de développer nos structures autour de zones concentriques. Nous sommes le premier groupe financier en Afrique centrale. D’ici à deux ou trois ans, nous voulons…

Pour lire l’intégralité de cet article, rendez-vous  pages 40-45 du numéro 61 Octobre 2019

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