Le média de ceux qui construisent l'Afrique d'aujourd'hui et de demain

Énergie : l’hydrogène, une opportunité décisive pour l’Afrique

Alors que la 28e conférence mondiale sur le climat (COP28) démarre à Dubaï le 30 novembre, le patron de la startup Renew Tech rappelle la nécessité pour l’Afrique de renforcer ses efforts dans la filière de l’hydrogène pour accélérer la transition énergétique. 

Tribune par Laurent Mendy, PDG de Renew Tech


Laurent Mendy, CEO de Renew Tech

Wangari Muta Maathai, celle qu’on surnommait « la maman des arbres » s’est battue toute sa vie pour préserver la flore.  « La captation du CO2 par les arbres nous permet de mieux respirer », ne cessait de rappeler cette figure tutélaire du mouvement écologique en Afrique. Décédée en 2011, Wangari Muta Maathai aurait certainement aimé entendre qu’une solution existe pour retraiter le CO2 et transformer ces déchets de matières organiques en une énergie capable d’alimenter les maisons, les entreprises au lieu d’abattre des arbres.. La femme politique kényane- prix Nobel de la Paix en 2004 — aurait sûrement applaudi de ses deux mains l’émergence de ces solutions. 


Une source d’opportunités économiques

Aujourd’hui, le monde semble enfin l’écouter à titre posthume en se tournant vers l’hydrogène. L’économie verte, telle qu’on la surnomme aujourd’hui, est enfin considérée par les différentes autorités comme étant une source d’opportunités économiques pour l’Afrique. Paul Kagame, le président rwandais, l’affirme : « l’Afrique a raté la révolution industrielle. Elle ne peut pas manquer le grand rendez-vous de l’émergence économique, basée sur la technologie et les énergies renouvelables ». Aujourd’hui, il est heureux de constater les nombreux partenariats en cours, où plusieurs pays sont à la pointe. La Mauritanie qui a lancé plusieurs programmes de recherches, le Maroc sous l’impulsion du Roi Mohammed VI qui a créé une fédération nationale pour l’hydrogène. La Namibie a ainsi signé un accord de coopération avec un consortium franco-allemand Hyphen Hydrogen Energy. Windhoek compte ainsi sur ces partenariats pour multiplier par trois son PIB d’ici 2030 grâce à son industrie d’hydrogène.

Pourtant, un enjeu demeure : la captation des talents. Et ce n’est pas faute d’avoir de jeunes startups prometteuses implantées sur le continent. On en dénombre 500, réparties sur une trentaine de pays pour des levées de fonds qui ont atteint en cumulé 1,17 milliard de dollars en 2022. Mais une question reste en suspens : la formation des jeunes dans un continent où 70 % des étudiants sortent avec peu de perspectives professionnelles du système scolaire et universitaire. Aujourd’hui, l’hydrogène et la technologie peuvent donc représenter un espoir d’essor économique pour de jeunes adultes férus de technologies ou de transition énergétique. Comme chez Renew Tech et notre projet Florafrica, nous sommes nombreux à impulser une dynamique en faveur de nos écosystèmes. C’est pourquoi je salue plusieurs initiatives comme les programmes de formations en lien avec les universités ivoiriennes lancés par Philibert Dutrieux, CEO d’Ivoire Hydrogène à Abidjan. Dans le même esprit, nous devons aussi saluer le partenariat entre All On Hub et le Nigeria Climate Innovation Center qui incubent 8 projets de clean startup cette année avec des dotations pouvant atteindre les 80 000 $ par startups. 


La nécessité de parler d’une même voix 

Alors que la COP 28 de Dubaï se profile à l’horizon, il nous appartient en tant qu’entrepreneurs de ce monde de parler d’une même voix. C’est pourquoi nous appelons, chez Renew Tech, à la création d’une fédération internationale représentative de toutes les innovations en lien avec la décarbonation à travers le monde. L’opportunité nous est aussi offerte ensemble de mettre sur pied des laboratoires de recherches d’excellences partout sur le continent, dans des hubs régionaux, avec l’implication des grands groupes internationaux, des acteurs publics et des partenaires étrangers. L’Afrique devra chaque année produire plus de 400 000 chercheurs dans l’hydrogène pour impacter sur l’ensemble des écosystèmes continentaux et internationaux. 

En ces temps de COP, il est dans notre intérêt d’accentuer nos réflexions sur la formation des écosystèmes et de ceux qui y contribueront. C’est ce message qu’il nous faut porter auprès des décideurs publics et transnationaux présents dans la « zone bleue » (dans le cadre de la COP28, ce terme désigne la zone de la conférence uniquement réservée aux délégations gouvernementales et aux négociateurs, par opposition à la «  zone verte », qui est ouverte aux membres de la société civile, ndlr), à l’occasion de la journée Afrique. C’est ensemble que nous gagnerons alors que la défaite d’un d’entre nous sera une chute pour tous les membres de nos écosystèmes, en Afrique comme à travers le monde. Le jeu en vaut la chandelle. Plusieurs rapports indiquent que l’Afrique pourrait produire 4 millions de tonnes d’hydrogène vert par an d’ici 2030. Si nous souhaitons véritablement réaliser cette prophétie pour créer des opportunités économiques pour la jeunesse, c’est maintenant que cela se joue. 

Partager l’article


Ne manquez aucun de nos articles.

Inscrivez-vous et recevez une alerte par email
à chaque article publié sur forbesafrique.com

Bonne lecture !

Profitez de notre abonnement illimité et sans engagement pour 5 euros par mois

√ Accédez à tous les numéros du mensuel Forbes Afrique de l'année grâce à notre liseuse digitale.
√ Bénéficiez de l'accès à l'ensemble des articles du site forbesafrique.com, y compris les articles exclusifs.