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L’Afrique Et Les Jeux Olympiques : Une Légende Du Siècle

De 1980 à 2016, le journaliste Hédi Hamel a couvert dix éditions des Jeux olympiques d’été. Observateur privilégié de cet événement mondial, constamment animé par le désir de suivre et côtoyer au plus près les hommes et les femmes ayant atteint le Graal du sport mondial, il nous dresse ici un inventaire d’un siècle olympique dans lequel il a choisi de mettre en exergue la dynamisation africaine, mais aussi ceux, peu nombreux, ayant conquis une place dans le panthéon olympique. Tribune

Par Hédi Hamel


Avec près de 400 médailles remportées en un siècle, l’Afrique a construit sa grande histoire olympique comme une pyramide de pharaons. On procède avant tout à l’élaboration d’une base, une base de lancement, une assise pour asseoir une solidité éternelle, puis pierre après pierre, pendant des décennies, on s’évertue à lui donner les formes géométriques adéquates, comme un sommet ; et enfin l’apothéose finale, comme un palmarès. Mais des paramètres sociaux et politiques comme la colonisation, les conflits de civilisation n’ont pas toujours favorisé les relations humaines centrées sur les activités physiques et sportives.

Les priorités du temps, l’exigence de ce que l’on peut appeler « l’Africanité spontanée », rigoureusement codifiée, ont fini par inspirer les valeurs de l’entente collective autour de la danse, du chant, de la chasse et ainsi de la dépense physique, plus énergique. Lutte, lancer du javelot, lancer de poids, course, relais de pierres, traversée de rivières (oui, c’était un sport !) sont l’émanation de toutes ces activités quotidiennes.

C’est la principale jonction que l’on peut faire avec les sports de la Grèce antique. De tout temps donc, les Africains ont exprimé au sport une âme populaire conduisant à une évolution inéluctable.

Bien sûr, point d’athlètes africains aux premiers Jeux olympiques célébrant Zeus, le Roi des Dieux, il y a plus de 3000 ans. Point de pays africains non plus, lorsqu’à l’initiative de Pierre de Coubertin, fut organisé dans l’amphithéâtre de la Sorbonne en juin 1894 le tout premier Congrès du Comité international olympique (CIO) de l’ère moderne. Aucun pays africain parmi les 13 nations participantes, juste quelques ambassadeurs non rompus à la chose sportive. Et pas de femmes acceptées aux premières épreuves de 1896. Les concepts fondateurs, même controversés, sont en place.

Hedi Hamel, Journaliste, Président & CEO SANDRIS – TVMS ©Droits Réservés

« De tout temps, les Africains ont exprimé au sport une âme populaire conduisant à une évolution inéluctable »


Flash-Back Sur l’Édition De 2024

Ces tout premiers Jeux ont lieu dans un stade flambant neuf d’Athènes, un stade à l’architecture ovale, rectangulaire, un stade panathénaïque*. Et puisque l’on évoque ce stade mythique où la flamme olympique reste éternellement allumée, comment ne pas avoir un flash-back sur ce qui s’y est passé 108 ans plus tard, soit en 2004, dans une Grèce alors euphorique ?

J’ai suivi cette édition grecque qui réparait l’affront du CIO fait au pays d’Olympie en confiant le Centenaire des Jeux en 1996 à la ville américaine d’Atlanta, siège de Coca-Cola, plutôt qu’à Athènes pour le respect des vertus de l’histoire. J’ai volontairement habité dans la ville de Marathon, à une quarantaine de kilomètres de la capitale et qui a donné son nom à l’antique épreuve de 42,195 km, distance parcourue par le valeureux soldat Philippides pour annoncer la victoire grecque.

Lors de ces JO 2004 à Athènes le Brésilien Vanderleï Lima, petit bonhomme de 1,63 m, frêle mais puissant, dominait largement ce marathon et s’apprêtait à rentrer triomphal quelques minutes plus tard dans ce fameux stade réhabilité quand soudain un prêtre irlandais farfelu et vociférant se jeta sur lui et le fit tomber contre les barrières de sécurité. Cette incroyable agression lui sera fatale car, son poursuivant à plus d’une demi-minute, l’Italien Stefano Baldini, en profita, non pour lui porter secours, mais pour le dépasser et s’adjuger une victoire peu glorieuse dans une ambiance de scandale épouvantable. L’épreuve, retransmise en direct sur toute la planète, célébrait Vanderleï Lima devenu une icône mondiale, accueilli dans le monde entier, du Japon aux États unis, de l’Australie au Koweït.

