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Le Gabon réduit sa dette en échange de la protection de son écosystème marin

Déjà en pointe sur le financement climatique, Libreville a conclu une opération dette-nature qui permettra d’annuler de la dette contre un financement de mesures visant à sauvegarder son écosystème marin. 

Premier pays africain à avoir été rémunéré par des fonds internationaux – en juin 2021 – pour financer ses efforts contre la déforestation, le Gabon continue de faire la course en tête pour son engagement écologique. Dans une note publiée le 25 juillet sur le site de la bourse de Londres, les autorités gabonaises ont confirmé le « lancement d’un appel d’offres pour le rachat au comptant d’euro-obligations arrivant à échéance en 2025 et en 2031 ». Objectif : convertir ses euro-obligations en obligations « bleues », des émissions obligataires qui permettent de financer des projets marins et océaniques aux retombées positives pour l’environnement. 

Inventé par Thomas Lovejoy (1941-2021), un biologiste ayant dirigé la section américaine du Fonds mondial pour la nature (WWF), le concept de dette contre nature a été utilisé pour la première fois en 1987, par la Bolivie. Depuis, d’autres nations telles que Belize, l’Équateur, mais aussi les Seychelles en Afrique, ont bénéficié de ce mécanisme.

Dans le cas du Gabon, le pays va concrètement céder une partie de sa dette à des investisseurs spécialisés qui vont les acquérir à des conditions de remboursement plus favorables à l’émetteur initial (le Gabon), sous réserve que l’opération serve à l’objectif précité (le financement de la protection de l’écosystème marin), et ce tout en obtenant des garanties financières. L’opération pilotée par les autorités gabonaises – et Bank of America, qui a structuré cet échange dette-nature – disposera ainsi d’une assurance contre les risques politiques, qui sera fournie par la Development Finance Corporation (DFC), la Société américaine de financement du développement international. 

Près de 450 millions de dollars d’allègement de dette

Au total, cette technique de financement devrait alléger la dette extérieure du pays d’Afrique centrale de près de 450 millions de dollars en échange de son engagement à protéger son écosystème marin, en collaboration avec The Nature Conservancy, une organisation non gouvernementale américaine dédiée à la préservation de l’environnement. Le Gabon dispose du plus grand réseau de réserves marines protégées d’Afrique, qui s’étend sur 53 000 km2  (un quart des eaux territoriales du pays) et abrite nombre d’espèces marines menacées (tortues luths, tortues olivâtres, dauphins, baleines…). 

Ce mécanisme de financement n’a toutefois pas que des thuriféraires puisqu’en réduisant la dette d’un pays en échange d’une contrepartie déterminée à l’avance, les investisseurs ont un pouvoir effectif sur la destination et l’utilisation des fonds, ce qui « peut induire ou être perçu » comme « une perte de souveraineté dans l’affectation des ressources budgétaires », constatait la Banque de France dans une note parue en début d’année. 

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