Publiée en amont de la COP 30, la première édition du Greenplexity Index dresse un classement des pays en fonction de leur capacité à tirer parti de la transition énergétique. Réalisé par le Growth Lab, centre de recherche rattaché à l’Université de Harvard, cet indice met notamment en valeur plusieurs pays africains. Zoom sur les cinq principaux champions continentaux.
Par Romuald Tingi
Tunisie – (1er Pays Africain et 33e Mondial)
Première lauréate africaine du Greenplexity Index, la Tunisie confirme son statut de championne continentale de la transition énergétique. Les équipes du Growth Lab estiment en particulier que l’avance tunisienne sur le reste du continent africain repose en premier lieu sur la densité des clusters industriels du pays spécialisés dans les équipements électriques et systèmes de contrôle associés aux chaînes de valeur vertes, tels que les câbles isolés, transformateurs, fibres de verre et convertisseurs de puissance. À cette expertise technique s’ajoute par ailleurs un important tissu d’entreprises locales opérant avec les filières décarbonées européennes, ce qui tire mécaniquement la demande en technologies associées à la transition énergétique. Autant de points forts qui expliquent que le pays incarne, à l’échelle du continent, une rare combinaison de diversification, de savoir-faire technologique et de résilience industrielle.
«L’avance tunisienne repose en premier lieu sur la densité des clusters industriels du pays spécialisés dans les équipements électriques et systèmes de contrôle associés aux chaînes de valeur vertes »
Maroc – (2e Pays Africain et 58e Mondial)
Année après année, le Maroc consolide son statut de puissance « verte » émergente grâce à une stratégie volontariste basée sur les énergies renouvelables, les batteries et la mobilité électrique. Connu notamment pour sa centrale Noor Ouarzazate, l’un des plus grands complexes solaires du monde, le royaume chérifien dispose également de l’un des plus importants potentiels mondiaux dans le domaine de l’hydrogène vert, une technologie destinée à décarboner les industries fortement émettrices (pétrochimie, sidérurgie, ciment, engrais…). Au total, le montant des investissements d’ores et déjà annoncés dans cette filière d’énergie propre se chiffre à plus de 30 milliards de dollars. De quoi faire du Maroc l’un des laboratoires les plus prometteurs du continent pour l’économie verte.

Égypte – (3e Pays Africain et 64e Mondial)
Projets solaires d’envergure (parc de Benban, centrale solaire photovoltaïque d’Abydos…), investissements massifs dans l’hydrogène vert (7 milliards de dollars pour la seule usine intégrée d’hydrogène vert de Ras Shukeir, fruit d’un partenariat entre l’Égypte et la France), développement de la filière éolienne (parc éolien de Ras Ghareb)… Le pays des Pharaons multiplie les initiatives liées à la transition énergétique, confirmant ainsi sa vocation de hub « vert » au carrefour de l’Afrique, du Moyen-Orient et de l’Europe. De fait, l’Égypte peut compter sur sa puissance industrielle, adossée à un vaste marché intérieur (plus de 100 millions d’habitants) et à des infrastructures solides, pour attirer les capitaux étrangers et soutenir ainsi sa montée en puissance dans les chaînes de valeur vertes. Une dynamique nouvelle qui illustre la volonté du Caire de conjuguer industrialisation, durabilité et souveraineté énergétique.
« L’Egypte multiplie les initiatives liées à la transition énergétique, confirmant ainsi sa vocation de hub « vert » au carrefour de l’Afrique, du Moyen-Orient et de l’Europe »
Maurice – (4e Pays Africain et 67e Mondial)
Petite par sa taille (2000 km² pour 1,2 million d’habitants) mais ambitieuse par sa vision, l’Île Maurice se distingue par la sophistication de ses écosystèmes technologiques et manufacturiers déployés au service de la transition énergétique. L’île a su ainsi miser sur l’innovation et la durabilité pour compenser la contrainte de son étroit marché domestique. Sur ce point, les concepteurs du Greenplexity Index mettent en avant les filières de gestion énergétique, de recyclage avancé, d’agro-industrie verte et de services à haute valeur ajoutée pour illustrer cette diversification mauricienne réussie. Pas étonnant dans ces conditions que le pays se soit imposé comme un pôle régional de conception et d’implémentation de solutions durables, où les politiques publiques accompagnent étroitement l’investissement privé. Last but not least, la stabilité politique de Maurice, son cadre fiscal attractif et la qualité de son capital humain sont autant de points forts qui ont favorisé l’émergence d’entreprises compétitives dans la transition écologique mondiale.
Afrique du Sud – (5e Pays Africain et 69e Mondial)
Pilier industriel du continent, l’Afrique du Sud est depuis 2021 – année de la COP 26 – engagée dans un effort massif pour décarboner son économie, quatorzième émettrice de gaz à effet de serre de la planète et l’une des plus dépendantes au charbon. Pour parvenir à ses fins, le pays a mis en place une stratégie qui consiste notamment à développer les énergies renouvelables, la production de véhicules électriques et l’hydrogène vert. De fait, la nation Arc-en-ciel allie une base manufacturière diversifiée à une richesse minière stratégique – platine, manganèse, chrome – indispensable à la production de technologies vertes. Autant d’atouts décisifs qui expliquent que malgré un contexte énergétique interne encore fragile, l’Afrique du Sud conserve une avance structurelle sur la plupart de ses pairs africains, grâce à son savoir-faire industriel et à son intégration dans les chaînes de valeur mondiales.
« L’Afrique du Sud allie une base manufacturière diversifiée à une richesse minière stratégique – platine, manganèse, chrome – indispensable à la production de technologies vertes »

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