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Les Ambassadeurs Du Soft Power Ivoirien

Carrefour culturel ayant accueilli quelques-uns des plus grands artistes du XXe siècle (Manu Dibango, Myriam Makeba, Jean-Michel Basquiat, Michael Jackson ou encore Barbara pour ne citer qu’eux…), la Côte d’Ivoire s’est imposée très tôt comme une terre propice aux élans créatifs de toutes sortes. Le pays regorge de tant de talents qu’il est difficile d’en dresser une liste exhaustive, mais à défaut, nous vous proposons ici une sélection de ceux qui font briller les couleurs « OBV », dans et hors des frontières nationales.

Par Jihane Zorkot et Élodie Vermeil

Nota Bene : Les talents africains en général, et ivoiriens en particulier, sont si nombreux qu’il est difficile d’en dresser une liste exhaustive. C’est pourquoi nous avons voulu faire de cet article un texte évolutif, appelé à s’enrichir au fil du temps, en fonction des recommandations, des découvertes, des éventuels oublis à réparer. Un article qui est aussi le vôtre, et pour la rédaction duquel nous prendrons en compte vos suggestions sur nos réseaux sociaux. Alors n’hésitez pas à nous «toquer », et retrouvez-nous régulièrement pour une liste étoffée de profils. Work in progress !


Marguerite Abouet : Écrivaine, Scénariste, Réalisatrice

La maman d’Aya, c’est elle ! Née en 1971 à Abidjan, Marguerite Abouet est une écrivaine, scénariste et réalisatrice ivoirienne qui a joué un rôle crucial dans la popularisation de la culture ivoirienne à travers son œuvre emblématique, Aya de Yopougon. Ayant grandi dans le quartier populaire de Yopougon, elle s’inspire de son enfance pour créer des récits qui reflètent avec authenticité et humour la vie quotidienne en Côte d’Ivoire*, sans pour autant oublier d’aborder des thèmes délicats comme l’homosexualité et le mal-logement des étudiants, démontrant l’évolution des préoccupations sociétales en Côte d’Ivoire. Véritable phénomène culturel, cette pétillante saga a été traduite en plusieurs langues et adaptée en film d’animation, créant un pont culturel entre l’Afrique et le reste du monde grâce à sa représentation authentique et réaliste de la vie ivoirienne. En plus de Aya de Yopougon, Abouet a créé d’autres séries, notamment Akissi, qui raconte les aventures d’une petite fille espiègle, et Commissaire Kouamé, qui explore des thèmes de justice et de société. En 2010, elle a également lancé l’association Des livres pour tous, destinée à promouvoir la lecture auprès des enfants dans les quartiers défavorisés d’Afrique.

Toujours active dans le monde des phylactères, Marguerite Abouet a été nommée personnalité BD de l’année 2022 et a reçu le prix du scénariste – Jacques Lob au Festival bd Boum de Blois. Son engagement pour la culture et la littérature a été mis en lumière lors d’une grande exposition au Festival d’Angoulême en janvier 2023, célébrant son parcours et son impact sur la bande dessinée. En mars 2024, elle a participé à la troisième édition du Pop Women Festival, un événement dédié à la pop culture féminine, où elle a été mise à l’honneur aux côtés d’autres figures importantes de la bande dessinée.

*Ayant quitté très jeune la Côte d’Ivoire pour Paris, l’écriture sera son « médicament » contre la sensation de déracinement. Loin du triptyque « Guerres – Famines – Misère » souvent relayé par les médias occidentaux, elle dépeint dans ses textes l’Afrique qu’elle a connue, une Afrique vibrante, gouailleuse et chamarrée.


