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« Le Choiseul Africa Business Forum vise à faire émerger de nouveaux relais de croissance sur le continent »

Alors que l’Institut Choiseul prépare l’édition 2023 du Choiseul Africa Business Forum – à Casablanca les 16 et 17 novembre – Forbes Afrique a rencontré Pascal Lorot, son fondateur et président. L’occasion d’évoquer cette réunion très attendue du secteur privé africain, mais également les activités de l’institut, auteur notamment du classement annuel Choiseul 100 Africa.

Propos recueillis par Alix Martin


Pascal Lorot, Président & Fondateur de l’Institut Choisuel

« L’idée, c’est de distinguer les personnalités qui sont méritantes, qui ont une contribution réelle à l’émancipation, à la croissance de l’économie africaine, que ce soit à travers les projets personnels, à travers la contribution politique, ou à travers les avancées technologiques »

Forbes Afrique : Vous êtes économiste et géopoliticien, ancien membre de cabinets ministériels. Pourriez-vous nous résumer votre parcours ?

Pascal Lorot : Mon profil mêle à la fois analyse, économie, stratégie (notamment stratégie d’entreprise et stratégie gouvernementale) et géopolitique, avec un arrière-fond international relativement fort. j’ai travaillé sur deux grandes géographies : le monde soviétique et post-soviétique d’une part (j’ai vécu en URSS et j’y étais lors du basculement d’un monde vers un autre), et l’Afrique de l’autre. 

Comme conseiller du ministre de l’Économie et des Finances Edmond Alphandéry à Bercy, j’ai eu l’occasion de travailler sur des problématiques de coopération avec le continent. J’ai également été associé au lancement de l’Organisation pour l’harmonisation en Afrique du droit des affaires (OHADA). Puis, comme directeur des études économiques et directeur des relations institutionnelles du groupe Total (de 1995 à 2002), j’ai été amené à travailler sur l’Afrique, continent pétrolier doté de richesses énergétiques. Au-delà de ces activités, j’ai toujours été attiré par l’Afrique, et désireux de m’investir encore davantage dans une meilleure compréhension du continent. 


Le Choiseul Africa Business Forum tiendra sa 4e édition à Casablanca les 16 et 17 novembre. Qu’attendez-vous de cette nouvelle édition ?

P.L. : Le Choiseul Africa Business Forum est une réunion très attendue du secteur privé africain. C’est toujours un grand plaisir de retrouver durant deux jours les lauréats et jeunes pousses du Choiseul 100 Africa aux côtés de nombreux poids lourds de la scène économique continentale, et de hauts représentants institutionnels d’Afrique et d’Europe. Pour la deuxième fois, nous organisons l’événement dans le hub économique de Casablanca, grâce au soutien de nos partenaires institutionnels, la Région Casablanca-Settat et la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM). Pour cette quatrième édition, nous sommes très heureux de mettre à l’honneur la République du Bénin, partenaire stratégique de l’événement. Le pays sera représenté au plus haut niveau et valorisé tout au long du Forum, notamment à l’occasion d’un panel dédié aux investissements. 

Notre objectif est que ces deux jours de rencontres et d’échanges soient fructueux et débouchent sur des partenariats concrets parmi les quelque 1 000 dirigeants attendus. Le secteur privé étant le véritable pilier de la relance économique en Afrique, ce Forum vise à faire émerger de nouveaux relais de croissance sur le continent. 

« Les invités du Choiseul Business Africa Forum sont quasi essentiellement des chefs d’entreprise et c’est un peu notre marque de fabrique » 


Quelle a été la genèse de cet événement ?

P.L. : Dès 2010, l’institut Choiseul (créé en 2003, NDLR) a lancé un premier projet dédié à l’Afrique, consistant à identifier les jeunes talents du continent, afin de montrer à quel point celui-ci est riche de son capital humain ; et à quel point une multitude d’hommes et de femmes de talent, issus de la jeune génération, est en train de transformer l’Afrique en la poussant vers la modernité. Nous avons donc initié une plateforme d’identification des talents, avec un double objectif : leur permettre d’être davantage connus des milieux d’affaires européens, mais aussi de se mettre en réseau, afin de multiplier les opportunités de coopérations et de partenariats entre eux. 

