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La reine Elizabeth II et l’Afrique, une singulière relation

La reine Elizabeth II ©WikiImages

Montée sur le trône en 1952, à l’âge de 25 ans, la reine Elizabeth II est morte le 8 septembre à 96 ans, après un règne long de sept décennies. Monarque adorée par le peuple britannique, elle était une personnalité unanimement respectée, notamment en Afrique, un continent qu’elle avait découvert dès 1947 et où elle aura visité au total vingt et un pays.

Par Jérémie Suchard

Dans un communiqué publié peu après l’annonce du décès de la souveraine, l’ancien chef d’État kényan Uhuru Kenyatta a salué la mémoire « [d’une] immense icône au service désintéressé de l’humanité et une figure de proue essentielle, non seulement du Royaume-Uni et du Commonwealth […] mais aussi du monde entier ». Le président ghanéen Nana Akufo-Addo a pour sa part rendu hommage  à « sa présence inspirante, son calme, sa stabilité et, par-dessus tout, son grand amour et sa croyance dans le Commonwealth, ainsi que sa capacité à être une force pour le bien commun ». Quant au président camerounais Paul Biya, 89 ans, devenu avec la mort d’Elizabeth II le chef d’Etat en exercice le plus âgé au monde il a dit « s’incline[r] devant la mémoire de cette illustre souveraine au destin exceptionnel ».

Le Commonwealth comme héritage historique

De fait, l’Afrique aura entretenu une relation singulière avec la Reine puisque c’est sous son règne que les colonies britanniques du continent ont accédé à l’indépendance. Sur ce point, l’héritage historique majeur d’Elizabeth II est d’avoir réussi à maintenir ces pays nouvellement indépendants dans le Commonwealth, cette « famille » comme aimait à l’appeler la monarque britannique. Une « famille » qui, au fil des décennies, s’est progressivement élargie à des pays n’ayant pas de liens historiques avec le Royaume-Uni tels que le Rwanda- qui l’a rejoint en 2009 et hôte cette année du 26e sommet des chefs d’État du Commonwealth – ou plus récemment le Gabon et le Togo, membres depuis juin 2022.

Aidé par la figure tutélaire et rassembleuse qu’était Elizabeth II, le Royaume-Uni a su ainsi conserver un lien souple avec ses anciennes colonies pour faire vivre cette communauté géopolitique rassemblant 2,5 milliards d’habitants, soit près d’un tiers de l’humanité. Un acquis considérable à l’heure où le pays cherche à réinventer son positionnement dans le monde après qu’il a quitté l’Union européenne en 2020. Interrogé en juin, en marge du 26e sommet des chefs d’État du Commonwealth, le Haut-Commissaire britannique au Rwanda, Omar Daair, se félicitait pour sa part que « le partenariat entre le Royaume-Uni et l’Afrique [soit] très solide, et ce depuis très longtemps » tout en rappelant que le « gouvernement britannique [réfléchissait] à la manière dont [il pourrait] établir de nouveaux partenariats commerciaux avec [ses] partenaires africains ». De fait, le Royaume-Uni – qui a d’ores et déjà signé des accords commerciaux post-Brexit avec 13 pays africains – est devenu le premier pays au monde à signer un mémorandum commercial avec l’Union africaine ; une convention qui devrait déboucher à terme sur un accord global de libre-échange. La Grande-Bretagne est par ailleurs le cinquième investisseur direct étranger sur le continent après la Chine, la France, les États-Unis et les Émirats arabes unis, selon le rapport Africa Attractiveness Report d’Ernst & Young.

Le Commonwealth, un poids économique considérable

Sous cet angle économique, le Commonwealth devrait continuer à susciter le plus grand intérêt côté africain, et ce au-delà de la disparition d’Elizabeth II. Avec un PIB combiné s’élevant à 13 100 milliards de dollars en 2021-un sixième du PIB mondial -, le Commonwealth représente un poids économique considérable et les coûts bilatéraux pour les partenaires commerciaux des pays du Commonwealth sont en moyenne 19 % moins élevés qu’entre ceux des pays non-membres. Autant d’arguments décisifs, qui devraient continuer à porter longtemps encore.

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