A’Salfo : Lead Vocal du Groupe Magic System

Leader du groupe Magic System, dont l’inoubliable « Premier Gaou » a propulsé la musique ivoirienne sur le devant de la scène internationale et tout en haut des charts, Salif Traoré alias A’Salfo fait office de « magicien de l’industrie musicale ivoirienne » et se démarque par sa longévité : 24 ans d’une carrière rythmée par les tubes – de « Bouger Bouger » à « Magic in the Air », qui est devenu entre autres l’hymne de l’équipe française de football à la Coupe du monde 2018 et comptabilise aujourd’hui plus de 400 millions de vues sur YouTube – et 16 disques d’or. Vitrine festive d’actions sociales et véritable catalyseur de l’industrie musicale africaine positionnant Abidjan comme un creuset de la créativité continentale, le FEMUA (Festival des musiques urbaines d’Anoumabo, dont la 16e édition s’est tenue en mai dernier), qu’il a fondé en 2008, est aujourd’hui l’un des plus gros festivals du continent, et a valu au chanteur de Magic (et pragmatique) System d’asseoir son statut d’ambassadeur de la Côte d’Ivoire… et de premier businessman de l’industrie musicale du pays. 


Serge Bilé : Écrivain, Journaliste, Musicien, Réalisateur

Né le 26 juin 1960 en Côte d’Ivoire, Serge Bilé est un écrivain, journaliste, musicien et réalisateur reconnu pour son engagement dans la réflexion sur l’identité noire à travers l’Histoire. Diplômé de l’École supérieure de journalisme de Lille en 1988, il débute sa carrière en Côte d’Ivoire avant de rejoindre France 3 et RFO Paris et RFO Martinique, où il présente le journal et produit des documentaires sur des thèmes historiques souvent négligés, tels que les Boni de Guyane et les Noirs dans les camps nazis. Bilé est l’auteur de plusieurs ouvrages, dont Noirs dans les camps nazis, qui a suscité des débats sur la mémoire historique des Noirs durant la Seconde Guerre mondiale. Ses publications, comme Quand les Noirs avaient des esclaves blancs et Et si Dieu n’aimait pas les Noirs (mais aussi Le seul passager noir du Titanic, Prince Aniaba, le mousquetaire ivoirien de Notre-Dame de Paris, ou encore Yasuke, la samouraï noir) explorent des sujets sensibles liés à l’identité raciale et aux injustices historiques, mettant en avant des figures noires méconnues mais non moins héroïques de la Grande Histoire. En tant que musicien, il a collaboré avec de nombreux artistes caribéens et a écrit des chansons marquantes, dont la comédie musicale Soweto, dédiée à Nelson Mandela. Plus récemment, il a signé la comédie musicale Houphouët, jouée au Palais de la Culture à Abidjan, qui raconte, à travers l’histoire du Père de la nation ivoirienne, la marche de la Côte d’Ivoire vers l’indépendance. Reconnu pour ses contributions à la littérature et à la musique, Serge Bilé joue un rôle clé dans la promotion de la culture ivoirienne et afro-caribéenne à l’international. Son travail de mémoire et ses réflexions sur l’histoire coloniale et post-coloniale font de lui un acteur majeur du dialogue sur l’identité africaine contemporaine.


Edith Yah Brou : Spécialiste de la Communication Digitale et Créatrice de Contenus

Classée parmi les 100 femmes africaines les plus influentes par Avance Media en 2020, 2021 et 2022, Edith Brou Bleu est l’une des figures emblématiques du paysage médiatique ivoirien. Entrepreneuse, chroniqueuse sur Life Tv, influenceuse et animatrice radio de l’émission « Woman Up », elle est considérée comme l’une des personnalités les plus importantes de la sphère technologique en Côte d’Ivoire. D’abord blogueuse, cofondatrice de l’ONG Akendewa puis community manager, elle a fait ses armes au sein d’AOS Africa puis People Input, et est également à l’origine d’Ayanawebzine (cofondatrice) et de Kessiya.com, qui aborde de plain-pied des sujets économiques et sociaux cruciaux pour l’Afrique. Professionnelle accomplie engagée depuis plus de 15 ans dans la sphère numérique ivoirienne dont elle est l’une des pionnières – particulièrement en tant que femme –, elle a été honorée du titre de Chevalier dans l’Ordre du mérite de l’éducation nationale pour son travail, son engagement et l’ensemble de sa carrière.


