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La Crypto, Une Immense Chance Pour L’Afrique

Depuis un peu plus de 15 ans, le Bitcoin se propage à bas bruit dans toutes les économies du monde, et le continent africain ne fait pas exception. Parce qu’elle constitue un outil simple à utiliser et qu’elle peut résoudre de réels problèmes au quotidien, cette cryptomonnaie s’impose petit à petit dans le paysage financier actuel comme une proposition sérieuse.

Par Ben Canton, Correspondant Afrique pour Le Journal du Coin


Quand on parle de Bitcoin, de cryptomonnaie et donc de blockchain, il peut être ardu de faire la part des choses entre la technologie et ses utilisations réelles. Les promesses autour des NFT (non fungible token ou « jetons non fongibles »), les rêves de métavers ou les applications futures de la blockchain ne doivent pas faire oublier que sur le terrain, c’est surtout le Bitcoin que l’on utilise. Mais parce que tout ceci est très nouveau, le manque d’information amène parfois à le confondre
avec les autres cryptomonnaies, alors que sa proposition de valeur est bien différente. De même, le comportement frauduleux de certaines sociétés a jeté le discrédit sur tout un secteur qui ne le méritait pas. L’écosystème crypto est vaste, complexe et encore jeune : il demande un peu de nuance et de prudence.

Ainsi est-il compliqué de déterminer le profil type d’un utilisateur sur le continent, tant la diversité des pratiques est grande. Entre les traders, les petits épargnants et ceux qui vont l’utiliser pour recevoir de l’argent de l’étranger, différentes réalités se côtoient. C’est pourquoi on gagnera à s’éloigner un peu du bruit médiatique et des polémiques pour se rapprocher de ceux qui utilisent le Bitcoin simplement pour ce qu’il est : un moyen d’envoyer, de recevoir et de stocker de la valeur. Et ce, peu importent leur pays, leur origine sociale, leur âge et leur genre, leur religion, leur ethnie, leurs orientations sexuelles ou leurs idées politiques.


Des Solutions Simples Et Accessibles

Sur un continent où l’inclusion financière demeure une problématique fondamentale, la cryptomonnaie propose des solutions simples et accessibles. Pas besoin de pièce d’identité ou d’adresse postale pour en profiter. Lorsqu’une monnaie nationale souffre d’une dévaluation importante, une crypto de type stablecoin (ou « monnaie stable » : un type de cryptomonnaie qui combine les avantages d’une cryptomonnaie avec la stabilité-prix des monnaies fiat traditionnelles, suivant pour cela le cours d’un actif de la finance traditionnelle, NDLR) peut faire office de protection temporaire. Alors que les envois d’argent des diasporas représentent une part non négligeable des économies, imaginer faire tomber à presque zéro les frais de transferts apparaît soudain comme une opportunité intéressante pour de nombreuses personnes sensées. Quand faire du commerce avec un pays voisin, parfois distant de seulement quelques kilomètres, devient une gageure à cause du cloisonnement monétaire, la cryptomonnaie constitue aussi une solution. Enfin, quand les libertés individuelles et l’expression des minorités ne sont plus garanties par un pouvoir par trop envahissant, l’anonymat relatif du Bitcoin se révèle confortable pour des activistes engagés.

“Après la révolution du Mobile Money, la cryptomonnaie apparaît en Afrique comme le chaînon manquant vers un système monétaire international ouvert et accessible au plus grand nombre.”

Pour toutes ces raisons, de nombreuses personnes se sont mises à l’utiliser, sans a priori, juste parce que ça fonctionne. Les pays africains grimpent donc petit à petit dans le Global Cryptocurrency Adoption Index compilé par Chainalysis,
le grand spécialiste des données de la blockchain. Le Nigéria est passé du 11e au 2e rang dans l’indice mondial d’adoption des cryptomonnaies, juste derrière l’Inde qui occupe la 1ère place du podium. Des pays comme le Kenya (21e), le Maroc (20e) et le Ghana (29e) figurent même dans le Top 30, aux côtés du Vietnam (3e), des USA (4e), de l’Ukraine (5e) ou encore des Philippines (6e). Ce classement comptabilise les transactions sur les plateformes centralisées, mais aussi, et surtout, les échanges de gré à gré, qui représentent une part conséquente du volume. Le continent occupe la première place mondiale à ce niveau-là, ce qui s’explique par l’efficacité et la simplicité du système. Alors que certains pays africains interdisent toujours le commerce et la détention de cryptomonnaies, ces échanges entre particuliers servent à contourner les lois et à préserver l’anonymat des utilisateurs.

Le Nigéria est la première économie cryptographique d’Afrique

“Le Nigéria peut se targuer d’avoir la population et l’économie les plus importantes d’Afrique subsaharienne et la plus grande économie en matière de crypto-monnaies. Ce qui est peut-être encore plus remarquable, c’est que l’économie cryptographique du Nigéria continue de croître malgré les turbulences du marché. Le Nigéria est l’un des six pays du top 50 mondial dont le volume de transactions cryptographiques a augmenté d’une année sur l’autre au cours de la période étudiée. Son taux de croissance de 9,0 % le place en troisième position parmi ces six pays.” Source : chainalysis


117,1 Milliards $ De Transactions En Crypto En Afrique Subsaharienne…

Notons enfin que de juillet 2022 à juin 2023, les transactions en crypto en Afrique subsaharienne ont totalisé une somme colossale de 117,1 milliards de dollars (selon l’étude publiée le 19 septembre par Chainalysis), ce qui représente 2,3% des transactions en cryptomonnaies recensées à l’échelle mondiale. En 2022, on sait que 80 % de ces transferts concernaient des sommes inférieures à 1 000 dollars (944 euros). Et ce chiffre est particulièrement intéressant, car il montre bien le côté pragmatique du Bitcoin, qui est principalement utilisé pour réaliser de petites transactions. Après la révolution du mobile money, la cryptomonnaie apparaît en Afrique comme le chaînon manquant vers un système monétaire international ouvert et décidément accessible au plus grand nombre. Les nouvelles fintechs du continent l’ont d’ailleurs bien compris en proposant différents outils pour mettre cette évolution dans toutes les poches et permettre notamment à la jeunesse africaine de s’affranchir des pesanteurs monétaires, sociales, économiques et financières. Alors oui, il faudra éduquer, expliquer et sûrement réguler. Il faudra également faire le ménage parmi les projets douteux qui se sont engouffrés dans l’univers de la cryptomonnaie, comme ce fut le cas auparavant dans celui du Web. Les escrocs n’ont pas attendu son avènement pour sévir et l’argent magique n’existe malheureusement pas, même sur la blockchain. Aujourd’hui, les outils sont là, comme le sont les forces vives et les ressources. La démocratisation de l’utilisation du Bitcoin et des cryptomonnaies pourrait libérer toute une génération qui ne demande qu’à construire son propre chemin et à prendre en main son destin afin de propulser le continent dans le troisième millénaire.


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