Continent riche en talents créatifs, l’Afrique voit ses industries culturelles et créatives se développer rapidement. Une dynamique à laquelle participent un nombre croissant d’acteurs, bien déterminés à accompagner ce mouvement synonyme de bonnes affaires.

^{Par Antoine Leroy}

Selon le G20 Insights, un groupe de réflexion associé aux États du G20, l’économie créative mondiale (musique, cinéma, télévision, édition, animation, jeu vidéo…) devrait représenter 10 % du PIB planétaire d’ici 2030. À l’aune de ce réservoir de croissance, l’Afrique – continent riche en talents créatifs – a un intérêt évident à accélérer le développement de ses industries culturelles et créatives, qui ne représentent pour l’heure que 1 % de son PIB, contre 4 % en Europe. Nollywood, la célèbre industrie du cinéma nigérian qui produit environ 2500 films par an et emploie plusieurs centaines de milliers de personnes, est l’un des exemples les plus connus de ce secteur créatif africain qui revendique sa place sur la scène économique mondiale. Idem pour les secteurs en forte croissance du streaming musical (500 millions de dollars de chiffre d’affaires attendu en 2025 – pour l’ensemble du continent – contre seulement 100 millions de dollars en 2017, selon la Banque mondiale), de l’animation et du jeu vidéo.

Les Filières ICC, Un Réservoir De Croissance

Autant d’exemples qui prouvent, si besoin en était, que les produits créatifs du continent ont trouvé à la fois leur public… et leur business model. Davantage, au-delà du fait qu’elles procurent un nombre toujours plus grand d’emplois, les filières ICC s’affirment comme un relais de croissance pour des économies africaines en quête de diversification. Sans oublier le fait qu’elles jouent un rôle clé dans la transformation numérique en cours, avec des niches en forte progression telles que le gaming ou l’e-sport. Certes, tout n’est pas rose, de nombreuses failles demeurant dans l’écosystème créatif africain, à l’image de la faible protection des droits d’auteur, de la professionnalisation souvent déficiente des filières (mode, production audiovisuelle, graphisme et jeux vidéo, artisanat, arts plastiques…) ou encore de la difficulté à mobiliser les financements nécessaires, notamment au sein du secteur privé. En dépit de ces difficultés, bien réelles, l’optimisme est néanmoins permis, la dynamique actuelle allant clairement dans le sens d’un renforcement des ICC africaines, comme le démontre la multitude d’initiatives prises tant par les États du continent que par les grandes institutions de développement. En pointe sur ce sujet, la banque africaine d’import-export Afreximbank a ainsi lancé en janvier 2020 un fonds de 500 millions de dollars spécifiquement dédié aux entrepreneurs créatifs africains. Une première sur le continent. « Les industries créatives peuvent être de puissantes locomotives pour des stratégies de croissance plus équitables, durables et inclusives pour les économies africaines », rappelait alors le président de l’établissement financier panafricain, Benedict Oramah, pour qui « le changement est arrivé ».

Impulser Le Changement

À l’heure de la mise en place de la zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) – qui devrait créer à terme un marché unique africain des produits créatifs – et du déploiement des outils numériques, qui offrent un champ de possibilités quasi infini aux créateurs, on ne saurait mieux dire.

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