Owell Brown : Réalisateur, Producteur, Scénariste

Owell Brown, réalisateur, scénariste et producteur ivoirien, est l’une des figures emblématiques de l’industrie cinématographique de Côte d’Ivoire. Après avoir grandi et étudié en France, il décide de rentrer au pays pour apporter sa pierre à l’édifice du cinéma ivoirien. Connu pour réaliser des films qui abordent des thématiques et problématiques mettant en lumière la culture et les réalités de la vie ivoirienne, il se fait connaître dès 2011 avec Le Mec idéal, succès populaire qui marque le renouveau du cinéma ivoirien et se voit honorer d’un Étalon de bronze au mythique Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO). Plus récemment, en 2023, son film Dans la peau d’un Caïd s’est imposé comme l’un des plus gros succès du cinéma ivoirien, restant plus de deux mois à l’affiche et rivalisant ainsi avec des blockbusters américains comme Black Panther ou le second volet d’Avatar. Son nouveau long métrage, Maman, sorti en mai 2024, rend hommage aux mères ivoiriennes qui n’hésitent pas à sacrifier leur bonheur pour le bien de leur famille.


LaFalaise Dion : Styliste de Mode, Artiste

De son vrai nom Dion Dewand Marcia Lafalaise, cette artiste visuelle touche-à-tout (mannequin, performeuse, designer, journaliste, community manager…) a su faire briller son talent au-delà du continent africain grâce à ses créations (coiffes, masques, jupes, robes, tops, vestes, voiles de visage, bijoux de tête…) à base de cauris ou « porcelaine-monnaie », ces petits coquillages utilisés dès la préhistoire comme monnaie de commodité et ornement en Afrique et en Asie. Emblématiques de la culture dan de l’Ouest ivoirien (dont est originaire la jeune femme) et travaillées selon les traditions ancestrales dans un acte relevant à la fois de l’orfèvrerie et du militantisme, ces délicates porcelaines, devenues pour la jeune styliste une façon de revendiquer la richesse de la culture et du patrimoine africain, ont fait le tour du monde et orné les plus prestigieux représentants du softpower continental, de la méga-star Beyoncé à la chanteuse Angélique Kidjo, en passant par l’actrice Lupitah Nyong’o ou encore le joueur de football américain Jeremiah Owusu-Koramoah. Plus récemment, certaines de ces pièces ont rejoint l’actrice Viola Davis au casting du film The Woman King, épopée historique racontant l’histoire des Amazones du Dahomey.


Cherif Douamba : Mannequin

Malgré sa silhouette longiligne et ses traits affûtés, Cherif Douamba ne se destinait pas à une carrière dans la mode. Repéré en 2016 sur Instagram, il fait ses débuts au Ghana, puis explose à la Fashion Week de Milan en 2019 et défile très vite pour les plus grands : Dior, Vuitton, Valentino… Classé dans le Top 10 des mannequins hommes ayant marqué l’année 2021 par Vogue France, et dans le Top 50 des personnalités qui ont fait bouger 2022 par Elite Magazine, le jeune homme de 28 ans représente fièrement son pays sur les podiums et, tout en consacrant une partie de son temps à aider les aspirants mannequins, s’est aussi tourné vers la photographie et la direction artistique.


Didier Drogba : Ancien Footballeur International, Homme d’Affaires, Philanthrope

Le patron des patrons. L’homme qui met tout le monde d’accord. Les instances dirigeantes de la Fédération ivoirienne de football l’ont bien compris, capitalisant naturellement sur l’image, le prestige et la popularité (plus de 30 millions de followers tous réseaux confondus) de l’une des personnalités préférées des Ivoiriens en le nommant ambassadeur du football national (aux côtés de Yaya Touré et Gadji Celi) pour la CAN 2023. Star absolue du ballon rond, héros national et légende vivante, Didier Drogba, considéré comme l’un des meilleurs joueurs africains de tous les temps et l’un des plus grands attaquants de sa génération, déroule en effet un CV impressionnant : avec 104 sélections en équipe nationale et 360 buts marqués en club et avec les Éléphants, il est et/ou fut entre autres joueur africain de l’année en 2006 et 2009, «meilleur joueur de l’histoire de Chelsea », capitaine le plus marquant des Éléphants (qu’il a amené trois fois en phases finales de Coupe de monde)… Et brille aussi par ses nombreux engagements humanitaires : troisième footballeur missionné par le PNUD après Zinedine Zidane et Ronaldo ; ambassadeur actif pour la paix en Côte d’Ivoire (en 2010, Time l’incluait dans le Top 100 des personnalités les plus influentes au monde, notamment pour son implication dans l’effort de réconciliation en Côte d’Ivoire) engagé dans de nombreuses actions caritatives à travers sa fondation, créée en 2007 et reconnue d’utilité publique par décret présidentiel en 2015 ; ambassadeur de bonne volonté de l’OMS pour le sport et la santé depuis 2021 ; ambassadeur et vice-président de l’organisation internationale Peace&Sport… Avec une liste d’activités publiques à donner le tournis et une respectabilité qui force l’admiration, il est aujourd’hui le meilleur VRP de la Côte d’Ivoire à travers le monde.