Depuis cet épisode, les Africains ont fait main basse sur le marathon olympique chez les hommes et chez les femmes, une domination quasi sans partage, pulvérisant au passage multitude de records olympiques.

« Les Africains ont fait main basse sur le marathon olympique chez les hommes et chez les femmes »


Boughera El Ouafi et Abébé Bikila

Mais avant de passer en revue les légendaires héros contemporains, comment ne pas citer deux athlètes africains exceptionnels, l’Algérien Boughera El Ouafi, champion olympique sur la distance aux Jeux d’Amsterdam en 1928 devant les grands favoris américains, finlandais, japonais. Pour gagner sa vie, Boughera travaillait à l’usine à Boulogne-Billancourt, fabriquait des boulons et s’entraînait… le soir. Abandonné de tous, il fut assassiné lors d’une fusillade dans un bar à Saint-Denis.

Boughéra El Ouafi ©Bibliothèque nationale de France

Comme El Ouafi, le second héros africain est l’Éthiopien Abébé Bikila, soldat de son état, illustre inconnu avant ce marathon et invraisemblable vainqueur de l’épreuve en 1960 à Rome de nuit et… pieds nus ! Il avala les 30 premiers kilomètres dans une parfaite harmonie de foulées et de souffle et pénétra en vainqueur dans un stade olympique romain aux 100 000 spectateurs abasourdis par cet inconnu mais lui réservant une ovation triomphale. Immédiatement cerné par les reporters photographes et les caméras, Abébé Bikila s’en alla allègrement faire des exercices interminables d’assouplissement et de récupération devant une foule médusée par tant de sérénité et de fraîcheur après une telle épreuve. Accueilli en héros à Addis Abeba, l’Empereur Hailé Sélassié le décora et l’éleva dans la hiérarchie militaire nationale.

Abébé Bikila (Rome 1960) ©Droits Réservés

L’histoire de ce héros éthiopien ne s’arrêta pas là. Quatre ans après son triomphe à Rome, Abébé Bikila était au rendez-vous des JO du Japon, et à Tokyo sur la ligne de départ du marathon promu aux favoris japonais et finlandais. Insaisissable dès le départ, l’Éthiopien, cette fois équipé de vraies chaussures de sport, s’envola pour un autre sacre, à peu près avec la même déconcertante facilité. El Ouafi, puis Bikila, ouvrirent la voie aux mythiques Kényans, Éthiopiens et Ougandais sur cette distance antique.

Un autre exploit dans le marathon est le fait du Kényan Eliud Kipchogue qui, comme Bikila, est l’auteur d’un retentissant doublé : champion olympique aux JO de Rio de Janeiro (2016) et de Tokyo (2021). Ces champions d’exception, inégalés à ce jour, resteront à tout jamais des chefs de file ayant entraîné une myriade de titres au Kenya (première nation africaine olympique sur 100 ans !), à l’Éthiopie (2e du classement) et accessoirement à l’Ouganda.

Eliud Kipchoge ©DR

Une Émotion Propre Aux Mythes

L’Afrique et les Jeux olympiques est, à vrai dire, une histoire bouleversante, renversante, inconstante, mais régulièrement couverte d’une émotion propre aux mythes. Il fut même question de boycott historique lors des JO de Montréal en 1976. Vingt-trois pays africains présents refusèrent, la veille de la cérémonie d’ouverture, d’y participer, protestant contre la présence de la Nouvelle-Zélande soutien de l’Afrique du Sud et son terrible régime de l’apartheid. Le monde entier salua le courage, mais aussi le sacrifice de l’ensemble du mouvement olympique africain conduit par deux dirigeants de grande envergure, le Congolais Jean-Claude Ganga et le Tunisien Mohamed M’zali. Jamais les Africains ne devront oublier l’audace, la détermination et l’intelligence de ces deux grands hommes qui ont fait vaciller le Comité olympique international et ses règles restrictives et obsolètes pour l’époque.