Cette première initiative est montée en puissance à tel point que nous avons aujourd’hui quelque 800 lauréats Alumni dans 49 pays sur 54. Au fil des ans, nous les avons réunis successivement en Égypte, en Angola, en Algérie, au Maroc, en Côte d’Ivoire. À chaque fois, nous rassemblons environ 200 « Choiseliens » africains, pour rencontrer des personnalités gouvernementales, les milieux patronaux, et surtout faire du réseautage. L’idée étant de permettre à un Ivoirien d’avoir des relations personnelles avec un Gambien, un Gambien avec un Égyptien, un Égyptien avec un Namibien…  Et permettre finalement à une jeunesse entreprenante, qualifiée, ouverte sur le monde, de s’approprier vraiment le continent africain. 

Après plusieurs réunions dédiées aux lauréats et à quelques dirigeants de notre écosystème, nous avons décidé de monter d’un cran, avec le 1er Choiseul Africa Business Forum, en octobre 2019. D’abord à Nice pour les deux premières éditions, puis à Casablanca depuis l’an dernier.


Quelle est la caractéristique de ce Forum ?

P.L. : Ses invités sont quasi essentiellement des chefs d’entreprise et c’est un peu notre marque de fabrique. L’idée est de permettre à ces dirigeants d’entreprise de se retrouver entre pairs et, le cas échéant, de bâtir des projets en commun. L’an dernier, nous avons accueilli plus de 900 personnes. Mais nous ne sommes pas là pour faire du nombre. Car alors il ne serait plus possible de discuter avec tout le monde, de rencontrer. La limite de 1000 personnes est un peu notre plafond. 


Les souverainetés économiques seront au cœur de l’édition 2023 du Choiseul Africa Business Forum. Pourquoi ce thème ? 

P.L. : Le monde vient de connaître deux chocs endogènes. La crise de la Covid, qui a amené une économie qui était ouverte à se refermer sur elle-même et qui a vu les frontières réémerger assez rapidement, a eu un impact fort sur le continent africain en termes d’interruption des flux de circulation de biens et de produits, de marchandises… Puis il y a eu la guerre en Ukraine, qui elle aussi a largement impacté l’économie mondiale. Un certain nombre d’interruptions d’approvisionnements ont amené les gouvernements à s’interroger : comment faire en sorte que demain, on puisse affronter une nouvelle grande crise internationale, qu’elle soit économique, géopolitique, climatique ? Que faire si les frontières doivent se refermer, si la libre circulation des biens et marchandises est interrompue ? Comment être en capacité de faire face, par nous-mêmes, à cette situation et d’apporter l’essentiel des produits de base à nos populations ? Donc, comment être résilient ? Cette thématique d’actualité va, par percolation, se retrouver dans les débats du Forum. 

« Être souverain, cela veut dire être en capacité de produire, de nourrir sa population et de se défendre, afin de pouvoir décider par soi-même de ce que doit être notre avenir et avec qui on veut le bâtir »


Quelles seront les thématiques de ces débats ? 

 P.L. : « Les partenariats public-privé et la coopération inter-régionale en Afrique au service du développement des territoires », « Les chaînes de valeurs agroalimentaires », « Urbanisation et développement durable », « Les PME et l’innovation », « Systèmes financiers innovants »… Ils sont à retrouver sur notre site Internet


Le Forum sera également l’occasion de remettre plusieurs prix. Quels sont-ils ?

P.L. : Cinq prix seront décernés : « Entrepreneur de l’année », « Projet innovant », « Femme dirigeante de l’année », « Talent digital », et le « Grand Prix Choiseul Africa ». L’idée, c’est de distinguer les personnalités qui sont méritantes, qui ont une contribution réelle à l’émancipation, à la croissance de l’économie africaine, que ce soit à travers les projets personnels, à travers la contribution politique, ou à travers les avancées technologiques. 

« Permettre à une jeunesse entreprenante, qualifiée, ouverte sur le monde, de s’approprier vraiment le continent africain »


Pourriez-vous nous citer un partenariat ou un accord important issu d’une rencontre survenue lors du Choiseul Africa Business Forum ?

