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L’immigration, un défi plus africain qu’européen

Atantic-Dialogues-2018

Chaque année, l’OCP Policy Center – désormais rebaptisé « The Policy Center for the New South» – organise une conférence phare portant sur les relations dans le bassin atlantique, incluant l’Afrique. Alors que de nombreux sujets importants ont été évoqués, celui lié à l’immigration apparait toujours crucial d’examiner. Eclairage.

Organisés sous le thème « dynamique atlantique : surmonter les goulots d’étranglements », les « Atlantic Dialogues 2018 » ont réuni pas moins de 350 experts de haut rang pour débattre sur diverses thématiques. De l’émergence d’un nouvel ordre mondial, aux effets du changement climatique, en passant par les nouveaux paradigmes de l’économie contemporaine, tous les enjeux internationaux les plus importants ont été passés au crible lors des maintes sessions proposées. Cependant, le thème lié à l’immigration sur le continent mérite que l’on s’y attarde, tant ce dernier provoque encore des débats houleux en Europe et, parfois même, conduit aujourd’hui à de graves crises gouvernementales, comme c’est le cas en Belgique avec le fameux pacte onusien sur la migration.

A priori, force est de constater que la poussée démographique qui se déroule en Afrique a de quoi susciter des inquiétudes. Comme plusieurs études le démontrent, le continent verra un accroissement sans précédent du nombre  d’habitants, lequel doublera pour atteindre 2,5 milliards de personnes d’ici 2050. Une augmentation qui sera vraisemblablement aussi grande que continue car « la population du continent sera la seule qui se situera toujours sur une courbe ascendante, alors que la population des autres continents sera à l’inverse sur une trajectoire descendante encore après 2050», mentionne l’expert Abdlehak Bassou, dans le rapport « Atlantic Currents 2018 » dirigé par le Dr. Bouchra Rahmouni-Benhida. Cela veut-il pour autant dire que le vieux continent subira un « envahissement » prochain d’immigrés issus d’Afrique tel que le sous-entendent certains politiciens et experts européens  ?

 « Il y a une tendance malheureuse, souligne Soukeyna Ndiyea Ba, d’obscurcir la réalité, qui veut que plus de 80% des déplacements des personnes se fassent de manière intra-africains.» Des allégations confirmées par les évaluations supplémentaires avancées par Abdelhak Bassou qui estiment que « sur 100 immigrés ouest-africains, seulement 30 résident en dehors de l’Afrique

Des chiffres qui suggèrent  donc que l’immigration ne sera probablement pas un grand défi pour l’Europe qui a la capacité d’absorber le niveau actuel d’arrivée des migrants et dont certains pays vieillissants ont besoin de main-d’œuvre. Mais, plutôt un challenge gigantesque pour les Etats africains qui devront trouver des solutions, tant politiques, que sociales, pour être capable d’accueillir les quelques huit migrants sur dix qui restent sur le continent, dont la majorité seront des jeunes cherchant du travail. Une quantité importante de personnes en quête d‘une vie meilleure que bon nombre de pays, même les économies les plus développées sur le continent, ne peuvent offrir actuellement car ils possèdent eux-mêmes beaucoup de chômeurs. Les chiffres parlent d’eux-mêmes.

Sur les 10 à 12 millions de jeunes qui entrent sur le marché du travail chaque année, seulement 3 millions d’emplois formels sont créés. Dans ce contexte et au vu de l’accroissement de la population à venir, il est urgentissime donc que les Etats africains trouvent des solutions adaptées à la réalité démographique qui émerge avant qu’elle ne devienne une bombe à retardement, non pas pour l’Europe, mais pour le continent lui-même.

Le rapport « Atlantic Currents 2018 » a été présenté lors d’un panel réunissant de droite à gauche, Bouchra Rahmouni-Benhida (Modératrice et Senior Fellow au Policy Center for the New South), Youssef Mahmoud (Conseiller senior à l’International Peace Institute), Rachid El Houdaigui (Senior Fellow au Policy Center for the New South), Youness Abouyoub (Directeur auprès de l’ONU pour la région MENA) et Hafsat Abiola (Présidente du Woman In Africa initiative).

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