Cécile Fakhoury : Galeriste

Installée en Côte d’Ivoire depuis 2011 et forte de précédentes expériences dans différentes galeries et maisons de vente en France et aux États-Unis (Daniel Templon, Sotheby’s…), Cécile Fakhoury fonde sa première galerie en 2012 à Abidjan. En 2018, mue par la volonté d’ancrer le développement d’un marché de l’art sur le continent africain, elle ouvre un second espace à Dakar. En 2021, une nouvelle filiale voit le jour avenue Matignon à Paris, venant approfondir l’identité résolument internationale et engagée de la galerie, qui a à son actif une quarantaine d’expositions majeures et collabore aujourd’hui avec de nombreux artistes, dont de grandes figures de l’art contemporain comme Aboudia ou Ouattara Ouatts. ​


Ibrahim Fernandez : Styliste

À la tête de sa propre maison de couture, cet autodidacte ne se destinait pas à faire carrière dans la mode. C’est en rentrant d’un voyage au Maroc, suite à un événement tragique, qu’il se met à designer et créer des vêtements. Il commence par porter ses propres créations, et les partager sur les réseaux sociaux. Galvanisé par le succès, il lance une première marque baptisée Zango qui signifie « élégant » en langage populaire. Cette dernière laissera place aux griffes Ibrahim Fernandez, puis Ibrahim Fernandez Couture. Le geek de la couture ivoirienne travaille d’arrache-pied pour émerveiller chaque jour un peu plus ses « Nandi », le surnom affectueux qu’il donne à ses clients. Ses modèles, fabriqués en lin – sa matière de prédilection –, font fureur dans les soirées mondaines, et toute la ville s’arrache ses créations. Aujourd’hui, la marque Ibrahim Fernandez est reconnue pour ses créations uniques, ses imprimés distinctifs et ses tenues ultra tendance.


Ange Freddy : Humoriste, Photographe, Vidéaste

Avec 1,3 million de followers sur Instagram et 2 millions sur Facebook, Ange Freddy Guessan est l’un des artistes humoristiques ivoiriens les plus populaires du moment. Connu pour les hilarantes capsules où ils se met en scène, il a démarré sa carrière avec des vidéos postées sur Facebook dont la plus célèbre, « Le vol 4 », a enregistré plus de 40 millions de vues. Sa carrière décolle grâce à l’émission « Le Parlement du rire » de l’humoriste Mamane et depuis, il enchaîne les spectacles dans toute la sous-région. Nommé meilleur web humoriste aux Awards du rire africain en 2021, il jouera son prochain spectacle à Abidjan en décembre 2024.


Gauz’: Romancier, Scénariste, Photographe

Biochimiste de formation, Gauz’, né à Abidjan, débarque en France en 1999, officiellement pour finir ses études et officieusement pour « voir ailleurs ». Dans l’Hexagone du début du XXIe siècle, il enchaîne les expériences professionnelles de toutes sortes (de jardinier à concepteur de bases de données, en passant par vigile, consultant à la Francophonie, etc.), se lance comme scénariste en 2004 (Après l’océan), puis devient documentariste, photographe, directeur d’un journal économique, rédacteur en chef d’un webzine, accompagnateur d’un prix littéraire… Depuis 2011, il est retourné vivre en Côte d’Ivoire où il a monté sa propre maison d’édition, Srèlè. Au gré de ses rencontres et de ses écrits, il partage désormais sa vie entre Grand-Bassam et le reste du monde. Ses romans (Debout-payé, sensation de la rentrée littéraire 2014, Camarade Papa, Black Manoo, Cocoaïans et, plus récemment Les Portes) abordent les questions d’émigration, de colonisation et de métissage avec un sens aigu de l’humour et de la satire, sublimé par une prose au rythme survitaminé qui prend un malin plaisir à mettre mille et une anecdotes et tranches de vie dans le « sac de la grande Histoire ». 


