Paul Soppo Priso est le premier milliardaire de l’histoire du Cameroun. Mort en 1996, il a laissé une immense fortune qui est sans doute aujourd’hui encore l’une des plus importantes d’Afrique francophone. Ce patrimoine, qui est constitué de plus d’une centaine d’immeubles au Cameroun et en France, est l’objet d’une interminable bataille judiciaire qui déchire sa famille depuis son décès. L’histoire de la famille Soppo Priso présente tous les ingrédients d’une véritable saga hollywoodienne. Forbes Afrique s’est penché sur ce feuilleton palpitant.
Paul Soppo Priso est né le 12 juillet 1911 à Douala, dans le Kamerun, alors colonie allemande. Il fait sa scolarité à l’école d’Akwa, après quoi il intègre le staff de l’administration coloniale française mandataire du Cameroun, au département des Mines et des Travaux publics, comme géomètre. Il y apprend notamment le dessin industriel et il deviendra plus tard un véritable bâtisseur.
L’origine de sa fortune reste un épais mystère alimenté par autant de légendes que de fantasmes. Elle serait liée à sa proximité avec les milieux coloniaux français. Dans les années 1930, alors que la Seconde Guerre mondiale s’annonce, le Troisième Reich allemand envisage de récupérer ses anciennes colonies perdues en Afrique lors de la guerre de 1914-1918 et mène une campagne active à cet effet. Un courant germanophile commence à gagner du terrain dans l’opinion autochtone camerounaise. En 1938, Paul Soppo Priso devient président d’une organisation francophile, créée à l’initiative du gouverneur colonial français Richard Brunot, nommée Jeunesse camerounaise française (Jeucafra). Son but est de susciter des sympathies profrançaises au sein de l’opinion publique camerounaise pour contrer les idées germanophiles.
Soppo Priso va bénéficier de subventions importantes provenant des fonds secrets, selon les témoignages recueillis par les auteurs du livre Kamerun !*, Thomas Deltombe, Manuel Domergue et Jacob Tatsitsa. À la fin de la guerre, l’administration l’autorise à conserver l’argent pour service rendu. «Enrichi par les fonds secrets et devenu entrepreneur, Soppo Priso met à profit son carnet d’adresses politique, grâce auquel l’administration lui alloue des quotas de ciment contingenté et lui attribue des prêts», rapportent les trois auteurs. Le journaliste Philippe Gaillard, récemment décédé et cité par les auteurs, raconte de son côté que Soppo Priso servait de «prête-nom au directeur des travaux publics, Mauclère, pour une entreprise de bâtiment dont il a hérité au départ du territoire de ce fonctionnaire français».
CRÉATION D’UN PARTI POLITIQUE
Mais l’immense fortune de Soppo Priso est également le fruit d’une source plus inattendue qui participe du mythe du personnage. La légende veut en effet qu’il ait découvert une importante…
Pour lire l’intégralité de cet article, rendez-vous pages 48-51 du numéro 56 Avril 2019