Bien qu’ayant connu l’une des croissances les plus importantes du globe dans le secteur du tourisme, l’Afrique ne représente encore qu’une faible part des arrivées à l’échelle planétaire. Comment le continent pourrait-il mieux tirer profi t d’une industrie qui pèse plus de 1 340 milliards de dollars au niveau mondial ? Quels sont les exemples de réussite ? Forbes Afrique propose son analyse ainsi qu’un classement des aéroports africains.
C’est en août 2018 que, lors du match d’ouverture de la saison de Première League opposant Arsenal à Manchester City, les spectateurs ont eu la surprise d’apercevoir sur le maillot des Gunners le logo «Visit Rwanda». Pilotée par l’agence rwandaise de promotion des investissements, cette opération marketing d’une durée de trois ans et d’un coût estimé à 40 millions de dollars n’est qu’une pièce d’un puzzle promotionnel lancé il y a quelque temps. L’objectif : attirer un nombre grandissant de touristes haut de gamme au pays des Mille Collines et augmenter les revenus liés au secteur du tourisme qui ont déjà plus que doublé entre 2010 et 2017, passant de 202 millions à 438 millions de dollars selon le rapport «Faits saillants du tourisme en 2018» de l’Organisation mondiale du tourisme (OMT).
Depuis quelques années en effet, Kigali multiplie les opérations séduction pour se faire une place de choix dans les catalogues des agences de voyage, comme le démontre la labellisation de la capitale comme «ville la plus propre d’Afrique». Résultat, le Rwanda s’est glissé dans le top 10 des destinations tendance en 2019, selon le site de référence pour le tourisme Evaneos.
UN SECTEUR PORTEUR
Peut-on voir dans cet exemple rwandais le signe d’un changement relationnel à venir entre l’Afrique et les voyageurs? A priori, la réponse est oui. À l’image du Rwanda, plusieurs États du continent ont mis en œuvre des mesures stratégiques pour développer leur secteur touristique, qui comprennent, entre autres, des investissements dans les infrastructures tant aéroportuaires qu’hôtelières, voire des facilitations administratives, comme l’obtention plus rapide de visas pour les visiteurs.
Ainsi, l’Éthiopie – pays qui a été nommé en 2015 comme la meilleure destination touristique au monde par le Conseil européen du tourisme et du commerce – a effectué des financements massifs en se dotant notamment de l’une des compagnies aériennes africaines les plus modernes et d’un terminal tout neuf dont le coût est estimé à 360 millions de dollars. De quoi laisser une bonne impression au touriste lambda. Toutefois, les autorités éthiopiennes ne se sont pas limitées à l’amélioration de leurs infrastructures. Elles sont allées plus loin en lançant plusieurs campagnes de communication sous le nom «L’Éthiopie, terre des origines», histoire de rappeler que ce pays est la source du Nil bleu et possède de nombreux sites antiques classés au patrimoine mondial de l’Unesco. Mieux encore, le gouvernement d’Addis-Abeba a même entrepris en collaboration avec le groupe Castel de relancer son industrie viticole, avec pour ambition de concurrencer à terme son homologue sud-africain et d’élargir son offre touristique en proposant des séjours œnologiques, comme cela se fait actuellement dans la région du CapOccidental, où le tourisme viticole a généré des revenus équivalant à 363 millions d’euros en 2016, selon les chiffres avancés par l’Institut viticole du Cap.
CROISSANCE ET EMPLOIS
Des choix et des investissements qui ne sont donc pas anodins. Car le secteur du tourisme porte d’abord en lui d’abondantes retombées économiques potentielles pour tout pays capable d’attirer dans ses filets des touristes prêts à dépenser leur argent pour passer un séjour inoubliable. Ainsi, dans son dernier rapport sur les tendances économiques liées aux voyages internationaux, l’OMT précise que «plus de 63 millions de personnes se sont rendues sur le continent en 2017 – une hausse de 8% par rapport à l’année précédente –, ce qui a rapporté plus de 33 milliards de dollars aux différents pays du continent».
Par exemple, souligne une analyse sur le tourisme en Tanzanie du ministère français de l’Économe d’avril 2019, l’apport du secteur à ce pays d’Afrique de l’Est «s’impose à hauteur de 4,3% du PIB tanzanien en contribution directe. En 2018, les recettes touristiques ont atteint 2,4 milliards de dollars, en hausse de 7% par rapport à 2017. Le nombre de visiteurs, qui s’établit à 1,5 million sur l’année, pourrait encore croître de plus de 16% d’ici à 2023.» Des bénéfices financiers non négligeables qui génèrent des dizaines de milliers d’emplois. Un élément de taille quand on sait que 10 millions à 12 millions de jeunes entrent sur le marché du travail chaque année en Afrique et que seulement 3 millions de postes sont créés sur la même période. Comme l’indiquent les chiffres avancés par…
Pour lire l’intégralité de cet article, rendez-vous pages 30-33 du numéro 60 Septembre 2019