Dans cette interview exclusive, Abdoul Salam Bello (administrateur du Groupe Afrique II au Conseil d’administration du Groupe de la Banque mondiale) et Daouda Sembène (ancien conseiller spécial sur la sécurité alimentaire de l’ex-Président en exercice de l’Union africaine et fondateur d’AfriCatalyst Global Development Advisory) nous exposent leur vision sur la situation d’insécurité alimentaire qui prévaut sur le continent, et proposent des pistes de réflexion pour y remédier, ou du moins l’atténuer.
Propos recueillis par Élodie Vermeil
Forbes Afrique : Les crises à impact mondial (Covid, conflit russo-ukrainien) survenues ces dernières années ont encore aggravé la situation d’insécurité alimentaire qui prévaut depuis de nombreuses années en Afrique. Concrètement, où en est aujourd’hui le continent en termes de sécurité alimentaire ?
« Environ 868 millions le nombre d’Africains en situation d’insécurité alimentaire modérée ou grave, dont plus d’un tiers (342 millions de personnes) en situation d’insécurité alimentaire grave. »
Daouda Sembène : Il faut d’abord reconnaître que plusieurs pays africains ont consenti des efforts importants pour lutter contre l’insécurité alimentaire. Des initiatives ambitieuses ont également été prises à l’échelle continentale, y compris dans le cadre de la Déclaration de Malabo(1) en 2014. Malheureusement, l’Afrique n’est pas en passe d’atteindre d’ici 2030 ses cibles en matière de sécurité alimentaire fixées dans le cadre des objectifs de développement durable (ODD) pour 2030. C’est du moins l’avis de la FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture) qui estime à environ 868 millions le nombre d’Africains en situation d’insécurité alimentaire modérée ou grave, dont plus d’un tiers (342 millions de personnes) en situation d’insécurité alimentaire grave.
Abdoul Salam Bello : Effectivement, beaucoup de progrès ont été faits, mais il faut les apprécier à l’aune de plusieurs critères : le changement climatique ; l’accroissement démographique ; la dégradation des sols par endroits ; la géopolitique globale – la guerre russo-ukrainienne a révélé que certains pays dépendaient jusqu’à 100 % de l’extérieur pour leur approvisionnement en blé. Bien sûr, certaines régions comme la bande sahélienne, confrontée depuis des années aux effets du changement climatique avec son corollaire de désertification, sécheresse et dégradation des sols, sont plus touchées que d’autres par l’insécurité alimentaire. Mais force est de constater que même les régions favorisées par la richesse de leur sol et la pluviométrie ne parviennent pas à réaliser pleinement leur potentiel agricole et importent encore pour des milliards de dollars de denrées qu’elles pourraient tout à fait produire localement.
« Beaucoup de progrès ont été faits, mais il faut les apprécier à l’aune de plusieurs critères : le changement climatique ; l’accroissement démographique ; la dégradation des sols par endroits ; la géopolitique globale…»
L’Afrique abrite plus de 60 % des terres arables disponibles dans le monde, pourtant, près d’une personne sur cinq y souffre de la faim. Comment se fait-il que le continent n’ait pas encore réalisé sa révolution agricole, comme ce fut le cas des pays asiatiques dans les années 1960?
