Présidé par le milliardaire sud-africain Johann Rupert, le groupe de luxe Richemont a vu son cours dévisser de plus de 10 % à la bourse de Zurich le 17 juillet, dans la foulée de l’annonce de ses résultats trimestriels.
Pris de court, les investisseurs ont sanctionné la baisse des ventes trimestrielles de la société sur le continent américain et un chiffre d’affaires légèrement inférieur aux prévisions. Une défiance qui a de fait affecté la fortune de l’homme d’affaires d’origine afrikaner, détenteur de 9,1 % du capital de Richemont (80 milliards d’euros de valorisation boursière). Un niveau de fortune qui hisse le Sud-Africain à la seconde place des hommes les plus riches du continent, derrière le Nigérian Aliko Dangote.
Morosité du marché américain
Porté par le rebond de l’activité en Europe (+ 11 % hors effets de change) et en Asie (+ 40 %), notamment en Chine, le groupe basé à Genève a pourtant vu ses ventes mondiales progresser de 14% entre début avril et fin juin, à 5,3 milliards d’euros. Pas assez toutefois pour satisfaire les analystes interrogés par l’agence suisse AWP, qui attendaient le chiffre d’affaires de la période en moyenne à 5,4 milliards d’euros. En cause, un marché américain morose. Sur les trois premiers mois de l’exercice fiscal 2023/2024, la zone Amériques a vu ses ventes se contracter de 2% en monnaies locales.
Au niveau des segments d’activité, les ventes provenant de la joaillerie et des montres, la plus grosse division de Richemont (15 des 20 milliards d’euros annuels de chiffre d’affaires du groupe avec des marques telles que Cartier, Van Cleef & Arpels, IWC ou Jaeger-LeCoultre) a vu ses revenus progresser de 24% durant le trimestre, augmentant partout sauf sur le continent américain. Là encore, en dépit des bons résultats d’ensemble, c’est la conjoncture américaine incertaine qui aura influé sur la dégradation perçue des perspectives de l’entreprise. Analyste chez Bernstein, Luca Solca ne dit pas autre chose lorsqu’il pronostique dans une note aux investisseurs que vendre de la joaillerie, le cœur de métier de Richemont, « à des consommateurs de la classe moyenne » risque d’être plus compliqué « dans un environnement économique qui ralentit ». Le segment mode et accessoires (sacs à main Delvaux, stylos Montblanc) a de son côté enregistré une hausse de 6% de ses revenus en monnaies locales ; un taux de croissance inférieur aux exercices précédents.
Un secteur pesant entre 360 et 380 milliards d’euros à l’échelle mondiale
Pas de quoi remettre en cause néanmoins les solides perspectives du luxe au cours des prochaines années : selon des projections du cabinet Bain & Company, publiées fin juin, le secteur pourrait encore croitre de 5% à 12% en 2023 et peser ainsi entre 360 et 380 milliards d’euros à l’échelle mondiale.