La 4e édition du Choiseul Africa Business Forum, réunion très attendue du secteur privé africain s’est tenue les 16 et 17 novembre 2023 dans le hub économique de Casablanca. L’occasion de mettre en lumière les nombreuses opportunités offertes par le continent africain, ainsi que les aspirations des populations et des gouvernements à atteindre une véritable souveraineté économique.
Par Olivia Yéré Daubrey, envoyée spéciale à Casablanca
Ce rendez-vous incontournable du monde des affaires était placé sous le haut patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, en partenariat avec la région de Casablanca-Settat et la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM). Durant deux jours, les lauréats et jeunes pousses du Choiseul 100 Africa, aux côtés de nombreux poids lourds de la scène économique, et de hauts représentants institutionnels d’Afrique et d’Europe ont échangé lors de panels à grandes thématiques, axés sur la croissance du continent. Au total, cette 4e édition a réuni 800 participants et plus d’une centaine d’intervenants. Les dialogues ont favorisé l’émergence de solutions concrètes, notamment dans les domaines des chaînes de valeurs agroalimentaires, des grands projets privés dans les infrastructures, des systèmes financiers innovants, ainsi que des partenariats public-privé (PPP) et de la coopération inter-régionale.
L’Afrique doit conquérir sa souveraineté économique
Alors que la souveraineté des États est ébranlée par la globalisation des échanges et les multiples crises qui se succèdent, la question de la souveraineté économique de l’Afrique était au cœur des discussions. Lors d’un panel intitulé “Quelle souveraineté économique pour l’Afrique”, les participants ont évoqué les principaux enjeux en termes de souveraineté politique, technologique, sanitaire et alimentaire. Parlant de la souveraineté diplomatique et territoriale, le ministre des Affaires étrangères du Bénin, Shegun Bakari a constaté que « Dans le concert des nations dans lequel nous sommes aujourd’hui, nous avons beau nous dire que nous sommes 55 États en Afrique où chaque État à un vote au niveau de l’Assemblée générale des Nations Unies, la réalité et c’est triste à dire, c’est que les grandes décisions internationales, sont encore prises au sein du Conseil de Sécurité des Nations Unies. Malheureusement au sein de ce Conseil, l’Afrique ne dispose pas d’un siège permanent. »
Pour le ministre béninois, « La souveraineté politique passe par une meilleure gouvernance des États qui feront que nos pays seront mieux respectés, et que nos voix seront mieux entendues. C’est cela qui permettra d’asseoir la souveraineté totale de notre groupe de pays. »
Bénin, terre d’opportunités
Succédant à Madagascar comme pays d’honneur, le Bénin partenaire stratégique de l’événement a été représenté au plus haut niveau par la présence de Mme Mariam Chabi Talata, Vice-présidente de la République du Bénin. S’exprimant sur les opportunités offertes par son pays, la femme d’État a déclaré : « Notre pays le Bénin, depuis un certain nombre d’années, s’est engagé dans une dynamique de développement, de transformation de son économie. Nous nous rendons compte à travers cette invitation que notre pays a fait des progrès qui le rendent visible. Le Bénin en ce qui concerne la structuration de son économie est un cas d’école, les gens sont très regardants de tout ce qui se fait dans notre pays et cela nous motive à en faire davantage. »
Valorisé à plusieurs reprises lors de l’événement, le panel dédié aux investissements, a démontré sans équivoque que le Bénin est une nation qui a le vent en poupe. Les interventions des différentes parties prenantes ont permis de révéler quelques réalisations fortes du pays parmi lesquelles la zone industrielle de Glo-Djigbé (infrastructures commerciales, industrielles, de stockage et logistiques sur 1640 hectares) projet phare du gouvernement, et l’effort sans relâche déployé pour la transformation [parc textile, centre de formation aux métiers du textile, parc de transformation agroalimentaire (cajou, coton, soja, karité)]. Le pays dispose également d’une énergie conventionnée moins coûteuse qu’en Chine (une centrale thermique de 143MW et une centrale solaire de 300MW) et est doté d’un régime fiscal attractif avec des exonérations d’impôts allant jusqu’à 17 ans (à partir de 50 milliards de FCFA d’investissements). De quoi susciter l’engouement de potentiels investisseurs publics comme privés. Interrogée par Forbes Afrique, sur l’importance de la présence de son pays à l’événement, la vice-présidente béninoise en a profité pour leur lancer un appel : « Notre pays est géographiquement tout petit, mais très grand en ce qui concerne les ambitions. Nous sommes une porte d’entrée pour beaucoup de pays limitrophes et des pays de l’hinterland. Notre souhait, c’est que beaucoup nous accompagnent et le comprennent très tôt. Les États d’Asie du Sud-est le comprennent et tapent à nos portes. Et nos anciens partenaires ? Il faudrait qu’ils viennent vite. »
Des personnalités qui contribuent à la croissance de l’économie africaine récompensée
En marge de cette programmation prolifique, la cérémonie de remise des Prix Choiseul Africa a récompensé les acteurs économiques et sociétaux qui se sont distingués par des projets à forte valeur ajoutée. Ainsi, quatre trophées ont été décernés : “Entrepreneur de l’année” à Abdullahi Bashir Haske, directeur général de AA&R Investment Group, une société d’investissement émergente dotée d’un portefeuille diversifié d’investissements et d’opérations dans plusieurs secteurs de l’économie nigériane, et dont le chiffre d’affaires est estimé à 15 millions de dollars annuels. « Cette récompense compte beaucoup pour moi, je tiens à saluer les organisateurs de cet événement, c’est toujours beau de voir ce qu’une aussi jeune organisation peut réaliser » a-t-il déclaré. “Le Talent digital de l’année”, Sangu Delle, Président-directeur général de Care Point et de Golden Palm Investment spécialisé dans les logiciels de gestion de pharmacie, partenaire de 65 hôpitaux et clinique et qui sert 1 million de patients, s’est également exprimé au micro de Forbes Afrique : « J’accepte avec beaucoup d’humilité cette distinction. Je retiens de cette édition que le seul moyen de parvenir à une souveraineté pour l’Afrique est de comprendre que notre force vient de notre unité. Nous devons créer un marché de consommation de masse qui pourra rivaliser avec les autres grands marchés autour du monde. » Enfin, Les trophées de la Femme de l’année et le Grand Prix Choiseul ont été remis respectivement à Mme Mia Lahlou Filali, Directrice générale de Pharma 5, acteur africain dans le domaine du développement et de la fabrication de médicaments génériques et à Fatma Samoura, Secrétaire générale de la FIFA.
L’Initiative Choiseul Africa regroupe l’ensemble des activités initiées et portées par l’Institut Choiseul à destination de l’Afrique. Celles-ci ont été lancées en 2014 avec la création du Choiseul 100 Africa qui identifie puis met en réseau, tous les ans depuis cette date, les 200 dirigeants économiques africains de moins de quarante ans les plus talentueux de leur génération. La 5e édition est prévue à l’Automne prochain toujours dans l’ancien royaume chérifien.