En seulement deux ans, l’ingénieur civil et homme d’affaires accompli a réussi à faire de son entreprise, Société de Développement de Projets (SDP), un acteur incontournable dans le conseil en gestion de projets d’infrastructures en Afrique de l’Ouest. Ce modèle de réussite est, entre autres, le fruit de son parcours forgé chez deux leaders mondiaux du secteur du bâtiment et des travaux publics (BTP) : Vinci et Bouygues.
Lancée officiellement en 2022 à Cotonou avec zéro collaborateur, SDP compte aujourd’hui une équipe de 50 experts locaux et internationaux, gère un carnet de commandes de 10 millions d’euros, et attire une clientèle diversifiée du secteur privé et public. « Nous ne fournissons que de la prestation intellectuelle », explique Georges Alé, dont l’entreprise est spécialisée dans le conseil, l’assistance à la maîtrise d’ouvrage, la maîtrise d’œuvre, l’audit et la restructuration d’entreprises et de projets.
Par ailleurs, grâce à son expertise, Georges Alé a été nommé, en juin 2024, membre du conseil d’administration de l’autorité chargée de la gestion du corridor Abidjan-Lagos, l’un des projets les plus ambitieux d’Afrique, avec près de 1 000 km d’autoroutes à construire et un investissement de plus 16 milliards de dollars (14,5 milliards d’euros). Un succès de plus dans une carrière déjà riche.
« Georges Alé a été nommé, en juin 2024, membre du conseil d’administration de l’autorité chargée de la gestion du corridor Abidjan-Lagos, l’un des projets les plus ambitieux d’Afrique »
Un Parcours Forgé chez les Géants Mondiaux du BTP
Avant de se lancer dans l’entrepreneuriat, Georges Alé a gravi les échelons au sein de deux des plus grandes entreprises de construction au monde : Vinci et Bouygues. Diplômé de l’École polytechnique fédérale de Lausanne, avec une spécialisation dans les infrastructures et l’environnement, l’homme est également titulaire d’un doctorat en génie civil de l’école polytechnique d’Abomey-Calavi (Bénin) et du prestigieux MBA de l’Institut européen d’administration des affaires (INSEAD). Autant de compétences que ce passionné d’excellence a encore enrichies avec des formations complémentaires à la Wharton Business School (USA) et à la London Business School.
Repéré lors d’une rencontre étudiants-entreprises, il rejoint Sogea-Satom, la filiale de Vinci en Afrique, débutant une carrière internationale qui le mènera d’abord au Tchad comme conducteur de travaux sur des projets routiers et aéroportuaires, ensuite au Rwanda et en Ouganda, où il travaille sur des projets d’adduction d’eau potable, de construction d’ouvrages hydrauliques, de captage, de traitement et de distribution d’eau potable. Son ascension continue lorsqu’il est nommé directeur de projet de DUMEZ Maroc, filiale de Vinci au Maroc, devenant ainsi le premier ressortissant d’Afrique subsaharienne nommé à un poste de direction de Vinci au Maroc. Il y dirige de grands projets dans le cadre de l’aménagement de la vallée du Bouregreg entre Rabat et Salé – notamment la marina et le port de pêche de Rabat-Salé – et ces expériences solidifient ses compétences en management et en leadership. En outre, au cours de ses deux dernières années au Maroc, Georges Alé occupe le poste de directeur des opérations en charge du développement de l’activité maritime et portuaire de Vinci sur la côte ouest-africaine. Ce qui lui permet d’intervenir dans plusieurs pays de la sous-région : Bénin, Togo, Guinée, Côte d’Ivoire. « J’ai installé et piloté les équipes pour réaliser des projets d’envergure », explique-t-il.

La Réussite au Niger : de la Crise à l’Expansion
Après cette expérience concluante au Maroc, Georges Alé est nommé directeur de projet de Sogea Satom pour l’aéroport de Bamako au Mali (2011-2012) sur financement du Millenium Challenge Corporation (USA). Il est ensuite promu directeur général du groupe au Niger, l’une des étapes majeures de sa carrière. Nommé dix mois à peine après l’enlèvement de plusieurs collaborateurs de l’entreprise par Al-Qaïda au Maghreb Islamique, il relève en effet un défi de taille : redresser une activité en déclin, dans un contexte difficile. « C’était une période assez tendue. Le groupe m’avait demandé d’y aller, afin de gérer une activité en baisse ». Néanmoins, plutôt que de se contenter de gérer l’existant, Georges Alé met en place une stratégie de diversification sur des secteurs ou le groupe était absent, tels que l’hydraulique et le bâtiment, tout en introduisant la pratique de financement des projets par des apports de financement. « C’étaient parmi les premiers projets réalisés par l’entreprise en Afrique de l’Ouest avec des apports de financement », indique l’ingénieur.
Grâce à cette stratégie audacieuse, la filiale du Niger passe de 5 à plus de 80 millions d’euros de chiffre d’affaires en seulement trois ans, et de 25 à plus de 5 000 collaborateurs et tâcherons, devenant, par la même occasion, l’une des plus grandes filiales de Vinci en Afrique, alors qu’elle était l’une des plus petites avant l’arrivée de Georges Alé. Cette approche, basée sur la diversification des activités et l’introduction de financements innovants, démontre ainsi la capacité du dirigeant à relever des défis complexes.
