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La contre-offensive africaine de Tokyo

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Le 30 août dernier s’est tenu à Yokohama un grand sommet réunissant 42 chefs d’État africains autour du Premier ministre japonais Shinzo Abe. Cette conférence Japon-Afrique s’inscrit dans le cadre d’une nouvelle offensive qui vise à accroître les parts de marché des entreprises nippones et à contrebalancer le poids du rival chinois sur l’échiquier africain.

Yokohama, 30 août 2019. Devant un parterre de plusieurs dizaines de chefs d’État africains réunis à l’occasion de la septième édition de la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (Tokyo International Conference on African Development ou Ticad, voir encadré p. 79), le Premier ministre nippon Shinzo Abe déclare en ouverture : «Je prends cet engagement devant vous, nous déploierons tous les efforts possibles pour que l’investissement privé japonais injecte plus de 20 milliards de dollars sur les trois prochaines années en Afrique.» Avant d’ajouter : «Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour aider le développement des entreprises japonaises en Afrique.» Un discours révélateur de la volonté de Tokyo d’augmenter sa présence et les parts de marché des entreprises nippones sur le sol africain. Le Japon n’est pas un nouveau venu sur le continent. Ces trente dernières années, le pays a beaucoup misé sur l’aide économique aux pays africains. L’aide au développement accordée à l’Afrique par le Japon est passée d’un milliard de dollars en 2007 à 1,8 milliard en 2012. En 2010, elle a atteignait un pic de 2 milliards. Concernant le secteur privé, plusieurs entreprises nippones peuvent s’enorgueillir d’une présence ancienne en Afrique. C’est notamment le cas de Toyota, établi depuis soixante-dix ans, et Panasonic, depuis soixante ans, même si traditionnellement, les entités japonaises en quête d’expansion ont toujours préféré se déployer en Asie, une région dans laquelle elles disposent de réseaux anciens et d’une très bonne connaissance du terrain, des atouts qui  leur manquent cruellement en Afrique.

FOCUS SUR LES START-UP

Le plan japonais affiche un intérêt tout particulier pour les start-up en Afrique. Le numérique – et notamment la fintech, avec les solutions de paiement via mobile et la diversité des services financiers qu’elle propose – constitue un secteur en plein essor sur le continent. La fintech permet de relier directement le consommateur à l’entreprise sans passer par l’intermédiaire d’une banque, un atout majeur sur un continent où seule une faible fraction de la population possède un compte dans un établissement bancaire. Avant l’ouverture
de la conférence, Katsumi Hirano, viceprésident de l’Organisation japonaise du commerce extérieur (Japan External Trade Organization ou Jetro, voir encadré P. 78), déclarait face à des journalistes : «En nouant des relations avec des startup africaines, nous allons créer plus d’opportunités commerciales en faveur du Japon.» À cet effet, la Jetro a d’ores et déjà établi une liste des 100 start-up africaines considérées comme les plus prometteuses. Le ministère japonais du Commerce a quant à lui annoncé que son pays s’impliquerait désormais dans les fonds d’investissement actifs en Afrique. Un focus sur les start-up qui s’est matérialisé par des développements majeurs l’année dernière. À travers le groupe CFAO, le constructeur automobile Toyota a injecté quelque 2 millions de dollars dans la jeune pousse kényane Sendy, tandis que Sumitomo Corporation investissait un montant équivalent dans M-Kopa. À signaler également, l’acquisition fin 2018 – grâce à un apport de 5 millions de dollars – par l’assureur Sompo Holdings de quelque 10% de BitPesa, une plateforme kényane de transactions financières. La start-up nigériane Max.ng a bénéficié pour sa part d’un financement de 7 millions de dollars, un round d’investissement auquel a participé le groupe Yamaha à travers le fonds Novastar Ventures. Mitsubishi s’est fait remarquer par un investissement encore plus ambitieux : 50 millions de dollars pour financer l’expansion de l’opérateur d’énergie solaire BBOXX en Asie. L’entreprise propose la fourniture d’énergie solaire sur le modèle du prépayé, les paiements se faisant essentiellement via le mobile.

DES INVESTISSEMENTS IMPORTANTS

Bien que devancé par plusieurs pays, le Japon est un acteur non négligeable dans la course aux investissements en Afrique. Les sociétés japonaises ont investi 3,5 milliards de dollars sur le continent en 2014. Lors de la Ticad 2016, le Japon s’était engagé à…

Pour lire l’intégralité de cet article, rendez-vous pages 76-79 du numéro 60 Septembre 2019

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