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Peut-on encore réguler l’AI (Intelligence Artificielle) ?

L’intelligence artificielle a pris d’assaut notre monde à une vitesse effrénée, transformant tous les aspects de notre société. L’oiseau a pris son envol, le rattraper est-il concevable ? Ce bouleversement auquel nous assistons soulève des questions et des préoccupations éthiques profondes.

Par Albert Tjamag

Rattraper un cheval fou

Tous les paradigmes établis assurant une norme dans nos sociétés hiérarchisées deviennent de plus en plus obsolètes à chaque seconde qui passe. Les débats font rage quant aux conséquences de cette technologie sur l’emploi, la vie privée, la discrimination et la prise de décision automatisée. Dans un monde en perpétuelle évolution, les limites de l’Intelligence Artificielle sont constamment repoussées. Nous pouvons converser, imiter des voix, créer des films, flouter les frontières de ce qui est réel et virtuel. Dans ce capharnaüm, comment trouver un équilibre entre le progrès technologique et la préservation de nos valeurs fondamentales ?

Réglementer une évolution

Les défis d’une réglementation de l’Intelligence Artificielle sont nombreux et complexes, voire inatteignables tant le nombre d’acteurs semble infinis. Difficile de définir précisément ce qu’est l’IA, tant son impact est tentaculaire. Grâce ou à cause de lui, nous ne travaillerons plus jamais de la même manière. Les limites du possible sont sans cesse repoussées. La réglementation doit tenir compte de cette complexité et trouver un équilibre entre l’innovation et la protection des droits de l’homme et des valeurs mais comment stopper une locomotive lancée à pleine vitesse ?

Trouver des responsables

Un autre défi majeur réside dans l’établissement de responsabilités claires en cas de défaillance ou d’incident lié à l’IA. Lorsque des décisions cruciales sont prises par des systèmes d’IA, il est primordial de déterminer qui doit assumer les conséquences. Est-ce le fabricant du système, l’opérateur ou même l’algorithme lui-même ? Ces questions deviennent d’autant plus importantes lorsque l’IA est utilisée dans des secteurs sensibles tels que la santé ou la justice. La réglementation doit fournir des directives claires pour garantir que les responsabilités soient correctement attribuées et que des recours soient possibles en cas de dommage ou d’injustice.

Nous nourrissons la bête

La collecte et l’utilisation des données posent également des questions éthiques fondamentales en lien avec l’IA. Cette dernière repose sur l’exploitation de vastes quantités de données, ce qui soulève des préoccupations majeures concernant la vie privée, la sécurité des informations personnelles et la transparence des pratiques de collecte. Cette technologie est par définition invasive. Nous mettons en péril nos droits individuels en la nourrissant tous les jours grâce à la multitude de nos objets connectés. Dès lors, comment prévenir tout abus potentiel découlant de l’utilisation non autorisée ou abusive de nos données ?

À chacun son intelligence

L’Union Européenne a élaboré un cadre juridique ambitieux pour encadrer l’utilisation de l’IA, mettant l’accent sur la protection des droits fondamentaux et la transparence des systèmes d’IA. Plusieurs organisations internationales ont également développé des principes éthiques pour guider l’utilisation de l’IA, soulignant l’importance de la transparence, de la responsabilité et de l’équité. Certains pays ont pris des mesures pour réglementer l’IA au niveau national afin de protéger les droits des personnes, promouvoir l’éthique et garantir la responsabilité des acteurs impliqués. Mais nous ne faisons plus simplement face à de grosses entreprises, désormais il est très facile de charger un cerveau d’Intelligence Artificielle sur son ordinateur, de le nourrir et de le faire grandir. Qui pourra nous protéger contre la naissance d’une telle “superintelligence” malveillante ?

Le futur est déjà là

Ces initiatives réglementaires qui souhaitent façonner un avenir où l’IA sera utilisée de manière responsable, éthique et pour le bien de l’humanité semble illusoire. Il existe des biais algorithmiques, des atteintes à la vie privée et des conséquences sociales négatives. Plus jeune, nous regardions les films de science fiction du genre Terminator comme des extrapolations extravagantes mais la réalité nous rattrape à grands pas et ces futurs funestes ne sont plus aussi éloignés.

Nous avons ouvert une boîte de Pandore sans se poser la question des conséquences de nos actes. Il est peut être trop tard pour réussir à réglementer L’IA de manière éclairée et éthique, prenant en compte à la fois les préoccupations en matière de sécurité et la nécessité de progresser et d’innover. L’intelligence est une belle chose qui a jalonné l’évolution humaine depuis la nuit des temps. Nous avons créé une intelligence annexe qui va chercher à créer ses propres paradigmes et à autonomiser ses modes de pensée. Penser la réguler est un pari qu’il sera difficile de gagner à l’exemple d’un internet dont le dark web reste opaque.

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