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Mayenzeke Baza : « La créativité africaine est sans limites »

Responsable de la distribution et du financement chez AAA Entertainment, l’une des rares sociétés africaines à exporter du contenu audiovisuel africain vers le marché mondial,  le Sud-Africain Mayenzeke Baza est aujourd’hui une figure qui compte dans le monde du film africain. À la veille du forum Creative Africa Nexus (CANEX WKND), qui se déroulera du 25 au 27 novembre 2022 à Abidjan, et où il sera présent, Forbes Afrique l’a rencontré.

Propos recueillis par Élodie Vermeil

Forbes Afrique : Abidjan accueillera à partir du 25 novembre le sommet Creative Africa Nexus (CANEX WKND), une manifestation organisée par la Banque africaine d’import-export (Afreximbank) et consacrée aux industries créatives africaines. En tant qu’acteur incontournable des ICC, qu’attendez-vous de cet événement, et quel sera votre programme pendant ces trois jours ?

Mayenzeka Baza : En relation étroite avec Afreximbank, je serai bien évidemment présent et actif durant ces trois jours. Je compte mettre ce sommet à profit pour partager mon expérience, étoffer mon réseau, et surtout, voir les contenus que le marché français peut offrir.

Parlant du marché francophone, quelles sont ses spécificités par rapport au marché anglo-saxon ? Et comment ces deux zones linguistiques peuvent-elles coopérer ?

M. B. : La langue constitue la première barrière, car elle conditionne la culture et la façon dont nous racontons les histoires. Le marché anglophone reste très avancé de par la prééminence de l’anglais et la domination des productions américaines, qui donnent le « la » en matière d’audiovisuel. Beaucoup de pays de la zone francophone créent d’excellents contenus, mais leur distribution se cantonne à un marché finalement assez restreint. En tant qu’anglophones, nous sommes naturellement avantagés, particulièrement en Afrique du Sud : notre histoire et notre culture sont fortement imprégnées des influences britannique et américaine ; l’audiovisuel bénéficie de nombreuses aides et subventions ; nous avons un secteur bancaire dynamique et bien réglementé.

« Bien que nous vivions sur le même continent, nous restons très éloignés les uns des autres. Comment créer du contenu ensemble alors que nous ne nous connaissons pas vraiment ? »

La distance joue aussi : bien que nous vivions sur le même continent, nous restons très éloignés les uns des autres. Comment créer du contenu ensemble alors que nous ne nous connaissons pas vraiment ? Nous devons nous rassembler, apprendre à nous connaître et voir comment travailler main dans la main. Cette vision panafricaine, c’est justement la grande plus-value de l’initiative Afreximbank.

Quels sont les éléments essentiels qui, selon vous, pourraient permettre aux créateurs de contenus africains de s’imposer sur le marché mondial des ICC ?

M. B. : Vous savez, la créativité africaine est sans limites : nous ne manquons ni d’histoires à raconter, ni de talents, ni d’envie. L’art de divertir reste très ancré chez nous. Et, je pense sincèrement que l’Afrique dispose de tout le potentiel pour prendre le lead en matière d’économie créative. De nos jours, un vrai besoin de diversité se fait sentir. Les spectateurs veulent de nouvelles histoires et des héros plus représentatifs, loin des stéréotypes américains ou européens. Pendant longtemps, la norme dictée par l’Occident a prévalu. Un contenu africain avait peu de chances d’être acheté et distribué. Les plateformes de streaming ont complètement changé la donne et permis d’ouvrir le public à d’autres horizons. Aujourd’hui, grâce à ces supports, mon contenu peut être diffusé en Scandinavie ou au Kazakhstan. Et, en voyant ces programmes, les Scandinaves et les Kazakhs se rendent compte que finalement, il n’y a pas une si grande différence entre eux et moi. Nous avons maintenant la possibilité de faire connaître nos histoires à une audience élargie, et nous devons raconter ces histoires avec des voix nouvelles, tout en nous conformant aux standards internationaux. Mais, pour que nos contenus puissent réellement s’exporter et gagner en visibilité, il faut que les professionnels du secteur puissent circuler plus librement.

Crédit-photo : AAA Entertainment

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