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La première ligne de défense de l’écologie est l’entreprise

Jean-Claude Samnick Mbombue

Les scandales écologiques sont légion en Occident. Il ne se passe pas une semaine sans un procès retentissant contre des pollueurs. La plupart des pays ont des partis dits écologistes qui défendent les droits des citoyens adeptes de ce mode de vie et souhaitent léguer une Terre propre à leurs enfants. Mais l’éveil à l’écologie reste timide en Afrique.

Chose curieuse, des hordes de touristes arpentent les terres africaines à la recherche d’une nature préservée pour sa plus grande partie et d’espaces calmes sans immeubles à perte de vue et une pollution sans fin. Mais quand on arrive dans les villes africaines, c’est un autre monde qui se dévoile, des rues et des trottoirs jonchés de poubelles et de détritus, des voitures antiques qui rejettent des gaz toxiques à foison sous le regard impuissant de policiers affables. Qui n’a pas vu des bus vieux de vingt ans qui ne se font pas arrêter par la maréchaussée n’a rien vu de l’Afrique. Pour les camions, ce n’est pas mieux : ils sont dans un état de délabrement aussi avancé que leur dernier contrôle technique. Et les usines d’où ils proviennent sont encore pires. Peu d’instituts de contrôle sont fiables. Ceux qui pâtissent de cette incurie sont en premier lieu les voisins de ces usines, les personnes âgées, les femmes enceintes et les enfants. Ensuite vient l’homo economicus, qui paie ses impôts et donne les moyens à l’État de lui assurer un air respirable.
Pourtant, c’est l’inverse qui se produit : les grandes entreprises font ce qu’elles veulent. Le but pour les industriels ou les agro-industriels qui polluent est de faire du profit à tout prix. Il y a de bonnes âmes qui vous disent qu’elles mangent bio sous prétexte que leurs aliments sont produits en Afrique. Elles ne se préoccupent guère de savoir dans quelles conditions ces aliments sont cultivés, et combien de tonnes de pesticides sont nécessaires pour produire ces bananes plantains ou ces ananas consommés en famille.
Non seulement c’est un scandale écologique que les États laissent faire, mais c’est en plus une aberration pour ces entreprises. Il peut sembler difficile de changer les habitudes de production en Occident, car le mal y est profond et l’industrialisation y a été poussée à son paroxysme. Mais l’Afrique peut justement éviter les erreurs des autres continents en édictant des normes drastiques pour avoir une pollution zéro et protéger ses populations. On va encore mettre en avant la corruption et la mauvaise gouvernance pour expliquer ces errements. Il est vrai que le producteur de porc qui pollue avec les nitrates doit être condamné au pénal. Idem pour celui dont l’usine rejette ses eaux usées dans la rivière la plus proche sans système d’épuration.
Or ces industriels ou producteurs pourraient conscientiser les responsables politiques.
Il faut du volontarisme et un engagement citoyen pour défendre la cause écologique. Et elle est rentable à moyen et long termes. Il faut sortir des villes pour s’apercevoir de la beauté qu’offre un ciel où l’on aperçoit encore les étoiles. Les touristes se battent pour profiter d’un air pur dans un espace boisé, protégé et préservé. L’écologie pourrait également servir à créer de l’emploi grâce aux nouveaux services et à l’accroissement des tâches nécessaires pour garder des villes propres ou des zones industrielles sans pollution.
L’État est gagnant aussi, car moins de pollution veut dire moins de citoyens atteints de maladies respiratoires et autres affections plus graves. Et au lieu d’être connue pour son air chargé en particules, pourquoi l’Afrique ne serait-elle pas à la pointe de l’écolobusiness ? Cette prise de conscience viendra d’abord du secteur privé, car il faut des leaders d’opinion avec du charisme et du leadership réel pour défendre ces idées et mettre en place leur application. Chaque entreprise devrait publier son empreinte carbone et ses engagements en matière de réduction de la pollution qu’elle engendre. La richesse se trouve loin du pétrole, du gaz et des voitures polluantes, qui sont vendues en Afrique alors qu’elles sont interdites de circulation en Europe. Le cercle vertueux commence avec la prise de conscience du chef d’entreprise. La croissance et l’émergence vont se faire grâce à la prise de conscience des leaders économiques.

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