Mohamed Mzali ©Archive PL, Alamy Banque D’Images

Pour la petite histoire, il faut rappeler que, lors de de ces JO de Montréal 76, l’ancien président de la Confédération africaine de football, le Camerounais Issa Hayatou, était inscrit parmi les engagés aux 800 m et devait disputer les premières séries.

Heureusement, le film olympique africain est sans limites de temps. En 1964, le Tunisien Mohamed Gammoudi et le Kényan Kipchogue Keino (surnommé « l’homme à la casquette blanche ») bousculent la hiérarchie sur le 5000 m et le 1500 m. Quatre ans plus tard, à Mexico, Keino, pourtant malade, s’adjuge la médaille d’or du 1500 m pendant que son compère Gammoudi décrochait l’or sur 5000 m, après sa médaille d’argent à Tokyo en 1964. Au cours de ces mêmes Jeux, Kip Keino couronna la fin de sa carrière par… une autre médaille d’or, mais cette fois sur une distance qui lui était peu coutumière, le 3000 m steeple.


Du Côté Des Épreuves De Boxe

Dans la boxe aussi, les JO ont souri aux Africains. À Tokyo en 2020, le Ghanéen Samuel Takyi décrocha une médaille de bronze exactement dans la lignée de celle – en bronze également – de l’Algérien Hocine Soltani (57 kg, en 1992) qui récidiva quatre ans plus tard à Atlanta en remportant encore une bronze, en même temps que son compatriote Mohamed Bahari dans la catégorie des 75 kg et encore une bronze pour le Tunisien Fathi Missaoui. La moisson africaine s’enrichira en 2004, à Athènes, d’une très belle médaille d’argent attribuée à l’Égyptien Mohamed Aly (mais oui, c’est son vrai nom). Signalons que depuis son introduction en 2012 aux JO de Londres, la boxe féminine ne donna lieu à aucun résultat positif pour les Africaines.

Samuel Takyi ©Cal Sport Media, Alamy Banque D’Images


Barcelone 1992 : Une Double Victoire Africaine

Vous l’aurez compris, ce film olympique accorde la part belle à l’athlétisme. Sur les dix éditions des JO que j’ai vécues, c’est vrai qu’il me revient en mémoire surtout quelques moments privilégiés, comme ceux de Barcelone en 1992.

L’épreuve du 10 000 m féminin ne devait donner lieu à aucune équivoque, si minime soit-elle, tant la domination de la spécialité par l’Éthiopienne Derartu Tulu était écrasante. Il en fut ainsi pendant toute la course jusqu’aux… derniers 100 m. Tout près de franchir la ligne d’arrivée en vainqueure, Derartu se retourna et vit sa poursuivante… à bonne distance souffrir pour terminer. Il s’agissait de la Sud-Africaine Elena Meyer, la plus grande athlète de la nation arc-en-ciel. Et que croyez-vous que fit Derartu Tulu ? Elle l’attendit… et elles tombèrent dans les bras l’une de l’autre, célébrant ainsi une double victoire africaine retentissante par ses contours et bien sûr, marquant le retour spectaculaire du pays de Nelson Mandela dans la grande famille africaine.

Derartu Tulu & Elena Meyer ©Allstar Picture Library Ltd, Alamy Banque D’Images

Munich, 1972 : La Révélation John Akii Bua

Autre lieu, autre histoire de l’incroyable champion éthiopien Miruts Yfter, bronze sur 10 000 m à Munich en 1972, promu à l’or indiscutablement sur 5000 m le lendemain et qui fut victime d’une terrible crise d’estomac le clouant aux… toilettes. Huit ans plus tard aux JO de Moscou 1980, il est double champion olympique.

