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Ibrahima Cheikh Diong, un parcours au service du continent

Avec plus de trois décennies d’expérience professionnelle en matière de leadership et de gestion en Afrique, le Sénégalais Ibrahima Cheikh Diong officie désormais à la tête de l’African Risk Capacity Group, la mutuelle panafricaine de gestion des risques. Portrait.   

Avec sa carrure de boxeur et sa touch urban style, Ibrahima Cheikh Diong a l’apparence qui sied à son âme de « fighter ». De fait, menant l’art de la diplomatie avec naturel et poigne, l’homme sait porter les causes et les défendre jusqu’au bout. Une compétence qu’il met désormais au service du continent, à la tête de l’African Risk Capacity Group (ARC), la mutuelle d’assurance panafricaine portée par l’Union africaine, et destinée à couvrir les risques liés aux catastrophes naturelles et au changement climatique.

Pour mener à bien cette nouvelle mission, Ibrahima Cheikh Diong pourra compter sur sa riche expérience. À la tête du cabinet panafricain Africa Consulting and Trading (ACT)- basé à Dakar et qu’il a fondé en 2011 – il a longtemps joué, en toute discrétion, les intermédiaires et porté des dossiers pour le compte des gouvernements et acteurs africains du secteur privé auprès de partenaires internationaux. Au total, plus de trente années d’expertise acquise au Sénégal, aux États-Unis, en Europe et en Asie, tant dans le secteur privé que public.

Une double compétence de technicien et d’analyste

De fait, cette ouverture au monde et à la pluridisciplinarité a façonné le parcours d’Ibrahima Cheikh Diong, qui parle couramment le français, l’anglais, le mandarin et le wolof.  Diplômé en Génie civil de l’Université Hohai en Chine, en Finance et  en Relations internationales de l’Université américaine de Columbia, il développe très tôt une double compétence de technicien et d’analyste, qu’il ne tardera pas à mettre en pratique. « Professionnellement, j’ai eu de belles expériences de par le monde», explique-t-il avec le recul. Aux États-Unis, notamment, où il restera vingt ans, s’initiant aux méthodes de travail anglo-saxonnes, en particulier avec la firme de conseil Booz, Allen et Hamilton. « Une bonne école, où il est très difficile d’atteindre un certain niveau sans excellence », note-t-il. Puis il change de décor. Direction les grandes institutions internationales, d’abord avec la Banque Mondiale et ensuite avec la Société financière internationale (IFC), filiale de la Banque mondiale dévolue au secteur privé, où il traite notamment les questions relatives aux financements des petites et moyennes entreprises (PME) africaines. C’est là qu’il décide de rentrer au pays, sur appel du Président de la République du Sénégal. « J’ai vite compris qu’il fallait entrer dans l’action, mais de l’autre côté du miroir. Sachant que les gouvernements africains avaient des défis de ressources humaines, je voulais faire partie de la solution », se souvient Ibrahima Cheikh Diong.   

C’est ainsi qu’il mettra son expertise au service du gouvernement sénégalais et de multinationales, avant de créer le cabinet de conseil Africa Consulting and Trading, « pour mettre toute [son] expérience et expertise au service du continent ».

Il n’empêche, le temps des hommes d’action n’est pas toujours celui des gouvernants. « Pour faire avancer nos pays il va falloir  aller vite et valoriser le capital humain africain et promouvoir la culture de l’excellence et du professionalisme », note le nouveau patron d’ARC, qui reconnaît toutefois « qu’il y a un nouvel état d’esprit en termes de gouvernance politique, mais également en termes de compétences dans les gouvernements et les administrations ». Résultat, « les  partenaires qui viennent aujourd’hui en Afrique ont face à eux des gens sérieux, ce qui les pousse à être plus rigoureux », se félicite Ibrahima Cheikh Diong.

Au service des populations africaines

Nommé à la tête d’ARC le 3 septembre 2020, le dirigeant Sénégalais a désormais plus de deux années d’activité derrière lui. Le temps pour lui de prendre du recul et de restituer dans un temps plus long ses actions. « Le choix de cette fonction est très cohérent avec ce que je faisais auparavant sur l’Afrique car l’objectif reste le même : être au service des populations africaines et faire la différence », rappelle le patron de la mutuelle panafricaine de gestion des risques, qui précise que depuis la création de l’agence – en 2012 – « 1 milliard de dollars de couverture ont été apportés pour 125 millions de dollars décaissés ». Concrètement, ARC, « qui n’a pas vocation à se substituer aux actions humanitaires ni aux Etats », précise Ibrahima Cheikh Diong, met en place des outils pour des réponses immédiates, à l’image des solutions apportées aux agriculteurs, qui peuvent bénéficier de décaissement de fonds dans les deux premières semaines suivant la survenance d’une catastrophe.  

Et de fait, pour le dirigeant d’ARC, qui a effectué son baptême du feu en pleine pandémie de Covid-19, l’urgence aura été d’apporter des réponses rapides et adaptées aux besoins des populations. Aujourd’hui, avec le recul, Ibrahima Cheikh Diong, estime que « la pandémie a permis de montrer la pertinence de la stratégie de l’ARC ». Le patron de l’agence spécialisée estime néanmoins qu’il faut accélérer le développement des produits d’assurance. « On a commencé avec les solutions de couverture contre la sécheresse avant de lancer, il y a deux ans, un produit sur les cyclones tropicaux. Et d’ici la fin d’année, nous comptons déployer nos produits liés aux risques d’inondations », détaille le responsable sénégalais, qui se voit déjà répliquer aux pandémies le système de couverture mis en place pour les catastrophes naturelles. Autre chantier prioritaire, la question du genre. « Les populations vulnérables étant pour l’essentiel des femmes, nous avons développé des plans « genre » qui permettent de répondre à ces différentes problématiques », souligne Ibrahima Cheikh Diong, qui participe à la COP27, qui se tient à Charm El-Cheikh, en Egypte. 

L’Afrique au cœur des enjeux de la COP27

Une nouvelle COP où le continent sera au cœur de tous les enjeux. « Aujourd’hui, l’Afrique contribue modérément au changement climatique mais nous en souffrons. La preuve, ces catastrophes climatiques qui surviennent ici et là. L’enjeu dans ces grands débats qui arrivent en Egypte, est que la question des pertes et dommages liés au changement climatique ne soit pas occultée. Le droit de compensation d’une part mais aussi d’obligation pour que les Africains puissent s’adapter aux conséquences du changement climatique. Depuis Paris, les grands pays ont pris des engagements (100 milliards de dollars par an et pendant cinq ans) mais depuis, nous attendons ces ressources. Il est important que les engagements soient respectés. L’autre enjeu, c’est l’anticipation. Ce qui nécessite l’accès à des technologies de pointe liés aux systèmes d’alerte climat. Les pays africains doivent avoir accès à ces technologies.[…] Le dernier point, c’est celui de la transition énergétique. Il y a un équilibre à trouver, qui doit permettre aux pays africains de bénéficier de leurs ressources naturelles tout en les préservant », estime le patron d’ARC, qui conclut en rappelant que l’Afrique abritant, encore une fois, la COP, « sa voix doit être entendue », pour faire en sorte « que les engagements pris soient tenus ».  

Pour en savoir plus : www.arc.int

Crédit-photo : ARC

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