L’entreprise française JA Delmas a cédé son activité de représentant ouest-africain du fabricant de machines américain au banquier Jean-Luc Konan, PDG du groupe de mésofinance Cofina. Un nouveau chapitre de l’aventure entrepreneuriale du financier ivoirien, qui continue de tracer imperturbablement son sillon.
Retour sur une opération qui a fait l’actualité.
Par Jérémie Suchard – Paru dans l’édition N°70
Numéro un mondial de la construction d’engins de génie civil, l’Américain Caterpillar (+ de 59 milliards de dollars de chiffre d’affaires en 2022) a désormais un nouveau partenaire en Afrique de l’Ouest en la personne du banquier ivoirien Jean-Luc Konan. L’entreprise bordelaise JA Delmas, concessionnaire historique de la marque Caterpillar sur le continent, a cédé cette activité dans les 11 pays d’Afrique de l’Ouest où elle était présente, au consortium conduit par le patron de la Compagnie financière africaine (Cofina).
L’homme d’affaires Jean-Luc Konan, figure de proue de la finance à travers sa Compagnie financière africaine (Cofina), présente dans neuf pays d’Afrique de l’Ouest et centrale.
Un leader régional
« Après quatre-vingt-dix ans de représentation de la marque Cat, nous sommes fiers du parcours accompli qui a permis de construire un leader de la distribution de biens d’équipements en Afrique de l’Ouest, et passons en confiance le relais à M. Konan en lui souhaitant le meilleur succès pour les années futures », a notamment déclaré Hervé Delmas, président du conseil de Delmas investissements et participations, la holding pilotant l’entreprise JA Delmas.
700 Millions de chiffre d’affaires annuel
De son côté, Jean-Luc Konan, alors âgé de 49 ans, s’est félicité de « [reprendre] le flambeau de la représentation Caterpillar […] un groupe employant plus de 2 000 salariés et réalisant 700 millions d’euros de chiffre d’affaires », tout en disant vouloir « [poursuivre] la transformation du concessionnaire en une société de services à forte valeur ajoutée ». De fait, au-delà de la reprise de la représentation ouest-africaine du fabricant américain d’équipements de construction
et d’exploration minière, le vrai deal pour l’entrepreneur ivoirien devrait être réalisé sur le volet des solutions financières associées à la fourniture de matériels. Dans le secteur de la construction par exemple, une machine neuve peut coûter plusieurs centaines de milliers d’euros ; une somme difficile à mobiliser sans crédit bancaire pour nombre de petites et moyennes entreprises. Or, prêter de l’argent, c’est précisément le métier du patron de Cofina, une structure de mésofinance — à mi-chemin entre la banque et la microfinance — en croissance rapide qui, depuis ses débuts en 2015, a servi près de 260 000 clients et octroyé quelque 1 100 milliards de francs CFA de crédits dans huit pays des zones UEMOA et CEMAC (Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée, Sénégal, Mali, Togo, Congo-Brazzaville, Gabon). Une bonne manière, en somme, de facturer potentiellement plusieurs prestations aux clients du réseau ouest-africain de Caterpillar (vente, services de location, assistance technique, contrats de maintenance et solutions de financement) et de faire travailler la base de capital de Cofina, en constante progression au cours des dernières années grâce aux multiples opérations financières réalisées avec des partenaires externes (Mediterrania Capital Partners, Caisse des dépôts et consignations de Côte d’Ivoire, NSIA, Sunu…). L’annonce faite alors, par le capital-risqueur Development Partners International (DPI) d’une prise de participation minoritaire dans Cofina pour un montant de 60 millions de dollars était à cet égard la dernière opération en date destinée à renforcer les ambitions du financier ivoirien, passé par Citi, Ecobank et United Bank for Africa (UBA) avant de se lancer dans l’aventure entrepreneuriale Cofina.
Au-delà de la reprise de la représentation ouest-africaine de Caterpillar, le vrai deal pour l’entrepreneur ivoirien devrait être réalisé sur le volet des solutions financières associées à la fourniture de matériels.
Une concurrence accrue
Pour ce nouveau pari sur le marché des équipements lourds, Jean-Luc Konan devra toutefois compter avec une concurrence accrue. Porté par une solide demande dans le secteur de la construction et un cours favorable des matières premières, le marché africain des engins de génie civil suscite de fait les convoitises de constructeurs tels que le Japonais Komatsu, le Suisse Liebherr, le Suédois Volvo, le Britannique JCB ou le Chinois Liu Gong, tous bien déterminés à tirer profit des perspectives prometteuses offertes par le continent. À bon entendeur…