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La vie Forbes

Gazelle Guirandou, L’Art en Engagement

Propos recueillis par Anna Djigo-Koffi


Gazelle Guirandou : Réaliser un rêve ! Etant devenue collectionneuse, sans m’en rendre compte aux côtés de mes parents, eux-mêmes grands collectionneurs, j’avais en tête de pérenniser le travail de ma mère accompli tout au long de ces années avec la galerie Arts Pluriels, aux Deux-Plateaux. Je voulais partager avec tout genre de public, le voyage, l’amour et la sensibilité que l’art procure. Je n’étais pas encore rentrée en Côte d’Ivoire quand ma mère «grandissant » me parle de ce projet de créer ce nouvel espace qui jouxte leur résidence, dans la continuité d’Arts Pluriels. J’y adhère sans hésiter. Dès mon retour en Côte d’Ivoire, en 2014, nous nous sommes donc embarquées dans cet ouvrage, construit par les architectes Koffi & Diabaté. Ce nouvel espace, raconte deux histoires, deux parcours, deux vies, de Louis, mon défunt père, qui fut le premier à encourager et à soutenir ma mère dans sa volonté de promouvoir les artistes de tous continents, et Simone, ma mère. LouiSimone Guirandou Gallery, matérialise ce trait d’union qui les unit à travers le « S ».


Sous votre direction, la galerie développe une approche singulière aux talents émergents. Votre engagement se matérialise, notamment, à travers ce rendez-vous annuel, “Découvertes”, dont la sixième édition s’est conclue ce mois d’août. Parlez-nous en…

G.G. : C’est un travail d’équipe. La première année d’ouverture, nous avons fermé durant l’été comme la plupart des galeries. A la rentrée, il nous est revenu que beaucoup de personnes vivant ou de passage à Abidjan au mois de juillet-août, auraient vivement souhaité visiter des espaces d’art au cours de cette période. D’autre part, nous recevions beaucoup de demandes d’artistes jeunes émergents qui souhaitaient avoir l’opportunité d’exposer en nos lieux. C’est ainsi que l’équipe a décidé de jouer un rôle actif dans l’évolution du paysage artistique et de proposer une exposition durant l’été, devenue par la suite « Découvertes », qui consiste à partager le fruit des rencontres et/ou échanges avec différents profils d’artistes découverts au cours de l’année ou de voyages, mais également recueillir les réactions et sentiments de ces visiteurs de l’été.


Juste écho à cette scène créative en pleine effervescence, le profil des collectionneurs abidjanais se dessine aujourd’hui différemment. L’art, au-delà d’une passion, s’érige-t-il désormais en investissement ? Quelle lecture faites-vous de ce marché de l’art en pleine mutation ?

G.G. : Je suis heureuse de constater ce nouveau profil de collectionneurs qui encourage les galeries dans leur engagement à promouvoir les artistes du continent mais pas que.  Mais il faut bien avoir à l’esprit qu’il ne peut y avoir investissement sans professionnalisation des artistes. Cette professionnalisation qui est le passage obligé pour tout artiste désirant faire carrière dans son domaine, incombe aux structures officielles, établies et reconnues que sont les galeries. Le rôle d’une galerie est bien plus vaste que celui d’un simple espace d’exposition. Une galerie est un acteur clé dans l’écosystème artistique et joue un rôle stratégique dans la valorisation du travail de l’artiste et le développement de sa carrière. Ce rôle clé multiple comprend entre autres, l’éducation et la sensibilisation, le conseil en collection, la conservation et la gestion des œuvres, les partenariats et collaborations, l’influence sur le marché de l’art, la responsabilité sociale et culturelle, l’encadrement légal et administratif…


Quelle est la démarche de la galerie à l’endroit de cette nouvelle génération de collectionneurs ? 

G.G. : LouiSimone Guirandou Gallery a développé une identité visuelle forte et contemporaine, et se positionne comme une institution dynamique, inclusive et ouverte aux évolutions socioculturelles de notre époque. La galerie est à l’écoute de cette nouvelle génération de collectionneurs en adoptant une approche inclusive et éthique, collaborative et participative, en créant une relation durable et engagée qui tient compte des évolutions du marché, des mouvements artistiques émergents et des nouvelles tendances. 


Avant d’être galeriste, vous avez vous-même été collectionneuse. A quel moment cet héritage familial, autour de l’art, s’est-il mué en passion personnelle ? 

G.G. : Dès le retour définitif de mes parents en Côte d’Ivoire et la création de la galerie Arts Pluriels. J’ai commencé par l’art Premier, il y en avait beaucoup à la maison, de divers pays, et d’une esthétique époustouflante. Je me souviens encore de ma première acquisition que je garde et chéris jusqu’à ce jour. Un lit mortuaire Sénoufo, une pure merveille de par le travail et les détails. 


G.G. : C’est un grand privilège pour la galerie de présenter aujourd’hui au public abidjanais, cette initiative inédite de Public Art Fund – une organisation à but non lucratif new-yorkaise – qui, à travers ce projet, collaborait pour la première fois avec une artiste de notre continent. Ces douze œuvres de Aïda Muluneh – commandées par Public Art Fund en partenariat avec JC Decaux – ont été exposées entre mars et mai 2023 dans 330 abribus répartis entre Abidjan, Boston, Chicago et New York. Il me tenait vraiment à cœur de présenter l’intégralité de cette série en Côte d’Ivoire. C’est en effet la première fois que les œuvres sont réunies et présentées en un même lieu. 


Votre programmation pour l’année 2024 aura été riche : d’Oumar Ball à Sess Essoh, en passant par Obou et actuellement, Aïda Muluneh. Quelle est votre promesse au public pour le dernier solo show de la saison ?

G.G. : La promesse d’une année picturale 2024 qui se clôture en beauté avec l’exposition singulière et surprenante de pièces inédites, au-delà de la photo, d’Alun Be, riches de poésie, d’esthétique et d’inspirations.

Exposition « This is where I am », Aïda Muluneh, Photographe 

Du 12 septembre au 09 novembre 2024, LouiSimone Guirandou Gallery, Abidjan


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