Premier groupe agro-industriel du Maroc (970 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2022), la Compagnie sucrière marocaine de raffinage (Cosumar) a annoncé la fin de son partenariat avec le groupe singapourien Wilmar, vieux de dix ans.
Officialisée en avril 2013, à la suite du désengagement de la holding royale SNI (Société nationale d’investissement), dénommée depuis 2018 Al Mada, l’entrée de Wilmar au capital de Cosumar se justifiait alors par la volonté du géant agro-industriel asiatique de se développer dans la filière sucre sur le continent.
Une décennie plus tard, les cartes ont été rebattues. Dans un communiqué rendu public le 29 juillet, le groupe marocain dirigé par Hassan Mounir a confirmé qu’un accord avait été conclu la veille, celui-ci portant spécifiquement sur la reprise de la participation de 30,05 % de Wilmar par plusieurs investisseurs institutionnels marocains déjà actionnaires de Cosumar. Bien que l’entreprise basée à Casablanca n’ait pas précisé l’identité des acquéreurs, celle-ci compte notamment la Caisse interprofessionnelle marocaine de retraite (CIMR), l’institution de prévoyance du Régime collectif d’allocation de retraite (RCAR), la Caisse marocaine des retraites (CMR), la Mutuelle centrale marocaine d’assurance (MCMA) ainsi que la Mutuelle agricole marocaine d’assurance (MAMDA) à son tour de table.
Une opération de plus de 600 millions de dollars
Quant au montant de la transaction, Wilmar a indiqué dans une note publiée le 30 juillet sur son site que l’opération avait été faite pour un apport en numéraire de 5,96 milliards de dirhams (605 millions de dollars). « Cette opération vient couronner dix années d’un partenariat stratégique et commercial entre Cosumar et le groupe Wilmar », a pour sa part commenté la direction de Cosumar. « L’entrée au capital d’un opérateur sucrier international en tant qu’actionnaire minoritaire est envisagée. Celle-ci interviendrait de manière simultanée à la transaction susvisée et au même prix (210 dirhams par action) », a en outre précisé le sucrier marocain, qui exporte vers une trentaine de pays (Maghreb, Turquie, Arabie saoudite, pays d’Afrique de l’Ouest…).
Autre opération avalisée dans l’accord signé entre Cosumar et Wilmar, la cession par le groupe agro-industriel magrébin de l’intégralité de ses participations dans les sociétés Durrah et Wilmaco au profit de son partenaire singapourien. Toujours selon les données communiquées par le négociant singapourien, le rachat des participations de Cosumar dans Wilmaco et Durrah a respectivement été acté pour 8,7 et 64,7 millions de dollars. Deux transactions qui sont toutefois « soumises à la conclusion d’un accord définitif devant intervenir d’ici au mois de septembre ainsi qu’à certaines conditions dont l’autorisation du conseil d’administration de Cosumar », a rappelé la direction de Wilmar. En dépit de son désengagement du capital de Cosumar, le groupe asiatique reste plus que jamais un géant de l’agro-industrie sur le continent avec un chiffre d’affaires annuel de 5 milliards de dollars.