Obou Gbais : Peintre, Artiste-Plasticien, Musicien

Obou Gbais est né le 6 avril 1992 à Guiglo, dans l’ouest de la Côte d’Ivoire. Il effectue ses premières classes dans la ville de Man avant de s’installer à Abidjan en 2004. Depuis son enfance, il nourrit une passion pour l’art et la culture, ce qui le pousse à poursuivre son rêve d’artiste en intégrant l’Institut national supérieur des arts et de l’action culturelle (INSAAC) à Abidjan. C’est là qu’il reçoit une formation académique en peinture – notamment sous la houlette du peintre Pascal Konan. Aujourd’hui, Obou partage sa vie et son travail entre Abidjan et Berlin. Son œuvre se distingue par la présence des masques Dan, emblématiques de sa culture, qu’il se réapproprie pour raconter des histoires à travers les couleurs et les formes. La condition humaine est la thématique centrale de son travail, qu’il aborde à travers des architectures complexes de foules et de bidonvilles, offrant ainsi une représentation vivante d’Abidjan. Ses créations mettent en scène des moments d’amour et d’amitié, thèmes récurrents dans ses œuvres. Obou a su faire de son art un reflet de la vie quotidienne en Côte d’Ivoire, et plusieurs de ses œuvres sont visibles sur les murs de la capitale économique (Abobo dans le cadre du projet « Abobo est zô », Goethe Institut, Institut culturel français…). Obou Gbais expose son travail à l’international, notamment à Paris, Genève, Berlin et Londres, ainsi que dans de grands musées tels que le Rietberg Museum à Zurich et le National Museum en Lituanie. En plus de la peinture, il expérimente également avec la musique, qu’il considère comme un élément essentiel dans la pratique du masque. Plusieurs de ses titres sont disponibles sur des plateformes comme YouTube et Spotify.


François-Xavier Gbré : Photographe

Auréolé en 2020 du Prix Découverte Louis Roederer des Rencontres d’Arles pour son installation Émergence, Abidjan, Côte d’Ivoire, 2013-2020, François-Xavier Gbré est le photographe d’un « pays étranger », perpétuel entre-deux constitué de lieux abandonnés et oubliés, du palais de justice de Dakar à la piscine de Bamako, en passant par le palais du gouverneur à Lomé ou les vestiges de l’imprimerie nationale de Porto-Novo au Bénin. Convoquant le « langage de l’architecture comme témoin de mémoire et des changements sociaux », son corpus photographique questionne nos modes de vie, nos interactions sociales et notre rapport à l’Histoire. Sous le nom Comme un œil qui voudrait voir, ses dernières œuvres ont été exposées à l’Institut français de Dakar du 17 mai au 31 août, et jusqu’en novembre, il représente son pays à la 60e édition de la Biennale de Venise, qui marque la cinquième participation de la Côte d’Ivoire à l’un des événements les plus prestigieux de la planète art.


Prisca Gilbert : Cheffe

Prisca Gilbert, Cheffe multi-toques, est passionnée de cuisine depuis sa tendre enfance. Après 13 années passées dans une agence de communication, elle décide de faire de sa passion son métier. Troquant les escarpins pour des baskets, elle se lance dans la folle aventure du monde culinaire, et entame une formation à l’Institut Paul Bocuse de Lyon, dont elle sortira diplômée en 2015. Ambassadrice de la gastronomie « orange-blanc-vert » (des couleurs du drapeau ivoirien), cette fonceuse fait rayonner les saveurs ivoiriennes tant au niveau national qu’international. Chroniqueuse culinaire sur Radio France internationale (RFI) depuis 2018, elle est également l’autrice du livre Les recettes de Mamie Akissi,paru en 2022, et est depuis peu à la tête de l’une des meilleures tables de la ville, La Maison d’Akissi, dont le concept allie gastronomie et art contemporain africain. Sa cuisine, indiscutablement locavore, rend hommage aux produits du riche terroir ivoirien dans des assiettes travaillées et présentées comme des toiles.  Prisca Gilbert est aussi cheffe exécutive des cuisines du Four Eleven Resort, un hôtel boutique arty entre mer et lagune à Assinie.