Miruts Yfter ©PA Images, Alamy Banque D’Images

Mais ces Jeux de Munich, endeuillés par un attentat, révélèrent aussi une séquence de dimension universelle qui restera gravée à tout jamais. Finale du 400 m haies, un super favori, l’Américain Ralph Mann. Libérés par le starter, les coureurs s’élancent… L’Ougandais John Akii Bua passe les haies avec une facilité étourdissante et finit la course en fusée stratosphérique : titre olympique, médaille d’or mais surtout… surtout, record du monde pulvérisé en 47’ 42’’ !! Mais qui est donc cet inconnu longiligne au sourire ravageur qui courut sur un nuage ? John Akii Bua, fou de joie, n’arrivait pas à s’apaiser : poursuivi par une meute de caméras et photographes, il continuait à mimer des passages de haies imaginaires, tout en refaisant le tour de piste sous les clameurs de milliers de personnes médusées. Le soir même, sur toutes les télévisions du monde, impossible de manquer la séquence retentissante de ce John Akii Bua hélas trop tôt disparu des radars quelques années après, puis emporté au ciel un beau jour.


La Déferlante Africaine

Et la déferlante africaine s’ensuivit. À Athènes en 2004, la Camerounaise Françoise Mbango Etone bat le record olympique (15,39 m) et remporte le titre en triple saut malgré l’habituelle domination des athlètes russes dans cette spécialité. Insatiable, la Camerounaise double la mise quatre ans plus tard aux Jeux de Pékin. L’Afrique s’accommode décidément for bien des doubles titres.

Françoise Mbango Etone ©dpa picture alliance, Alamy Banque D’Images

À Atlanta en 1996, le Nigéria fait retentir les trompettes de la gloire. Chioma Ajunwa écrase toutes ses rivales au concours du saut en longueur. Pour la première fois de l’histoire, une Africaine grimpe sur le toit du monde dans cette discipline ! À ce même rendez-vous américain, on retrouve encore une invraisemblable médaille d’or en… football, mais oui ! À l’issue d’une finale à multiples rebondissements, le Nigéria bat, sur le fil du but en or (alors appliqué par la FIFA), l’Argentine 3-2 ! Dans les rangs des Super Eagles, que des noms de stars internationales : Emmanuel Amunike (Ballon d’or africain), Viktor Ikpeba, Sunday Oliseh, et la méga Star Nwankwo Kanu, pilier de l’Inter Milan. Cette première médaille d’or olympique du football africain donnera des ailes vertigineuses aux Lions Indomptables du Cameroun en l’an 2000 lors des JO de Sydney. Sous la houlette d’un étourdissant Samuel Eto’o, les Camerounais arrachent la médaille d’or.

Samuel ©Samuel Eto’o ©360b/Shutterstock

Dans Le Sillage De Nawal El Moutawakil

Retour à l’athlétisme avec la première femme africaine à remporter une médaille d’or, la Marocaine Nawal El Moutawakil, aux 400 m haies. Nawal fera une exceptionnelle carrière de dirigeante politique et sportive (plusieurs fois ministre, et vice-présidente du CIO). Une dizaine d’années après Nawal, est apparue sur les pistes la plus grande athlète mozambicaine de tous les temps : Maria Mutola, qui régna près de 20 ans sur les pistes, glanant pas moins de… 21 titres internationaux, deux médailles olympiques dont une en or (Sydney 2000) et 10 titres de championne du monde, un palmarès fabuleux.

Nawal El Moutawakil ©Droits Réservés

Présentons aussi deux champions algériens hors du commun : le double recordman du monde du 1500 m Nourredine Morceli, champion olympique à Atlanta en 1996 au terme d’une épreuve à montrer aux jeunes académiciens pour l’intelligence tactique, et l’éclectique Hassiba Boulmerka, couverte d’or à Barcelone sur la même distance du 1500 m.

C’est lors de ce rendez-vous catalan que la Française Marie-José Perec fit une démonstration sur 200 m puis réalisera un coup d’éclat, quatre ans plus tard à Atlanta, en glanant deux médailles d’or sur 200 m et 400 m, un exploit exceptionnel.

Côté africain, évoquons encore deux médaillés de bronze parfaitement connus, avec le regretté boxeur camerounais Ndongo Ebanga à Los Angeles en 1984, et l’inoubliable Sénégalais Abdoulaye Seye, étonnant 3e de l’épreuve reine du 100 m à Rome en 1960.

Que de noms ! que d’exploits ! Que d’attractions, que d’émotions !