P.L. : Entre lauréats, il se passe beaucoup de choses et nous ne sommes pas au courant de tout, mais un certain nombre de rencontres ont abouti à des décisions d’investissement. L’an passé, le milliardaire égyptien Naguib Sawiris, président du groupe Orascom Investment Holding et Entrepreneur de l’année du Forum, a annoncé sa décision d’investir 100 millions de dollars (près de 101,4 millions d’euros) au Maroc, dans le secteur des nouvelles technologies.


Outre le Forum, quels événements organise l’Institut Choiseul ?

P.L. : En complément du Forum, nous organisons depuis peu des séminaires itinérants, à l’échelle du continent africain. Le premier a eu lieu en septembre dernier à Abidjan : c’était un séminaire technique d’une journée dédié à la question des chaînes de valeurs durables en Afrique. Nous avons accueilli 250 dirigeants d’entreprises, ivoiriens ou venus de la sous-région : Togo, Bénin, Guinée, Mali. 


Votre institut s’est doté récemment d’un groupe de réflexion baptisé Choiseul Africa advisory Board. Quelle en est la finalité ? 

P.L. : Cet advisory Board rassemble une vingtaine d’anciens lauréats, principalement des personnalités du secteur privé, qui sont tous à des postes de responsabilité économique à très haut niveau, que ce soit en Afrique francophone, anglophone, lusophone, en Afrique du Nord ou subsaharienne. Ses membres sont là en appui à nos réflexions stratégiques et nous pouvons être amenés à les consulter sur toutes les grandes décisions que nous allons prendre. Ils vont nous donner leur vision des choses, car nous sommes à Paris, Marrakech, Casablanca et Abidjan (ce sont les points d’ancrage), mais avoir la vision de quelqu’un qui est en Égypte, en Éthiopie, au Zimbabwe ou en Angola élargit complètement notre spectre de compréhension de ce qu’il faut faire et surtout comment faire. 


Vous venez de publier « Le choc des souverainetés » (éditions Débats publics, juin 2023). Pouvez-vous nous présenter cet ouvrage en quelques mots ? 

P.L. : L’idée est de réfléchir à la question de la souveraineté, au moment où les nations se réapproprient un certain nombre de frontières, de géographies, et que les États, de plus en plus, cherchent à raccourcir les chaînes de valeur, afin de ne pas dépendre, pour les approvisionnements stratégiques, de pays situés à des milliers de kilomètres. Pourquoi donc ne pas relocaliser, se remettre dans une géographie immédiate, créer des partenariats avec les géographies périphériques, pour pouvoir, demain, répondre sans difficulté aux crises qui ne manqueront pas de survenir ? La souveraineté est aujourd’hui un sujet essentiel (en France, quatre portefeuilles ministériels ont maintenant ce mot dans leur intitulé) et une préoccupation à l’échelle de l’Europe. Être souverain, cela veut dire être en capacité de produire, de nourrir sa population et de se défendre, afin de pouvoir décider par soi-même de ce que doit être notre avenir et avec qui on veut le bâtir. Cet ouvrage d’environ 200 pages s’intéresse non pas à l’Afrique stricto sensu, mais plutôt à l’économie mondiale, avec un focus relativement fort sur la France, à travers un certain nombre de mesures proposées. 


Parmi les intervenants du Choiseul Business Africa Forum 2023 : 

Sidi Tiémoko TOURÉ – Ministre des Ressources animales et halieutiques – République de Côte d’Ivoire

Abdellatif MÂZOUZ – Président, Région Casablanca-Settat – Maroc

Chakib ALJ – Président, Confédération Générale des Entreprises du Maroc (CGEM) – Maroc

Kako NUBUKPO – Commissaire à l’agriculture, aux ressources en eau et à l’environnement, UEMOA – Togo

Adenike FAJEMIROKUN – Directrice exécutive du Groupe, Dangote – Nigéria

Letondji BEHETON – Directeur général, SIPI Bénin – Bénin

Amr ALLAM – Co-Directeur général, Hassan Allam Holding – Égypte

Maryse LOKOSSOU – Directrice générale, Caisse des Dépôts et Consignations du Bénin – Bénin

Laurent GANGBES – Directeur général, Agence de Promotion des Investissements et des Exportations – Bénin

James MWORIA – Directeur général Groupe, Centum Investment – Kenya

Jules NGANKAM – Directeur Général Groupe, African Guarantee Fund – Cameroun

Yassine BAKKARI – Directeur associé, L’Oréal East Africa – France

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