Lancée depuis dix ans en République démocratique du Congo (RDC), la plateforme financière de monnaie électronique M-Pesa a fortement contribué à l’inclusion financière dans le pays, particulièrement dans les zones rurales. Khalil Al Americani, DG de Vodacom Congo et PCA de VodaCash, société qui opère sous la marque M-Pesa, détaille, pour Forbes Afrique, ses défis et ses ambitions en RDC.
BrandVoice en collaboration avec Vodacom RDC
Forbes Afrique : En quoi consiste le service M-Pesa ?
Khalil Al Americani : M-Pesa est la marque sous laquelle opère VodaCash. Le service a été lancé en 2012, après avoir obtenu un agrément de la Banque centrale du Congo. Au début, nous offrions des services de base : dépôt, envoi, retrait et achat de crédits. Progressivement, le service a évolué vers une plateforme financière qui propose différentes options de paiement. M-Pesa contribue ainsi à la réduction de la fracture numérique et financière, en assurant la disponibilité et l’accessibilité, à des tarifs abordables, d’une variété de produits et services disponibles directement à partir des téléphones mobiles des abonnés. Le service est disponible dès lors que l’on capte un signal de téléphonie, et peut s’effectuer à partir d’un GSM de deuxième génération. Les transactions financières sont donc possibles depuis les zones rurales les plus reculées et avec les téléphones les plus basiques.
Quels sont les chiffres clés de M-Pesa en République démocratique du Congo ?
K. A. A. : Aujourd’hui, environ 5 millions d’abonnés utilisent la plateforme M-Pesa, soit 7 % de notre population cible. Nous représentons environ 60 % du marché en revenus issus des services financiers et plus de 50 % du marché en termes d’abonnés. Notre chiffre d’affaires augmente d’à peu près 35 % par an, ce qui constitue une croissance phénoménale pour ce genre de marché. En 2022, les flux transitant par notre plateforme ont représenté l’équivalent de 30 % du PIB national, et de façon générale, le montant des transactions financières passant par le service M-Pesa augmente d’environ 30 % par an. En sa qualité de plateforme d’agrégation, M-Pesa a permis de faciliter l’aide humanitaire pour plus de 6 millions de personnes dans le besoin en RDC. Grâce aux services proposés par notre plateforme, nous avons également pu aider la population affectée par la pandémie de Covid-19, en mettant en place des transactions gratuites, avec l’aide du gouvernement. Nous avons aussi lancé certains services gratuits pour aider les populations de l’est du pays. Enfin, M-Pesa a grandement contribué à la création d’emplois, puisque, sans compter la partie GSM de Vodacom, la plateforme a généré environ 150 000 emplois directs et indirects.
« En 2022, les flux transitant par notre plateforme ont représenté l’équivalent de 30 % du PIB national, et de façon générale, le montant des transactions financières passant par le service M-Pesa augmente d’environ 30 % par an »
Vous avez également des offres premium…
K. A. A. : Les abonnés premium sont ceux qui ont fourni toutes les informations nécessaires pour leur enregistrement complet. Ce qui leur permet d’accéder à beaucoup plus de produits et services financiers sur la plateforme. En outre, en RDC, M-Pesa opère avec une double monnaie. Nos abonnés ont donc deux comptes : l’un en francs congolais (CDF) et l’autre en dollars américains. C’est ce qui nous a permis d’introduire des services comme le Forex, qui permet à un titulaire de compte de passer d’une monnaie à l’autre. C’est une spécificité qui nous est propre en RDC.
Quels sont les défis que vous rencontrez en RDC ?
K. A. A. : Les défis auxquels nous sommes confrontés constituent avant tout des opportunités d’innovation et de lancement de produits, dont certains sont propres à notre marché, comme « M-Pesa Rallonge », un service novateur lancé courant 2022, qui a déjà conquis quelque 2 millions d’utilisateurs auxquels il permet d’emprunter de l’argent pour finaliser leurs transactions financières. Avant cela, nous avions lancé le service « Lona o defa » (« Économiser et emprunter »), dont les souscripteurs peuvent épargner une partie de leur argent et accéder à des micro-crédits destinés à développer leurs propres activités. Nous avons également lancé le produit « M-Pesa Mikili », qui permet de recevoir directement dans son portefeuille électronique de l’argent envoyé depuis l’étranger. Depuis plusieurs années, via M-Pesa, les clients peuvent aussi se réabonner à leurs chaînes câblées. Nous avons également effectué beaucoup d’intégrations avec les banques. Nous avons aussi digitalisé et intégré les paiements de factures sur la plateforme M-Pesa et travaillons en étroite collaboration avec le gouvernement pour digitaliser, à terme, tous les paiements de type eau, électricité, etc.
Quels projets nourrissez-vous pour M-Pesa en RDC ?
K. A. A. : Suivre et anticiper l’évolution de nos consommateurs ; continuer d’offrir une plateforme numérique toujours plus performante pour accompagner la transformation de l’économie ; encourager l’émergence des développeurs locaux ; permettre aux sociétés opérant sur place d’intégrer la plateforme M-Pesa dans leur écosystème de paiement ; contribuer à la libéralisation de l’économie à travers des partenariats publics-privés favorisant la bonne gouvernance, la maximisation des recettes fiscales nationales, la digitalisation des paiements, etc. Et, in fine, améliorer le niveau de vie des populations et le PIB du pays.