Moments Olympiques

Mais refaisons un court flash-back et retrouvons quelques-uns des plus grands moments olympiques de l’histoire accomplis par des athlètes autres qu’africains, car nous devons cette citation aux valeurs universelles des Jeux olympiques. Est-il possible de ne pas évoquer la gymnaste roumaine Nadia Comaneci, auteur en 1976 à Montréal d’une exhibition d’une perfection absolue, qui lui a valu l’attribution de… 7 notes de 10, performance jamais atteinte, le plus grand exploit sportif de tous les temps pour une jeune femme de 14 ans !

Et en 1936 à Munich en plein régime nazi, que croyez-vous qu’Adolf Hitler eût comme réaction lorsqu’il vit un phénoménal athlète afro-américain, Jessie Owens, remporter quatre médailles d’or au nez et à la barbe de 90 000 spectateurs qui lui étaient unanimement hostiles en raison de la couleur noire de sa peau ? Eh bien, l’horrible Hitler refusa de le saluer et de lui remettre ses médailles de vainqueur. Abominable posture que la terre entière condamna avec véhémence, et outrage minable aux valeurs de l’olympisme.

Ainsi, les Jeux olympiques ont traversé le temps avec les bonnes et moins joyeuses scènes accrochées à leurs basques.


Athlètes De Légende

Faisons, à présent, une petite halte pour citer les athlètes de légende de ces Jeux olympiques. Dans ce classement de prestige unique, deux hommes exceptionnels et deux femmes tout aussi exceptionnelles. La tête de pont est indiscutablement occupée par le nageur américain Michael Phelps et ses 28 médailles, dont… 23 en or. La seconde place revient à la gymnaste russe Larissa latynina et ses 18 médailles, dont 9 en or. Le demi-fondeur Paavo Nurmi, dit le « Finlandais volant », arrive en 3e position, avec ses 12 médailles dont 9 en or, et enfin Mark Spitz, nageur américain, qui a conquis 11 médailles, dont 7 en or.

Attention à compléter ce panthéon des « monuments » du sport par encore deux Américains, une femme et un homme, véritables légendes vivantes : Carl Lewis, le « monstre » du sprint et ses 10 médailles dont… 9 en or, et bien sûr la reine absolue de l’athlétisme mondial, au palmarès unique, Allyson Felix, septuple championne olympique et… 14 fois championne du monde ! 

Carl Lewis ©PCN Photography, Alamy Banque D’Images

Il y a donc la citation de tous ces grands champions mais il restera pour l’éternité, le plus grand de tous, le plus prestigieux, le plus inégalé : le Jamaïcain Usain Bolt, une véritable foudre qui s’abat sur les couloirs du sprint mondial et qui fit voler en éclat tous les records du monde de la spécialité. Celui que l’on a surnommé « la foudre » pour ses éclairs insaisissables sur les courtes distances, triple champion olympique, a révolutionné tous les concepts de la vitesse, remporté tous les titres sur 100, 200 et 4×400 m, tous assortis de records du monde. Une légende vivante incomparable.

« Il restera pour l’éternité, le plus grand de tous, le plus prestigieux, le plus inégalé : le Jamaïcain Usain Bolt, une véritable foudre qui s’abat sur les couloirs du sprint mondial »

Usain Bolt ©Salty View / Shutterstock


Mexico 1968 : Trois Événements Majeurs

D’autres noms, d’autres artistes, d’autres champions méritent une citation d’honneur. On ne peut, dans ce cadre, tous les mentionner.

Heureusement qu’il y eut plus d’allégresse que de mélancolie. Comme à Mexico, en 1968. Mexico et sa chaleur accablante, son incroyable taux d’humidité, mais aussi les vertiges de son altitude (2240 m), son fameux smog, et la rareté de l’oxygène pour les non-initiés, mais aussi les tout premiers contrôles antidopage. C’est pourtant dans de si fragiles conditions que Mexico 68 vécut trois faits d’une portée historique majeure :

1. L’Américain Bob Beamon réussit le saut en longueur du siècle à… 8,90 m, un saut ahurissant, presque inhumain, un saut éternel. Il faudra attendre un quart de siècle (23 ans exactement) pour qu’il soit enfin égalé, puis battu deux fois dans la même soirée par une belle nuit étoilée à Tokyo.

