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Trois questions à Ludovic Pezé, directeur de l’écurie Motors Formula Team

Ludovic Pezé, Directeur général de Motors Formula Team ©DR

Directeur de l’équipe de course Motors Formula Team (MFT) et dans les starting-blocks pour démarrer sa saison 2023, le Franco-mauricien Ludovic Pezé revient sur son parcours de dirigeant d’écurie automobile et sur la place des sports mécaniques en Afrique.

Propos recueillis par Afaf Aboudoulama

Forbes Afrique : Ludovic Pezé, vous êtes le fondateur et directeur de Motors Formula Team, qui est à la fois une agence de sport automobile et une équipe de course basée à l’île Maurice. Pourriez-vous nous décrire brièvement votre parcours ?

Ludovic Pezé : Je suis né à Monaco il y a 30 ans, de parents Français et Mauricien, et suis passionné de sport automobile depuis mon enfance. Les aléas de la vie ont toutefois mis à l’occasion des obstacles  sur le chemin de mes ambitions. J’ai notamment contracté une méningite en 2013 ; un épisode difficile qui m’a valu plusieurs jours de coma avec un pronostic vital engagé. J’ai par la suite suivi un an de rééducation afin de pouvoir retrouver ma mémoire et réapprendre à marcher. Je retiens de ce douloureux épisode qu’il est important de ne jamais abandonner et de toujours donner le meilleur de soi. C’est après cette période que j’ai eu le déclic de créer ma start-up Motors Formula Team, plus connue sous le nom de MFT.

Forbes Afrique : Parlons justement des sports mécaniques. Ces derniers sont-ils visibles et appréciés en Afrique ?

Ludovic Pezé : Oui, les sports mécaniques sont connus sur le continent, notamment par le biais de compétitions telles que le Paris-Dakar, le rallye du Bandama en Côte d’Ivoire ou le Safari au Kenya. Sans oublier la partie circuit avec la F1 et la célébrité de certains champions comme le Sud Africain Jody Scheckter, qui ont joué en faveur de la popularisation de ces sports. L’intérêt a toutefois varié dans le temps, l’arrivée de Lewis Hamilton correspondant à un étiage avant que l’engouement ne reprenne pour les compétitions mécaniques. Aujourd’hui, grâce au numérique et aux jeux de simulation, bon nombre de championnats internationaux sont devenus attractifs et disposent d’une diffusion télévisée (payante dans le cas de la F1),  ce qui a permis de conquérir de nouveaux fans, notamment à travers des courses d’endurance comme les 24h du Mans et les catégories GT.

Forbes Afrique : Au final néanmoins, peu de coureurs du continent sont présents sur les circuits mondiaux. Que faites-vous concrètement au sein de MFT pour changer cette donne ?

Ludovic Pezé : MFT a été créée en 2014 et est basé tant à Monaco qu’à l’île Maurice ; là où je possède mes origines. Dès le début, j’ai voulu être un “game changer” et ai nommé comme co-directrice, une femme noire et Mauricienne, Geraldine Secondis. À partir de ce point de départ, j’ai commencé à étudier les différents championnats, cherchant notamment à établir une cartographie précise du nombre de pilotes africains ou afro-descendants, notamment ceux présents en Europe et de niveau professionnel. Et là, il y avait un quasi néant, et ce alors que les capacités étaient là dans l’absolu. Tout en travaillant et collaborant avec des pilotes de tous horizons, on a donc décidé de mettre l’accent sur l’accompagnement des pilotes d’origine africaine. Au final, quel est le meilleur moyen de changer les mentalités que de montrer l’exemple et leur réussite en sport automobile ? Aujourd’hui, notre travail est reconnu : en 2021, lorsque Lewis Hamilton a créé sa commission pour traiter des problèmes de diversité dans le sport automobile, j’ai été cité et mentionné en étude de cas pour le travail que nous avons accompli.

Pour développer et surtout repérer les talents, nous avons par ailleurs commencé à organiser des compétitions de sim racing (une catégorie de jeux qui regroupe l’ensemble des simulations de course) à l’île Maurice, une formule de compétition sportive qui demande moins de moyens tout en étant en mesure d’avoir un œil sur les futurs champions Africains ou afro-descendants de demain. Nous finalisons actuellement nos discussions avec de potentiels partenaires pour renforcer cette stratégie et nous devrions notamment faire rouler quelques talents africains- des Sénégalais et Sud Africains – avec nous dès 2023, en GT4 European series. Je conclurai en rappelant que notre ambition s’est nourrie du soutien constant de nos proches et à ce titre, je souhaiterais remercier, ma famille, mes amis et partenaires, qui ont toujours cru en nous.

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