Le Retour au Bénin et la Création de SDP
Après cette riche expérience de près de cinq années au Niger, Georges Alé rejoint le siège de Vinci à Paris, pour occuper un nouveau poste stratégique : directeur des projets Afrique et Moyen-Orient de Vinci Concession, la filiale du groupe qui finance, construit et exploite les autoroutes et aéroports en France et dans le monde. « Cette expérience m’a permis de me renforcer en financement structuré, de parcourir à nouveau le continent et de travailler sur des projets au Cameroun, au Kenya, au Bénin, en Côte d’Ivoire, ainsi que d’avoir des discussions au plus haut niveau avec les dirigeants de ces pays et les gouvernements ».
Deux ans après, Georges Alé ressent le besoin du retour au pays. Néanmoins, il décline certaines propositions pour occuper un poste public au Bénin car, explique-t-il, « je ne me sentais pas prêt à ce moment-là ».
L’opportunité du retour au Bénin lui est offerte lorsqu’il est nommé, en 2018, administrateur-directeur général de Colas Afrique, une filiale du géant des BTP Bouygues. L’ingénieur obtient du groupe d’être basé à Cotonou, alors que ses prédécesseurs étaient généralement basés à Abidjan, Johannesburg ou Casablanca. « Ma plus grande fierté, dit-il, est d’avoir réalisé dans mon pays des ouvrages complexes et prestigieux comme la place de l’Amazone, le boulevard de la Marina, l’aéroport de Cotonou ».
Quatre ans plus tard, Georges Alé fait un pari risqué : quitter une position confortable pour se lancer dans l’entrepreneuriat et fonder SDP. « Si vous demandez à mon épouse pourquoi je l’ai fait, elle vous dira que j’ai été “gbassé” (envoûté, NDLR) », plaisante-t-il. Néanmoins, en misant sur une offre innovante, l’entrepreneur avait pour ambition de contribuer à résoudre l’un des défis majeurs du secteur des infrastructures en Afrique, où plus de 80 % des projets échouent, alors que les États africains consacrent entre 40 et 50 % de leur budget à la construction des infrastructures. « Ce sont des échecs liés notamment au dépassement des coûts, au non-respect des délais, à la qualité des réalisations, à un faible un système de suivi de réalisation des projets. J’ai décidé de lancer SDP pour répondre à ce déficit criant en matière de gestion de projets », confie l’entrepreneur.
C’est pourquoi, en se spécialisant dans des missions d’assistance, de conseil, d’audit et de restructuration, SDP propose à ses clients une offre globale et intégrée, couvrant tous les aspects en matière de projet BTP : techniques, financiers, juridiques, sociaux environnementaux, etc., avec l’objectif de professionnaliser davantage le secteur en Afrique.
« En se spécialisant dans des missions d’assistance, de conseil, d’audit et de restructuration, SDP propose à ses clients une offre globale et intégrée, couvrant tous les aspects en matière de projet BTP : techniques, financiers, juridiques, sociaux environnementaux, etc., avec l’objectif de professionnaliser davantage le secteur en Afrique »
L’Innovation au Service des Infrastructures Africaines
Toujours en quête d’innovation, Georges Alé a équipé son entreprise d’outils digitaux modernes, comme l’application SDP Connect, qui permet aux clients de suivre en temps réel l’évolution de leurs projets. SDP se prépare également à obtenir, en mars 2025, une triple certification en qualité, sécurité et environnement, tout en développant un ERP (« Enterprise Resource Planning », progiciel de gestion intégrée, NDLR), conçu en interne par ses propres ingénieurs. L’objectif est clair : propulser SDP sur la scène internationale, tout en renforçant son ancrage local. Actuellement, 80 % des activités de l’entreprise se déroulent au Bénin, mais Georges Alé prévoit d’inverser cette tendance d’ici deux ans. Pour ce faire, SDP dispose également d’un bureau en France, afin de nouer des partenariats au niveau international, et développe des relations de travail avec plusieurs autres pays africains, notamment la Côte d’Ivoire, la Guinée, le Gabon, le Togo, le Niger ainsi que la République démocratique du Congo.
« Actuellement, 80 % des activités de l’entreprise se déroulent au Bénin, mais Georges Alé prévoit d’inverser cette tendance d’ici deux ans »
Transmission du Savoir et Impact Social
En plus de ses responsabilités entrepreneuriales, Georges Alé est un fervent défenseur de l’éducation et de la transmission du savoir. Pour ce faire, il s’investit dans la formation de la future génération d’ingénieurs africains. Il dispense des cours de leadership et de management de projets aux étudiants de l’École polytechnique d’Abomey-Calavi. Ces compétences, explique-t-il, manquent énormément dans les profils des ingénieurs actuellement formés, alors que ce sont des qualités cruciales dans la conduite et la réussite des projets d’infrastructures.
Parallèlement, SDP organise des conférences, les SDP Talks, où des experts de haut niveau débattent de sujets clés pour le développement, tels que la mobilité urbaine ou l’utilisation des matériaux locaux. Convaincu que le développement des infrastructures en Afrique passe par des partenariats public-privé solides et une meilleure gestion des fonds, Georges Alé milite pour l’amélioration des mécanismes de financement, des capacités d’absorption de ces financements et la lutte contre la corruption.
À la tête de SDP, Georges Alé combine donc succès entrepreneurial, ingénierie, transmission de savoirs et engagement pour un développement durable des infrastructures en Afrique. Il a eu l’occasion d’exposer cette vision sur plusieurs scènes internationales en tant que conférencier, notamment à Bruxelles à la Conférence des fédérations européennes des constructeurs internationaux, à Bâle sur invitation de la Direction du développement et de la coopération suisse pour son forum sur le développement des infrastructures et des fintech en Afrique.
« Ma plus grande fierté est d’avoir réalisé dans mon pays des ouvrages complexes et prestigieux comme la place de l’Amazone, le boulevard de la Marina, l’aéroport de Cotonou ».