Venance Konan : Journaliste, Éditorialiste, Romancier, PCA de la Société Ivoirienne de Télédiffusion

Écrivain, journaliste, éditorialiste et essayiste prolifique, Venance Konan est renommé pour ses œuvres littéraires et ses analyses socio-politiques grinçantes. Il débute sa carrière en tant que journaliste (en 1993 il est nommé meilleur journaliste ivoirien en enquête et en reportage, puis en 2003, meilleur journaliste ivoirien pour la réconciliation), et gravit rapidement les échelons, occupant notamment le poste de directeur général du quotidien gouvernemental Fraternité Matin. Ses écrits, combinant souvent satire et humour, revisitent l’histoire mouvementée du pays, dont ils dépeignent avec un humour féroce les réalités socio-politiques, dans une démarche « afro-sarcastique » proche des thèses du journaliste Stephen Smith, auteur de Négrologie (2003). Plusieurs fois récompensé par le prestigieux Prix Ebony, Grand Prix littéraire d’Afrique noire en 2012 et Prix de la presse panafricaine au Salon du livre de Paris 2018 pour son ouvrage Si le noir n’est pas capable de se tenir debout, laissez-le tomber, édité chez Michel Lafon, Venance Konan reste une référence incontournable du paysage médiatique local et incarne encore, aux yeux de beaucoup, les grandes heures du journalisme ivoirien. Son dernier livre, Robert, Catapila et l’orpailleuse, est paru en mai 2024.


Laetitia Ky : Artiste Afro-Féministe

Si elle s’est fait remarquer grâce à ses sculptures capillaires ébouriffantes véhiculant des messages engagés tout en valorisant le cheveu crépu, l’« artiviste » Laetitia Ky a plus d’un tour dans sa besace et bien des crins à son arc : de prestigieuses collaborations (Marc Jacobs, Burberry, Apple…) ; un contrat avec Elite Model World ; une participation à deux longs-métrages (La Nuit des rois de Philippe Lacôte et Disco Boy de Giacomo Abbruzzese, Ours d’argent à la Berlinale 2023) ; le livre autobiographique Love and Justice ; une participation à la Biennale de Venise 2022 ; deux expositions parisiennes (aux Arts décoratifs et à la biennale Photoclimat) ; un record Guinness et une communauté de près de 7 millions de followers tous réseaux confondus. Après la sculpture, la peinture, le cinéma et la mode, l’ultra-créative Laetitia Ky prépare un roman graphique destiné à interpeller la jeunesse : l’histoire d’une héroïne africaine dont les super pouvoirs viendraient de sa chevelure. 


Aristide Loua : Styliste, Directeur Artistique, CEO

Après avoir parcouru le globe de l’Inde aux États unis, Aristide Loua rentre au pays en 2015 et embrasse pleinement ses racines ivoiriennes. Un retour aux sources qui lui permet de fonder Kente Gentlemen, marque de vêtements unisexe aux matières 100 % made in Côte d’Ivoire – sa matière de prédilection, le kenté, est un tissu porté par la noblesse ivoirienne. Ses créations, à la fois colorées et élégantes, valorisent le patrimoine africain, dans une démarche à la fois économique et politique. En 2023, elles ont valu au jeune créateur d’être élu Designer Africa Fashion Up lors de la grande manifestation parisienne de mode africaine créée par le mannequin Valérie Ka.


