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Paulo Gomes : « Les objectifs mondiaux en matière de climat et de biodiversité ne peuvent être atteints sans l’Afrique »

Le nouveau Fonds panafricain pour la conservation de la nature (A Pan-African Conservation Trust/APACT) vise à créer un mécanisme de financement indépendant dirigé par des Africains pour financer la conservation des aires protégées sur le continent. Enjeux et explications.

Par Paulo Gomes, dirigeant d’Orango Investment Corporation.

La Conférence de Paris sur le climat (COP21), en 2015, s’est traduite par l’Accord de Paris sur le climat, qualifié d’historique, un traité international juridiquement contraignant, adopté par 196 États-parties et entré en vigueur le 4 novembre 2016. Pour la première fois, les nations du monde entier se sont engagées en faveur de la lutte contre le changement climatique et ont promis de limiter le réchauffement de la planète à un niveau bien inférieur à 2 degrés Celsius, de préférence à 1,5 degré, par rapport à l’ère préindustrielle. La COP22, dite « COP de l’Afrique » et organisée à Marrakech en 2016, a porté sur la scène internationale la position du continent africain. Si celui-ci subit la majorité des conséquences du changement climatique, qui se traduisent notamment par un accroissement de la sécheresse et des inondations, il dégage moins de 4 % des émissions mondiales de CO2. Les pays africains militent par conséquent en faveur du principe du pollueur-payeur et invitent la communauté internationale à prendre ses responsabilités.

Cela passe par la création d’un Fonds vert pour le climat, acté dès 2009 à l’issue de la COP15 tenue à Copenhague. Ce dernier devait atteindre, en 2020, une enveloppe annuelle de 100 milliards de dollars (82,5 milliards d’euros) pour permettre aux pays en développement, notamment les pays africains, de s’adapter aux conséquences du dérèglement climatique et de développer une économie propre. COP23, 24, 25… Les débats se poursuivent et les financements se font attendre. Alors que la COP27 se prépare —elle aura lieu du 7 au 18 novembre 2022 à Charm el-Cheikh en Égypte—, le changement n’a toujours pas eu lieu. Pour preuve, l’absence des pays industrialisés lors du sommet destiné à soutenir l’Afrique face au changement climatique, qui s’est déroulé à Rotterdam aux Pays-Bas en septembre dernier.

Pour la nature, pour les populations

L’urgence climatique ne nous permet plus d’attendre. L’heure doit être à la mobilisation en Afrique. Pour la nature, pour nos populations. Cette mobilisation doit se traduire avec le nouveau Fonds de conservation panafricain. Les 8 600 aires protégées et conservées d’Afrique constituent l’épine dorsale de l’infrastructure naturelle qui sous-tend les aspirations au développement énoncées dans l’Agenda 2063 de l’Union africaine—un cadre stratégique pour la transformation socio-économique du continent au cours des cinquante prochaines années, qui s’appuie sur les initiatives continentales passées et actuelles en faveur de la croissance et du développement durable, et cherche à accélérer leur mise en œuvre —et font partie intégrante des objectifs mondiaux de lutte contre le changement climatique, la perte de biodiversité et la désertification. Malheureusement, la grande majorité de ces aires manquent de ressources, ce qui les rend vulnérables à l’empiétement, à la conversion et à la dégradation.

Un mécanisme de financement durable pour protéger les zones qui nous protègent tous

Les objectifs mondiaux en matière de climat et de biodiversité ne peuvent être atteints sans l’Afrique. Le Fonds panafricain pour la conservation, initiative ambitieuse menée par des Africains, est né de la nécessité de combler le déficit de financement des zones protégées et conservées d’Afrique par le biais d’un mécanisme de financement durable, hybride et indépendant. Dirigé par les directeurs des aires protégées d’Afrique (APAD) et soutenu par l’African Wildlife Foundation, le Consortium africain des fonds pour l’environnement (CAFE), l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), et bien d’autres, l’APACT a été lancé lors du tout premier Congrès des aires protégées de l’UICN, en juillet 2022.

Ce fonds a pour ambition de créer un mécanisme de financement indépendant permettant aux gestionnaires des zones protégées et conservées du continent de disposer des ressources nécessaires pour effectuer leur travail. Sa création démontre que le leadership africain a pris la mesure des enjeux et agit. Le président du Rwanda, Paul Kagame, s’est fortement impliqué. C’est un signal fort. Il sera suivi par d’autres.

Pour en savoir plus :https://apact.africa/


Ancien directeur exécutif de la Banque mondiale, Paulo Gomes a cofondé New African Capital Partners, l’un des membres fondateurs de l’Africa Finance Corporation (AFC), qui affiche un bilan de plus de 7 milliards de dollars, avec 30 membres. Il dirige par ailleurs Orango Investment Corporation, une société d’investissement innovante. Avec la création du Fonds de conservation panafricain (APACT), il vise à répondre au défi de la préservation de l’environnement et du changement climatique en Afrique.

Crédit-photo : Chambre de commerce Asie du Sud-Est-Afrique

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