Dans la foulée de la suppression du régime de change fixe du naira, effective depuis juin, la fortune du milliardaire nigérian a devissé de près de moitié.
Sale temps pour le milliardaire nigérian Mike Adenuga. Dans une note publiée le 10 juillet, la société d’analyse financière Nairametrics relève que la valeur des actifs détenus par le PDG de l’opérateur Globacom et président de Conoil aurait baissé de 2,7 milliards de dollars depuis le début de l’année. Le patrimoine de celui que les Nigérians surnomment Gold Digger (« chercheur d’or » en anglais) est aujourd’hui évalué à 3,6 milliards de dollars, soit une contraction de près de 43 % en l’espace d’un semestre. Pour rappel, la fortune de l’entrepreneur était chiffrée fin janvier par nos confrères Forbes à 6,3 milliards de dollars, date de la publication du classement annuel dédié aux plus grandes fortunes africaines.
En cause notamment, selon Nairametrics, la suppression par la Banque centrale du Nigeria, mi-juin, du régime de taux de change fixe de la monnaie nationale, le naira. La devise nigériane a depuis décroché de 40 %. Une mesure choc qui a mécaniquement affecté les actifs libellés en devise locale et fortement exposés au marché domestique, ce qui est le cas des principales participations (Globacom, Conoil…) détenues par le milliardaire. Par comparaison, la fortune de son compatriote Aliko Dangote n’a baissé, selon Forbes, « que » de 22 % au cours de la même période (de 13,6 milliards de dollars à 10,5 milliards de dollars) en raison de la moindre exposition du groupe Dangote au marché nigérian.
Une légende du mondes des affaires
Une contre performance temporaire qui ne devrait toutefois pas faire perdre le sommeil à Mike Adenuga, considéré comme une légende du mondes des affaires au Nigéria. Utilisée dans la majorité des classements spécialisés pour calculer la taille des patrimoines, la valeur des actions détenues par les grandes fortunes est par nature fluctuante et n’a que peu d’incidence sur la gestion quotidienne des opérations et les stratégies de développement à long terme mises en œuvre. Pépite (non cotée) du groupe Adenuga, l’opérateur Globacom (55 millions d’abonnés à fin 2022 et un chiffre d’affaires estimé à 1,2 milliard de dollars en 2019, selon le cabinet spécialisé Ovum) continue ainsi d’être une très profitable société, dont les marges Ebitda (indicateur proche de l’excédent brut d’exploitation) approcheraient celles de ses concurrents MTN et Airtel (autour de 40 %), selon nombre d’analystes.
Né en 1953 à Ibadan, dans État d’Oyo, Mike Adenuga hérite dans les années 70 de la scierie familiale après des études aux États-Unis. Une rampe de lancement qui lui permettra d’amasser son premier million de dollars à 26 ans et à partir de laquelle il va bâtir un empire réalisant plusieurs milliards de dollars annuels de chiffre d’affaires. Le groupe dirigé par l’homme d’affaires nigérian est aujourd’hui présent dans différents secteurs d’activité, qui vont des télécoms (Globacom) au pétrole (Conoil) en passant par la banque (Sterling Bank).