A. S. B. : Il y a d’abord la question du foncier, ainsi que celle de l’accès à la terre, sur laquelle on constate une forte inégalité de genre. Dans beaucoup de pays, pour des raisons d’ordre culturel, religieux ou autre, les femmes ne sont pas propriétaires de la terre, ce qui peut poser problème en termes d’exploitation. En outre, l’agriculture a beau être un secteur pourvoyeur d’emplois, elle n’attire pas suffisamment de profils qualifiés, et beaucoup de ceux qui y travaillent sont sous considérés. Il faut arriver à changer le narratif, créer des « agripreneurs » (agriculteurs-entrepreneurs) et amener de jeunes gens qualifiés à s’intéresser à ce secteur, ce qui passe par sa transformation en profondeur. Il y aussi la question du modèle économique et de son histoire : les gens font ce qu’ils ont l’habitude de faire ou savent faire. Prenez la filière cacao, pilier du miracle économique ivoirien avec d’autres cultures de rente : c’est effectivement un modèle d’agriculture labor intensive, mais majoritairement voué à l’export. Ce modèle, hérité de la colonisation, a consisté à inciter certains pays à fort potentiel à développer des productions liées à l’export, donc génératrices de revenus et de devises – par exemple la culture de l’hévéa, développée pour alimenter l’industrie automobile. Avec ces devises, vous pouviez acheter à moindre coût des denrées alimentaires produites ailleurs, comme du riz venant d’Indochine ou du Vietnam. Le Sénégal, par exemple, produisait beaucoup de riz ; ensuite il y a eu un shift, notamment vers l’arachide, dans laquelle le pays s’est spécialisé. Avec ce type de modèle, la sécurité alimentaire est pour ainsi dire sous-traitée par le pouvoir d’achat, la capacité et donc la balance commerciale. Pour revenir à la révolution agricole, elle nécessite une vision de long terme axée davantage sur le vivrier et pas nécessairement l’export, ainsi qu’une approche holistique prenant en compte le foncier, la taille de l’exploitation, la mécanisation, les intrants, la qualité du produit, mais aussi la connectivité des marchés les uns avec les autres, ou encore le coût d’exploitation (énergie, eau, stockage, capacité, etc.), sans oublier certaines mesures incitatives pour susciter des «vocations ». C’est avant tout une question de volonté politique et de leadership, comme la révolution verte en Inde, où Nehru déclarait en 1948 « Tout le reste peut attendre, mais pas l’agriculture ». Même si l’Afrique compte 54 pays, je pense que les modèles de réussite des pays asiatiques sont transposables au continent, sous réserve de réussir à faire de l’intégration régionale une réalité fonctionnelle, tant en termes de chaînes de valeurs que de collectivités et d’infrastructures.
Nehru déclarait en 1948 « Tout le reste peut attendre, mais pas l’agriculture »
Au-delà du fameux cocktail des 3 C (conflits locaux, effets de la pandémie de Covid et changement climatique), aggravé par la guerre en Ukraine, quelles sont les causes fondamentales, structurelles et endogènes de cette situation alarmante ?
D. S. : Effectivement, les 3 C comme vous les appelez figurent parmi les déterminants majeurs de l’insécurité alimentaire en Afrique. Les données statistiques disponibles suggèrent que l’essentiel des Africains en situation d’insécurité alimentaire grave vivent dans des pays en situation de conflit ou menacés par des risques de conflits. Entre 2019, l’année précédant l’apparition de la pandémie de Covid-19, et 2022, le nombre d’Africains en situation d’insécurité alimentaire grave a augmenté d’environ 74 millions de personnes. Les phénomènes naturels liés au changement climatique ont également une incidence majeure sur l’insécurité alimentaire en Afrique, y compris la sécheresse, la perte de sols fertiles et la prévalence accrue de désastres naturels. Cependant, d’autres facteurs structurels et économiques jouent un rôle non négligeable, notamment l’inefficacité des systèmes de production alimentaire, la vulnérabilité des économies aux chocs externes, mais aussi les pressions inflationnistes et la perturbation des chaînes d’approvisionnement consécutive à la crise pandémique et la guerre en Ukraine.
