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Les investisseurs étrangers reviennent en force en Afrique

Tenus début novembre à Abidjan, les Market Days de l’Africa Investment Forum (AIF) – la place de marché fondée par la Banque africaine de développement (BAD) – ont confirmé l’appétence retrouvée des investisseurs étrangers pour le continent. Une dynamique confortée par plusieurs récents rapports de référence. Revue de détail.

Par Michée Dare

Selon les chiffres publiés par la BAD, les Market Days de l’AIF auront attiré au total 31 milliards de dollars d’intérêt de la part de financiers africains et internationaux, la banque panafricaine ne précisant toutefois pas le niveau précis des manifestations d’intérêt.

Plus largement, l’édition 2022 de l’AIF s’inscrit dans une dynamique de reprise soutenue des investissements étrangers sur le continent. Publié en juin dernier par la Cnuced, le World Investment Report note ainsi que « les investissements directs étrangers en Afrique ont atteint un niveau record de 83 milliards de dollars en 2021 », soit un plus que doublement par rapport au niveau comptabilisé en 2020 (39 milliards de dollars), année il est vrai marquée par la pandémie. Les auteurs du rapport prennent toutefois soin de préciser que « 45 % du total » des IDE enregistré sur le continent en 2021 est lié à une transaction financière intra-entreprise en Afrique du Sud (un échange d’actions entre les sociétés Naspers et Prosus) « Si nous excluons cette transaction, l’augmentation des flux d’IDE vers l’Afrique, tout en restant positive, serait plus conforme à ce que nous avons observé dans d’autres régions en développement », note pour sa part James Zhan, directeur de la division de l’investissement et des entreprises de la CNUCED.

Une dynamique haussière

La tendance d’ensemble n’en demeure pas moins haussière. Dans le détail, les trois pays du continent bénéficiant de la plus grande part de ces investissements restent l’Afrique du Sud, le Nigeria et le Mozambique. Boostée par l’opération précitée entre Naspers et Prosus, la nation Arc-en-ciel a attiré à elle seule plus de 35 milliards de dollars d’IDE en 2021, sur les 83 milliards d’engagements financiers recensés sur le continent. Quant au Mozambique, il a augmenté son volume d’investissements étrangers de 68% pour atteindre 5,1 milliards de dollars en 2021, porté notamment par le démarrage de ses opérations dans le secteur gazier, une filière dans laquelle les montants investis sont traditionnellement conséquents. Première puissance économique du continent, le Nigeria a pour sa part réalisé les plus importantes entrées d’investissements étrangers en Afrique de l’Ouest, avec 4,8 milliards de dollars d’IDE comptabilisés.

Au niveau régional, l’Afrique australe se classe logiquement au premier rang avec 42 milliards de dollars de fonds étrangers investis, un chiffre en progression de… 895 % par rapport à 2020 ! La région ouest-africaine se classe au deuxième rang avec 14 milliards de dollars, en hausse de 48 % sur une année, suivie de l’Afrique centrale (9,4 milliards de dollars d’IDE en 2021, en baisse de 1 % sur douze mois), l’Afrique du Nord (9,3 milliards de dollars d’IDE, – 5% par rapport à 2021) et de l’Afrique de l’Est (8,2 milliards de dollars, + 35% sur douze mois). Des tendances régionales par ailleurs confirmées dans le dernier classement annuel «Where to invest in Africa», de la banque sud africaine Rand Merchant Bank (RMB).

Le secteur énergétique, grand bénéficiaire des IDE

Quant à la répartition par secteur d’activité, la Cnuced confirme, une fois encore, que le secteur de l’énergie bénéficie des plus gros investissements du continent, les projets liés aux énergies renouvelables ayant en particulier le vent en poupe. Au total, les auteurs du World Investment Report ont comptabilisé 71 projets d’énergies renouvelables financés par des IDE en 2021 contre seulement 36 une décennie plus tôt.

Une autre étude récente de Moody’s Analytics pointe quant à elle un autre aspect clé lié aux IDE en Afrique :  les projets financés sont « bancables », le continent ayant le taux de défaut le plus bas sur les projets d’infrastructures (5,5 %) parmi les grandes régions du monde, les projets équivalents en Amérique du Nord (7,6 %) ou en Amérique latine (12,9 %) connaissant des taux de défaut sensiblement plus importants. Le déficit d’infrastructures en Afrique reste, il est vrai, important, la BAD estimant à  environ 170 milliards de dollars les besoins de financement en la matière.  D’où la nécessité d’impliquer plus le secteur privé. «Le secteur privé est l’accélérateur de croissance de l’Afrique. Nous devons atténuer les risques réels et perçus et persuader le secteur privé qu’investir en Afrique est sûr», a notamment rappelé le président de la Banque africaine de développement, Akinwumi Adesina.

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