2. Un illustre inconnu, Dick Fosbury, Américain, fait sensation en attaquant la barre de saut en hauteur de… dos !! Et avec cette technique révolutionnaire, jamais vue, il s’adjuge la médaille d’or après d’interminables atermoiements des juges ne sachant si la validation était règlementaire ou non. Là encore, l’image de ce saut étonnant a fait le tour du monde en quelques secondes ! Dick a fait sensation et enterré la technique dite du « ventral », aussitôt abandonnée par les athlètes et tous les coaches internationaux de la spécialité. Depuis, le Fosbury saut règne en maître absolu sur la discipline.

3. L’épreuve finale du 200 m hommes donna lieu à une empoignade héroïque entre les Américains Tommie Smith, vainqueur, et son compatriote, John Carlos, deuxième. Sur le podium de la cérémonie de remise des médailles, les deux Américains levèrent leurs mains gantées de noir pendant que retentissait l’hymne national des USA, The Star Splangled banner. La terre entière observa cet instantané de révolte contre le sort réservé aux Afro-Américains. Pour leur geste, ils furent sanctionnés, suspendus, puis radiés à vie de toute compétition par leur propre fédération.

« Pour leur geste, Tommie Smith et John Carlos furent radiés à vie de toute compétition par leur propre fédération »


Citius, Altius, Fortuis

Ainsi donc vécut cet événement olympique universel, bousculant les traditions, révolutionnant tous les concepts sportifs, bannissant les ors politiques au profit de la fameuse devise olympique Citius, Altius, Fortuis (« Plus vite, plus haut, plus fort ») qui d’ailleurs, pour la petite histoire, n’a jamais été inventée par le Baron Pierre de Coubertin. On la doit en effet à un prêtre apostolique français, Henri Didon, qui haranguait ainsi ses jeunes ouailles catholiques en pleine activité physique et sportive au couvent de Randeau, petit bourg grenoblois, à la fin du XVIIIe siècle. Pierre de Coubertin en fit la citation pour la première fois lors du fameux Congrès constitutif du CIO en 1894 à l’université française de la Sorbonne.

Muhammed Ali Alias Cassius Clay apres le ko de Sonny Liston ©Droits Réservés

J’ai gardé pour la fin, pour les férus mais aussi les néophytes, la prestation hors norme du plus grand boxeur de tous les temps, Cassius Clay, alias Mohamed Ali qui, lui aussi, a écrit la première page de sa vertigineuse carrière dès 1960 aux Jeux olympiques de Rome en remportant la médaille d’or. Il aura dormi avec, autour du cou, pendant les 48 heures qui suivirent son sacre et qui lui ouvriront, grandes, les portes de la gloire planétaire.

« Cassius Clay, alias Mohamed Ali a écrit la première page de sa vertigineuse carrière dès 1960 aux JO de Rome en remportant la médaille d’or »


L’Afrique Présente à Paris 2024

Revenons au continent africain et son implication olympique. Un seul chiffre rassure. À Paris, les 54 pays qui le composent seront bel et bien présents et nul, aujourd’hui ne peut supputer sur le nombre de médailles susceptibles d’être glanées ; mais on peut s’attendre à des engagements d’excellence, de bravoure, et de surpassement, un triptyque ancestral des valeurs fondamentales de l’olympisme que chaque athlète africain aura à l’esprit au moment de concourir.

« À nous tous, à présent, de chercher dans Paris 2024 l’idéal des valeurs que nous aimons »

Et, Paris 2024 dans le spectre du gigantisme fondé sur la réception de 16 000 athlètes valides et paralympiques et… 5 millions de visiteurs ? Pour la grande histoire, Paris tâchera de réussir ses 3e Jeux olympiques afin d’effacer le fiasco de 1900 lorsque les JO avaient été totalement effacés, la même année, par l’inauguration de l’Exposition universelle et le dévoilement de la tour Eiffel.

À nous tous, à présent, de chercher dans Paris 2024 l’idéal des valeurs que nous aimons, l’idéal de la civilisation contemporaine, la folle passion du sport, la beauté divine du geste d’une conquête de médaille et le rêve éveillé qui nous conduit à sublimer l’impact d’un exploit, d’une performance.

*Il sera classé en 1989 au Patrimoine mondial de l’Unesco.



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