Le média de ceux qui construisent l'Afrique d'aujourd'hui et de demain

Moody’s dégrade la note du Cameroun

L’agence de notation américaine a baissé de deux crans la note souveraine du Cameroun, de B2 à Caa1 avec une perspective stable. Une annonce qui va de facto impacter les levées de fonds sur les marchés financiers.  

Pour le Cameroun, première puissance économique de la zone CEMAC, c’est un coup dur. L’agence de notation Moody’s a annoncé, le 27 juillet, avoir dégradé la note souveraine du pays d’Afrique centrale, celle-ci passant de B2 à Caa1. Un cran de notation qui correspond à des titres de dette considérés comme affichant une mauvaise qualité de crédit et exposés à un risque de crédit élevé.  

En cause, « des retards de paiement de la dette extérieure à la fin de l’année 2022 et cette année, dont un à Deutsche Bank Spain », expliquent les équipes de l’agence de notation financière, qui indiquent que « l’action de Moody’s reflète l’émergence de problèmes de gestion de trésorerie et de liquidité pour le gouvernement ».

Un renchérissement du coût du crédit

Dans sa note, Moody’s, citant notamment les opérations contre les séparatistes anglophones dans le nord-ouest du pays ainsi que les attaques périodiques des militants islamistes de Boko Haram, juge que ces conflits « créent d’importantes pressions sur les dépenses hors budget et pèsent sur les liquidités disponibles du gouvernement ». L’agence de notation enfonce encore le clou lorsqu’elle ajoute qu’il y a « une très faible capacité de gestion de la trésorerie et de la dette ».

Une mauvaise nouvelle pour le gouvernement camerounais dans la mesure où la dégradation d’une note souveraine est le plus souvent sanctionnée par un coût accru de l’emprunt, les investisseurs exigeant des taux d’intérêt plus élevés pour compenser la hausse du risque perçu. Or, les besoins en levées de fonds du Cameroun devraient s’élever cette année à 450 milliards de francs CFA (près de 700 millions d’euros) sur les marchés monétaire et financier pour financer son déficit budgétaire et faire face à ses besoins de trésorerie de court terme.

Plus de 200 milliards de francs CFA à lever sur les marchés internationaux 

Dans sa dernière note de conjoncture, la Caisse autonome d’amortissement (CAA) – le gestionnaire de la dette publique au Cameroun – précise en particulier qu’il est prévu « un recours aux emprunts sur les marchés internationaux d’un montant de 200 milliards de FCFA pour le remboursement des restes à payer, en maintenant le même niveau d’endettement public ».  Cette nouvelle dette devrait donc être contractée à un coût supérieur au taux d’intérêt de 5,95% servi aux investisseurs en 2021, pour le rachat de l’eurobond du Cameroun, réalisé en 2015. 

L’impact de l’abaissement de notation devrait par ailleurs se faire sentir sur le marché des capitaux sous-régional, où nombre de pays de la sous-région ont obtenu des taux de souscription décevants depuis le début de l’année, dans un contexte de hausse des taux d’intérêt et de ponction de la liquidité par la Banque des États de l’Afrique centrale pour freiner l’accélération de l’inflation. 

Légende photo : Le Palais de l’unité, à Yaoundé, siège de la Présidence de la République du Cameroun

Partager l’article


Ne manquez aucun de nos articles.

Inscrivez-vous et recevez une alerte par email
à chaque article publié sur forbesafrique.com

Bonne lecture !

Profitez de notre abonnement illimité et sans engagement pour 5 euros par mois

√ Accédez à tous les numéros du mensuel Forbes Afrique de l'année grâce à notre liseuse digitale.
√ Bénéficiez de l'accès à l'ensemble des articles du site forbesafrique.com, y compris les articles exclusifs.