Georges Momboye : Danseur, Chorégraphe, Scénographe

Chorégraphe de renommée internationale et fin connaisseur des danses traditionnelles qu’il a su citer et détourner vers des horizons plus contemporains, Georges Momboye a appris le classique et le jazz à Abidjan, perfectionnant son art auprès de Marie Rose Guiraud, Souleymane Koly puis Alvin Ailey à New York. Directeur du Ballet national et du Cirque de Côte d’Ivoire depuis 2018, il s’est spécialisé dans les grands mouvements chorégraphiques et fresques monumentales : Coupe du monde de football 2006 en Allemagne et 2010 en Afrique du Sud, cinquantenaire de l’indépendance de la Côte d’Ivoire et Festival mondial des arts nègres de Dakar en 2010, inauguration du stade olympique d’Ebimpé en 2020, cérémonies d’ouverture de la CAN 2023 et participation à la cérémonie d’ouverture de la 33e Olympiade (JO de Paris 2024) … Avec l’ouverture en 2022 du Centre Georges Momboye Arts Pluriels, il compte bien contribuer à détecter et façonner une nouvelle génération de danseurs sans frontières, vecteurs d’une autre manière de penser une autre Afrique.


Oualas : Comédien, Humoriste, Producteur et Président du Festival Afrique du Rire

Oualas – Tahar Lazrak à l’état civil –, le plus ivoirien des Marocains, est un humoriste hors pair très apprécié du public ivoirien. Revendiquant fièrement sa double nationalité, cet autodidacte, qui a débuté sa carrière en 2007 avec une petite webcam installée dans sa chambre, est aujourd’hui l’initiateur et propriétaire du plus grand festival d’humour d’Afrique, « L’Afrique du rire », qui sillonne 40 à 50 000 km par an avec plus de 30 artistes internationaux, et dont la cinquième édition se tiendra en octobre 2024. Après avoir côtoyé les scènes les plus prestigieuses de l’humour international (Montreux, le Marrakech du Rire, le Juste pour rire canadien…), Oualas prépare actuellement un nouveau spectacle intitulé « Afro-optimisme ».


Suspect 95 : Chanteur, Auteur-Compositeur

Rappeur autodidacte connu pour ses paroles percutantes et ses commentaires sociaux, Suspect 95 (Ange Emmanuel Gui à la ville) s’est rapidement imposé comme l’ambassadeur du rap ivoire, et l’un des artistes les plus influents de sa génération. À travers ses chansons émaillées de nouchi (l’argot populaire ivoirien) alliant rythmes africains traditionnels et nouvelles sonorités hip-hop, il dépeint sans fard la réalité de la jeunesse ivoirienne. Artiste engagé, le « Chef du Syndicat » (sa communauté de fans) utilise ses plateformes pour aborder des questions telles que le chômage, l’éducation et la gouvernance. Élu en 2020 meilleur artiste rap lors du Prix international des musiques urbaines et du coupé-décalé (PRIMUD), son premier album Société Suspecte, sorti en 2023, a confirmé son succès auprès de son audimat. 


Tam Sir : Chanteur, Auteur-Compositeur

Avec plus de 86 millions de vues sur YouTube et plus de 15 millions de streams sur Spotify France, le tube instantané «Coup du marteau », certifié single d’or par le Syndicat national de l’édition phonographique (SNEP), a propulsé Tam Sir (Ngo Jock Tam Sir Junior Yihué de son vrai nom) au rang de star de la scène musicale ivoirienne, et résonne désormais au-delà des frontières africaines. À la croisée du rap ivoire et du coupé-décalé, son jeune interprète (25 ans à peine) a déjà collaboré avec les plus grands noms de la scène ivoirienne (Didi B, Dj Arafat, Kiff No Beat…) et n’a, de toute évidence, pas fini de faire parler de lui. 


Jean Servais Somian : Designer, Ébéniste Et Sculpteur

Plébiscité par la star américano-éthiopienne du design Jomo Tariku dans le New York Times, Jean Servais Somian, alias «Monsieur Ablakassa », s’est taillé une réputation internationale en taillant dans le cœur fibreux des cocotiers. Alliant la rigueur de l’ébénisterie occidentale à la spontanéité créative de l’artisanat africain, il compose un design d’inspiration tradi-contemporaine qui fait corps avec son environnement. Soucieux de transmettre ce qu’il n’a pas eu la chance de recevoir, il a formé pendant un an dans son showroom de Grand-Bassam de jeunes stylistes dont les créations ont été exposées à la fondation Donwahi puis à la galerie 110 Véronique Rieffel, à l’occasion de la Paris Design Week de 2023. Parmi ses projets en cours et à venir, la conception du mobilier urbain du parc d’Akouédo, projet d’envergure opéré par le groupe PFO Africa.  


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