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Issoufou Idrissa, une vie de foot

Ancien footballeur de l’équipe nationale du Niger, ex-président du Sahel Sporting Club, un temps en charge du protocole du président de la Confédération africaine de football (CAF), Issoufou Idrissa- dit Dennis- a fait du football le point focal d’une multitude d’initiatives. Le responsable sportif d’origine nigérienne est notamment le fondateur du média 54 Foot qui promeut une image positive du football africain. Entretien.

Par la Rédaction. (Photo : Issoufou Idrissa, ancien footballeur de l’équipe nationale du Niger et fondateur du média 54 Foot).

Forbes Afrique : Issoufou Idrissa, racontez-nous vos premiers pas dans le monde du football.

Issoufou Idrissa : Dès l’âge de cinq ans, mes camarades et moi-même tapions dans le ballon rond dans les rues de notre quartier Taladje, à Niamey (Niger). À cette  époque, je rêvais déjà de devenir footballeur professionnel et d’une certaine manière, ma passion pour ce sport a forgé l’homme que je suis aujourd’hui. Par la suite, mes études supérieures en Amérique ont été financées grâce à une bourse que j’ai décrochée en jouant pour mon université. Ensuite, j’ai bâti mon expérience en tant qu’agent de joueur, puis recruteur avant de devenir dirigeant de club. Je me suis par ailleurs investi médiatiquement dans la promotion du football, à travers mon magazine 54 Foot. C’est cette trajectoire de vie et ces expériences fructueuses qui m’ont propulsé dans les hautes sphères du football africain. J’ai beaucoup appris sur la gestion des hommes et celle de ce sport roi sur le continent. Je connais les attentes, les approches et les solutions pour faire du football un vecteur de paix et de développement. Aujourd’hui, c’est avec un grand enthousiasme, doublé d’une immense gratitude, que je participe, aux côtés du président de la Confédération africaine de football (CAF), Patrice Motsepe, à la modernisation du football continental.

Forbes Afrique : Vous avez évoqué votre projet médiatique, centré autour du magazine 54 Foot. Parlez-nous de cette initiative.

Issoufou Idrissa Depuis la fin de ma carrière de footballeur international, en 2009, je n’ai cessé de rester proche du milieu footballistique. Le lancement du magazine 54 Foot, en février 2021, traduit cette proximité mais plus encore, la volonté de promouvoir positivement l’image du football africain et le rayonnement de la CAF. Dans ce magazine, nous mettons en avant  l’interconnexion des fédérations, des clubs et de tous les acteurs. Le magazine est présent dans les six zones de la CAF et est édité en français, anglais, en attendant l’arabe. Nous lancerons par ailleurs la télévision 54 Foot ce mois-ci. Des émissions seront notamment diffusées pour mettre en lumière les cinq nations (Cameroun, Ghana, Maroc, Sénégal, et Tunisie, ndlr) représentant le continent africain au Mondial, organisé au Qatar. En dehors de cette initiative associée au projet médiatique 54 Foot, j’accompagne par ailleurs plusieurs dirigeants sportifs dans leur développement de carrière, au sein des institutions de la FIFA et de la CAF. C’est à ce titre que j’ai participé, en 2017 et 2021, aux campagnes respectives de l’actuel président de la CAF,  Patrice Motsepe, et de son prédécesseur, le Malgache Ahmad Ahmad, dont j’étais déjà chef de protocole.

Forbes Afrique : Au-delà de la dimension purement sportive, comment faire en sorte que le football participe de manière plus concrète à l’émergence économique du continent ?

Issoufou Idrissa En tant qu’univers culturel, le football a beaucoup contribué à l’émancipation des peuples africains. Le fait de rivaliser avec les grandes nations industrialisées, sur les terrains de football, a contribué à décomplexer de nombreux jeunes africains. Le football sur notre continent doit continuer à véhiculer des valeurs positives comme le respect de soi, des autres et des différences, ainsi que le sens de l’effort et le courage. Ce n’est qu’à cette condition que le football, sur le plan continental, pourra séduire les investisseurs internationaux. Nos nations africaines font face à d’énormes défis, tant sur le plan de l’éducation, de la santé que de la formation. Le football représente avant tout une activité génératrice d’emplois, qui peut efficacement contribuer à résorber le problème crucial du chômage des jeunes. Pour cette raison, je reste convaincu que nos États doivent investir dans le développement du football. Par ailleurs, il est bon de rappeler que les supporters peuvent avoir un rôle majeur à jouer dans le financement et la gestion des clubs locaux, à l’instar de ce qui se fait dans les grands clubs européens comme le FC Barcelone, financé à 90 % par ses supporters. Un effectif important de supporters peut par ailleurs susciter l’intérêt des sponsors ; une donne non négligeable quand on sait que le sponsoring représente 60% du financement des clubs de football en Occident. Nous pouvons assurément nous en inspirer et devons également encourager les entreprises africaines à communiquer autour du football. Enfin, il nous faut plus que jamais mettre l’accent sur la construction et le développement des infrastructures sportives car elles contribuent au désenclavement de nos villes et renforcent leur attractivité, en offrant d’importants atouts économiques.

Forbes Afrique : En attendant, le football africain participe à la prochaine Coupe du monde au Qatar, avec cinq équipes en compétition. Quels sont les enjeux de cette compétition pour le football africain ?

Issoufou Idrissa Le principal objectif sera de faire mieux que le précédent Mondial, une compétition durant laquelle les équipes africaines avaient été éliminées dès les phases de poules. Il nous faut franchir un cap pour confirmer le nouveau rayonnement du football africain. Relever ce défi aura le don de motiver davantage la nouvelle équipe dirigeante du football africain amenée par Patrice Motsepe. Ce dernier a conçu un projet ambitieux pour le développement de ce sport, et nourrit le rêve qu’un pays africain rapporte, dans un avenir proche, le premier trophée de Coupe du monde sur le continent. Dans tous les cas, le Ghana, le Cameroun, la Tunisie, le Maroc et le Sénégal auront la lourde mission d’assurer au continent africain la respectabilité qui lui est due sur l’échiquier du football international, en faisant un beau parcours au Qatar ; lequel sera, nous l’espérons tous, irréprochable et historique.

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