Fondateur de l’agence de notation Bloomfield Investment Corporation, la première agence à avoir vu le jour en Afrique de l’Ouest, en 2007, le spécialiste du risque de crédit et entrepreneur ivoirien Stanislas Zézé a publié en août «L’homme aux chaussettes rouges», un livre co-écrit avec l’écrivain Pacome Kipré. Dans cet ouvrage, le financier – toujours paré de ses fameuses chaussettes rouges – revient sur son parcours tout en partageant ses réflexions sur le monde entrepreneurial, la Côte d’Ivoire et le continent africain. Rencontré par les équipes de Forbes Afrique à Abidjan, le PDG de Bloomfield Investment a partagé une série de souvenirs et d’éclairages susceptibles de mieux faire comprendre sa trajectoire. Un exercice auquel se sont également prêtés plusieurs proches. Morceaux choisis.
Par Michée Dare
Ce qu’il dit de lui et de ses proches
Avant de connaître le succès, le financier rappelle que son parcours fut « parsemé d’embûches », Stanislas Zézé insistant sur le fait que « de l’élaboration du projet d’entreprise au démarrage effectif de celui-ci, rien n’était acquis ». Le premier obstacle du jeune entrepreneur fut notamment l’environnement hostile, qui ne se prêtait pas au cœur de métier de Bloomfield, la notation financière. Peu de monde croyait à l’initiative portée par l’Ivoirien. « N’oublie pas que nous sommes des francophones. Ce que tu veux faire est voué aux anglophones. Tu vas échouer », auraient ainsi prévenu plusieurs proches de Stanislas Zézé, celui-ci évoquant aujourd’hui avec philosophie cette phase difficile des débuts. C’était sans compter sur la persévérance de l’homme, bien décidé à bousculer l’ordre établi. Autre point clé abordé en profondeur, tant dans l’ouvrage qu’au cours des échanges avec les collaborateurs de Forbes Afrique, le rôle majeur joué par Jeanne Sissoko-Zeze, épouse de Stanislas Zézé et par ailleurs directrice de l’agence Reflet Consulting. Comme le relève le patron de Bloomfield Investment, c’est sa femme qui inspira le titre du livre « l’homme aux chaussettes rouges ». À son auditoire, le financier a par ailleurs tenu à rappeler le fait que son épouse était « la seule à le motiver lorsque tout le monde [lui] prédisait l’échec ». Il a d’ailleurs retenu de cette expérience une maxime qu’il ne manque pas de rappeler aux plus jeunes : « La complicité et le soutien de son conjoint dans la réalisation de son projet est une quasi-certitude de réussite ».
Ce qu’ils disent de lui
Les équipes de Forbes Afrique ont par ailleurs pu échanger avec plusieurs proches du financier afin de mieux cerner « de l’extérieur » le personnage. Deux traits de caractère se dégagent nettement du portrait que font de Stanislas Zézé ceux qui le côtoient au quotidien : sa foncière bonté mais aussi, selon les circonstances, son tempérament orageux. Côté pile, Youssouf Carius, dirigeant de la société d’investissement de Pulsar Partenrs et ancien vice-président de Bloomfield investment Corporation , ne tarit pas d’éloges sur le financier ivoirien. « Quand j’ai quitté Bloomfield, je n’étais pas vice-président. Stanislas (Zézé) m’a alors gratifié de cette promotion afin qu’elle me serve dans le futur », se souvient, reconnaissant l’ancien collaborateur devenu lui-même patron. Assistante personnelle du PDG de Bloomfield Investment, Khady N’Diaye se remémore quant à elle avec vivacité le jour où son patron menaça de décliner une invitation à un événement prévu à la BAD parce qu’elle n’avait pas accès au bâtiment faute de passe d’entrée. « Je ne rentrerai pas sans mon assistante personnelle », avait alors tempêté le « Boss » alors que lui, était attendu déjà en salle de réunion.
Le financier est toutefois aussi connu pour son caractère orageux, l’homme pouvant prestement entrer en ébullition s’il estime que son interlocuteur a fait preuve de négligence ou de médiocrité. « Lorsqu’il vous confie une tâche qui n’est pas exécutée comme il faut et avec minutie, cela le met hors de lui. Il s’énerve et c’est sa façon de fonctionner », témoigne, d’un air entendu, Claude N’Guetta, le chauffeur de Stanislas Zézé, Un trait de caractère que confirme Khady N’Diaye, celle-ci décrivant une ambiance de travail « faite de hauts et de bas. Nous avons des moments de fous rires, comme de pétage de plombs. Ce qui m’impressionne toutefois après ces moments de colère, c’est le fait qu’il te rappelle cinq minutes plus tard et te fasse visionner un gag, comme si de rien n’était », explique, amusée, l’assistante du patron.
Ce qu’il dit à la jeunesse africaine
Paru en auto-édition, « L’homme aux chaussettes rouges » est aussi un puissant message adressé aux jeunes entrepreneurs, mais aussi, plus largement, à la jeunesse du continent, trop souvent pénalisée par l’absence de modèles inspirants. « Lorsqu’on entreprend, l’échec ne devrait pas être une option », conseille notamment Stanislas Zézé. De fait, l’Ivoirien consacre volontiers une partie de son temps à inculquer à cette jeunesse ses valeurs cardinales, à savoir « l’honnêteté intellectuelle, l’humilité, la persévérance et la résilience ». Il n’empêche, son engagement en faveur des jeunes est exigeant et sans concession. « En Afrique, nos jeunes ont tout ce qu’il faut pour réussir, sauf la volonté de réussir », conclut le patron de Bloomfield Investment, comme pour lancer un défi à la génération montante. À bon entendeur…