« Même si l’Afrique compte 54 pays, je pense que les modèles de réussite des pays asiatiques sont transposables au continent, sous réserve de réussir à faire de l’intégration régionale une réalité fonctionnelle, tant en termes de chaînes de valeurs que de collectivités et d’infrastructures »
A. S. B. : À l’inverse de ce qui s’est passé en Asie, beaucoup de nos pays ont en quelque sorte manqué le tournant de la révolution verte. Les anglophones parlent d’ailleurs de sleeping giant (« géant endormi ») pour qualifier le secteur agricole. Au-delà même de certains modèles économiques et de leurs limites, il y a aussi la question de la taille des exploitations, pour la plupart encore familiales. Or avec la poussée démographique, la terre disponible pour l’exploitation se réduit naturellement, sans parler de l’urbanisation et de la pression que celle-ci exerce sur les terres arables. Autre élément à prendre en compte, la connexion et l’accès des petits exploitants à des marchés efficaces, et l’interconnexion de ces marchés les uns aux autres, qu’ils soient régionaux ou sous-régionaux. C’est toute la chaîne de valeurs qu’il faut adresser afin d’optimiser le secteur agricole, de la qualité des routes aux conditions de stockage et de conservation des denrées, en passant par la disponibilité et la qualité des intrants, et cela relève avant tout de la volonté politique. Enfin vient la problématique de l’investissement dans le secteur, en particulier l’investissement privé qui demeure extrêmement faible.
Comment expliquer que le secteur privé s’engage si peu en faveur de l’agriculture et comment l’inciter à y investir davantage ?
D. S. : Pour attirer les investisseurs dans l’agriculture, des réformes multi-sectorielles ambitieuses seront nécessaires au niveau national, continental et international. Au niveau national, elles devront particulièrement transcender l’environnement des affaires, le cadre réglementaire, le régime foncier, la fiscalité, le secteur financier. Au niveau continental, la mise en œuvre de la ZLECAf (Zone de libre-échange continentale africaine) sera bénéfique en facilitant la création d’un marché unique, le commerce intra-africain, et la libre circulation des biens et des services. Au niveau international, la réforme en cours de l’architecture financière internationale pourrait grandement aider à augmenter les flux de capitaux publics et privés en direction de l’Afrique et du secteur agricole en particulier. Cela passe notamment par une réforme des banques multilatérales de développement (BMD) qui se traduise par le renforcement de leur capacité à mobiliser les capitaux privés et à vulgariser les instruments de dérisquage. Au-delà de la réforme des BMD, l’heure est venue à mon avis de trouver des solutions pérennes à la crise de la dette qui menace bon nombre de pays africains. Je demeure convaincu que ce défi devrait être une opportunité pour les aider à accroître les enveloppes budgétaires allouées à la lutte contre l’insécurité alimentaire tout en réduisant le fardeau de la dette.
A. S. B. : Vous savez, les banques fonctionnent dans un cadre bien précis défini par la Banque centrale : normes prudentielles, exposition au risque, etc., et les filières ne sont peut-être pas suffisamment structurées pour que ce modèle financier traditionnel puisse s’y appliquer. On a l’impression de deux mondes qui coexistent sans se comprendre. Il faut penser des modèles qui induisent une plus grande consommation de l’investissement privé dans le monde agricole, et clairement nous n’y sommes pas. Pour nous, tout le challenge consiste à faire en sorte que le paysan ou la paysanne puisse demander un prêt, et surtout qu’une banque puisse le lui accorder sans nécessairement passer par toutes les contraintes administratives d’usage. Bien sûr il y a la microfinance, mais ce n’est pas suffisant. Les modèles types de banques agricoles devraient pouvoir être plus et mieux financés, mais aussi structurés, et sortir du schéma traditionnel pour se focaliser vraiment sur les besoins des agriculteurs et du secteur, tout en prenant en compte la diversité de ce dernier, que ce soit le vivrier, le cash incentive, ou encore tout ce qui a trait aux intrants ou aux produits fourragers liés à l’élevage, puisque l’élevage aussi fait partie de l’agriculture. Il faut donc réfléchir à un modèle efficace, mais aussi avoir une meilleure analyse des instruments existants et de la façon dont on peut les ajuster au regard des besoins exprimés. Une autre problématique est celle de l’informalité, à savoir comment formaliser davantage le secteur dans certains pays afin qu’il puisse attirer davantage d’investissements.
