Très critiqué par les associations de défense de l’environnement, le mégaprojet ougando-tanzanien de TotalEnergies EACOP a remporté une victoire symbolique le 29 novembre, après que la Cour de justice d’Afrique de l’Est a rejeté une action en justice contre sa mise en œuvre.
Par Jacques MUTA
Saisie par plusieurs ONG et groupes d’action de la société civile, la Cour de justice d’Afrique de l’Est — située à Arusha (Tanzanie) — s’est déclarée incompétente à statuer sur cette action en justice déposée en 2020, au motif que cette dernière avait été déposée trop tard.
Un oléoduc de plus de 1400 km
Pour rappel, le groupe énergétique français, dirigé par Patrick Pouyanné, avait annoncé en 2022 un accord d’investissement de 10 milliards de dollars avec l’Ouganda, la Tanzanie et la compagnie chinoise CNOOC, le projet comprenant notamment la construction d’un oléoduc (baptisé EACOP) de 1 443 km reliant les gisements du lac Albert, dans l’ouest de l’Ouganda, à la côte tanzanienne sur l’océan Indien. Une initiative énergétique majeure, il est vrai à la hauteur du potentiel économique du projet. Sous les eaux du lac Albert, qui sépare l’Ouganda de la République démocratique du Congo, reposerait l’équivalent de 6,5 milliards de barils de brut, dont environ 1,4 milliard récupérables dans l’état actuel des découvertes. Partisan convaincu de cette initiative, le président ougandais, Yoweri Museveni a pour sa part rappelé à plusieurs reprises l’importance économique majeure de ce projet ; une aubaine pour son pays enclavé, qui reste l’un des plus pauvres du monde (1 160 dollars de PIB par habitant).
Une vive opposition des groupes de défense de l’environnement
Le projet s’est toutefois vite heurté à l’opposition de militants et de groupes de défense de l’environnement, qui l’estiment « climaticide ». Commentant la décision rendue par la Cour de justice d’Afrique de l’Est, Lucien Limacher, de l’organisation de défense de l’environnement Natural Justice a estimé que « le jugement [témoignait] d’une continuité dans la manière dont les pays du Nord et diverses institutions gouvernementales en Afrique [restaient] aveugles à la destruction de l’environnement et à l’impact du pétrole et du gaz sur le climat ». Les premiers barils de pétrole ougandais devraient quant à eux être extraits en 2025, près de deux décennies après la découverte des réserves.