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Russie-Afrique, une relation économique déséquilibrée

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Riche de sa relation passée avec le continent et poussée par les embargos occidentaux contre son économie, la Russie a récemment multiplié les opérations de séduction pour marquer son grand retour en Afrique. On peut cependant se demander si elle possède les moyens de rivaliser avec les géants déjà présents tels que la Chine, ou si elle poursuit une autre stratégie. Moscou peut-il être un allié bénéfique pour les économies du continent ? Décryptage.

Alpha Condé, le président guinéen, et Vladimir Poutine, son homologue russe, se sont rencontrés en septembre 2017. © RÉPUBLIQUE DE GUINÉE

A coup de visites officielles, d’annulations de dettes, d’accords de coopération économique, le gouvernement russe a lancé maintes initiatives pour signaler sa réapparition en terre africaine, après une longue absence qui remonte à avant la chute du mur de Berlin.
Durant la guerre froide en effet, cet État de l’ancien bloc de l’Est a joué, statut de grande puissance oblige, un rôle prépondérant sur le continent, tant dans la propagation de l’idéologie socialiste contre « l’impérialisme occidental » que, moins connu, dans la formation de futurs cadres africains. Ainsi, grâce à de nombreuses conventions signées dans le secteur de l’éducation, sont partis au pays des Soviets bon nombre de jeunes Africains, qui pour certains façonneront plus tard, en bien ou en mal, le paysage politique du continent, à l’image du Malien Alpha Oumar Konaré, de l’Angolais José dos Santos et du Sud-Africain Thabo Mbeki.
Dans le domaine économique, les relations croissantes entre les deux blocs durant cette période ont débouché sur des échanges qui ont atteint «1,3 milliard de dollars à l’aube de la dissolution de l’Union soviétique», rappellent les deux chercheurs turcs Hakan Fidan et Bülent Aras dans une note intitulée «Le retour des relations russo-africaines» publiée en 2010. Mais voilà, l’histoire a voulu que l’URSS se désintègre en 1991, contribuant ainsi à la quasi-retraite russe du continent, comme en atteste «la chute brutale des rapports commerciaux à 740 millions de dollars en 1994», indiquent les spécialistes.

UN NOUVEAU CONTEXTE

C’est cette dynamique que le gouvernement de Poutine veut inverser aujourd’hui. Cependant, force est de constater que cette volonté de renouer des liens avec l’Afrique a lieu dans un contexte bien différent de celui qui prévalait lorsque les Russes ont plié bagage il y a plus de vingt ans. Dans le monde bipolaire de l’époque, l’Afrique était le terrain de jeu d’une guerre d’influence. Aujourd’hui, le continent est devenu une terre d’opportunités où de nombreux acteurs, désormais tous rompus au jeu du capitalisme, sont venus remplir le vide laissé par les anciens «frères communistes» pour faire, entre autres, des affaires.
Forts d’une croissance dans divers secteurs et en quête de nouveaux partenaires susceptibles de les aider dans leur émergence économique, les pays africains ont profité de cet engouement pour nouer des rapports avec les puissances apparues sur l’échiquier mondial ces dernières années. Résultat, des bonds gigantesques dans les échanges commerciaux avec bon nombre d’entre eux, comme la Turquie – devenue 17e  puissance économique planétaire –, dont les exportations vers l’Afrique ont progressé de 66% entre 2006 et 2016, souligne un rapport de la Brookings Institution en mars 2018.
Une multiplication d’acteurs, aux moyens financiers et diplomatiques considérables, qui font naître des doutes sur la capacité de Moscou à se frayer une place notable dans le paysage économique africain. Dernière arrivée en effet dans cette ruée des géants frappant aux portes des partenaires angolais, éthiopiens, ivoiriens voire kényans, la Russie accuse un grand retard par rapport à d’autres, qui se traduit dans le poids de ses échanges avec le continent qui ne s’élevaient qu’à 14,13 milliards de dollars en 2017, bien loin derrière les Indiens et leurs 60,5 milliards.
Elle ne semble pas disposer non plus d’arguments afin de susciter a priori un vif intérêt pour nouer de profonds rapports économiques, notamment face aux avances financières déjà proposées. Elle ne possède en effet pas les fonds nécessaires qui lui permettraient de rivaliser avec les 60 milliards d’aides promis par Pékin lors du sommet sino-africain en septembre dernier.
Enfin, vu sa longue absence, ni le pays ni aucune de ses entreprises ne véhiculent une image reconnue auprès des Africains, élément qui facilite la création d’un lien entre une marque et un consommateur ou la volonté d’établir des contacts avec des partenaires étrangers. Pour preuve, dans le baromètre Africa Leads du CIAN rendu public en février dernier, pas un acteur russe n’apparaît dans le top 10, au contraire de l’Allemagne – parmi les derniers à avoir débarqué en Afrique – qui a pris la tête du classement. Une position que les autorités de Moscou sont déterminées

Pour lire l’intégralité de cet article, rendez-vous  pages 66-68 du numéro 56 Avril 2019

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