Longtemps associé aux cartes bancaires, le géant américain Visa est aujourd’hui résolument engagé dans la digitalisation de l’ensemble des solutions de paiement, notamment en Afrique. Inclusion financière, relations avec les pouvoirs publics, prises de participation dans des fintech… Le point sur la stratégie du groupe avec Ismahill Diaby, directeur général Visa pour l’Afrique de l’Ouest et centrale.
Propos recueillis par Jérémie Suchard paru dans le dossier Finance de l’édition 72 d’Avril-Mai 2023
Forbes Afrique : Dans le sillage de la pandémie de Covid-19, la digitalisation s’est encore accélérée en Afrique. Comment êtes-vous parvenu à tirer profit de cette dynamique ?
Ismahill DIABY : De nombreux secteurs, y compris celui des paiements, sont concernés par ce mouvement. En réaction, pour répondre à la demande croissante de paiements en ligne et mobiles, nous avons priorisé le développement de solutions de paiement numériques adaptées, fiables et sécurisées : Visa Direct, Visa Token Service et Visa Checkout. La pandémie nous a aussi permis de mettre en avant une expertise clé pour Visa, qui est la sécurité. Nous avons renforcé celle des paiements numériques et intensifié nos efforts sur les transactions en ligne, en développant notamment des technologies de sécurité avancées, comme Visa Secure, pour protéger les consommateurs contre la fraude.
Les enjeux de l’inclusion financière sont directement liés à votre activité, ce qui fait de vous, de facto, un interlocuteur des pouvoirs publics africains désireux d’avancer sur ce front. De quelle manière concrète se nouent ces partenariats ?
I. D. : Notre partenariat avec eux vise à maximiser les efforts pour promouvoir l’utilisation des paiements électroniques, afin de soulager les économies du poids financier que représente la gestion de la monnaie fiduciaire. Notre ambition est d’accompagner leurs stratégies de digitalisation par la mise à disposition de nos solutions et de notre expertise. Une des réponses que nous leur apportons porte sur la dématérialisation de leurs paiements, ainsi que sur la collecte digitale de la recette fiscale, afin de l’optimiser.
Vous avez investi dans plusieurs startups africaines et ouvert récemment votre premier centre d’innovation africain au Kenya. Autant d’initiatives qui traduisent une volonté de préparer le futur. Quels sont vos objectifs et vos méthodes ?
I. D. : Effectivement, chez Visa, nous sommes convaincus que l’innovation est un moteur essentiel pour le développement du marché des paiements en Afrique. D’où nos investissements dans plusieurs startups à fort potentiel, et l’ouverture de notre premier centre d’innovation à Nairobi. Notre objectif est de collaborer avec ces jeunes pousses pour concevoir des solutions de paiement novatrices et adaptées aux besoins locaux. Nous cherchons également à soutenir l’écosystème de l’innovation en Afrique, en créant des partenariats avec des incubateurs et des investisseurs locaux. Notre méthode consiste à travailler en étroite collaboration avec les banques, fintechs, opérateurs télécoms, gouvernements et startups, pour comprendre leurs besoins, leurs défis, et pour leur fournir un soutien technique, financier et commercial. Nous avons aussi mis en place des programmes de formation pour aider les entrepreneurs à développer leurs compétences en matière de gestion d’entreprise et de développement de produits.
Quelles ambitions africaines nourrissez-vous à long terme ?
I. D. : En Afrique, Visa s’efforce de fournir des solutions de paiement électronique innovantes pour aider à résoudre les défis en matière d’inclusion financière, de sécurité et d’efficacité des paiements. Parmi les initiatives que nous allons continuer de soutenir et développer, on peut citer : l’investissement dans des startups africaines pour stimuler l’innovation en matière de paiements digitaux dans la région ; la collaboration avec des gouvernements et des entreprises pour encourager l’utilisation de cartes de paiement électronique et de paiement mobile dans les transactions commerciales ; la mise en place de partenariats avec des institutions financières pour fournir des solutions de paiement numériques qui répondent aux besoins des populations non bancarisées ; le développement de solutions de paiement électronique qui répondent aux besoins des PME africaines, en leur permettant d’accepter des paiements électroniques et d’accéder à des financements. In fine, notre objectif est de fournir des solutions de paiement électronique innovantes et sécurisées pour aider les Africains à participer pleinement à l’économie mondiale. Lors du Forum des Affaires États-Unis–Afrique de décembre 2022, nous avons annoncé notre promesse d’investir 1 milliard de dollars (environ 931 millions d’euros) en Afrique au cours des cinq prochaines années pour y faire progresser les économies résilientes, innovantes et inclusives. Ces investissements seront axés sur le renforcement de l’écosystème de paiement grâce à de nouvelles technologies, sur le soutien à la numérisation des économies et sur l’investissement dans l’amélioration des compétences, le développement des talents et le renforcement des capacités.