« Les modèles types de banques agricoles devraient pouvoir être plus et mieux financés, mais aussi structurés, et sortir du schéma traditionnel pour se focaliser vraiment sur les besoins des agriculteurs et du secteur, tout en prenant en compte la diversité de ce dernier »
Monsieur Bello, vous mentionniez précédemment l’interconnexion des marchés régionaux et/ou sous- régionaux. Concrètement, en quoi la régionalisation permettrait-elle de lutter contre l’insécurité alimentaire ?
A. S. B. : L’intégration régionale est un acteur clé du développement économique. Nos pays diffèrent sur le plan géographique, climatique. Du coup, les opportunités et les modèles sont eux aussi différents, offrant la possibilité de capitaliser sur les avantages comparatifs des uns et des autres dans telle ou telle filière. C’est un premier élément important. Ensuite vient la question de la logistique, absolument déterminante. Le Togo, par exemple, se positionne comme un hub logistique régional, notamment à travers son port, autour duquel se sont développés une plateforme digitale, une base portuaire, des autoroutes… tout un réseau infrastructurel qui permet au pays d’essaimer sur l’espace sous-régional, créant de nombreuses opportunités d’interconnexion. Dans le cadre d’une libre circulation des biens et des personnes, reste encore à réduire, voire annuler les barrières tarifaires et non tarifaires, afin de fluidifier au maximum le transport. On pourrait ainsi réfléchir au renforcement de certaines filières dans certains pays – par exemple la viande ou le lait dans les pays du Sahel – pour nourrir l’espace sous-régional et connecter ces pays et filières avec un système de vente sur des points régionaux. Un peu sur l’exemple des nombreux accords bilatéraux et de libre-échange qui existent entre les États Unis et le Canada. Ce sont des modèles qu’il est possible de répliquer en Afrique, tout comme on peut imaginer une place financière de pays agricoles sur le modèle de la Chicago Mercantile Exchange [l’un des deux principaux marchés à terme américains avec le Chicago Board of Trade, NDLR], une solution réellement intégrée et inclusive. Mais ce type de réflexion ne se mène pas seul dans son coin, d’où l’importance, pour les pays africains, de se connecter avec leur diversité.
Comment évaluez-vous les résultats de la Déclaration de Malabo ?
D. S. : Ses pays signataires s’étaient engagés à allouer au moins 10 % des dépenses publiques à l’agriculture, notamment dans le but d’éliminer la faim et toutes les formes de malnutrition, et réduire de moitié la pauvreté à l’horizon 2025. Les engagements visaient également à renforcer le financement des investissements dans l’agriculture et stimuler le commerce intra-africain des produits et services agricoles. Les chefs d’État africains avaient formulé des orientations claires pour la réalisation de ces engagements, notamment grâce à la domestication de la Déclaration et l’élaboration de feuilles de route par pays. Ils s’étaient même engagés à faire un examen biennal sur les progrès réalisés dans la mise en œuvre de la Déclaration. Dix ans après, le constat est amer : ces engagements sont loin d’être respectés dans la quasi-totalité des pays africains. Un récent rapport de la FAO confirme que le continent est en passe de rater les objectifs fixés dans la Déclaration de Malabo.
« Dix ans après, le constat est amer : les engagements relatifs à la Déclaration de Malabo sont loin d’être respectés dans la quasi- totalité des pays africains »
A. S. B. : Je pense qu’il faut aller plus loin que l’intention. Allouer 10 % du budget national à l’agriculture, c’est bien, mais la vraie question, c’est de savoir comment on répartit, accompagne, organise et développe cet investissement et à quoi on l’alloue exactement. Ensuite, il faut se demander quel est l’objectif collectif commun que l’on cherche à atteindre avec cette Déclaration. Sans vouloir paraître trop critique, je pense qu’il faut sortir de ce genre de schéma : on se retrouve, on fait de grandes déclarations, puis chacun rentre dans sa capitale et on passe à autre chose. Il faut un suivi et une réelle coordination, afin de s’assurer que les pays engagés sur une base volontaire intègrent effectivement cet objectif dans leur feuille de route et que cela se traduit concrètement sur le terrain et en termes de résultats. Si les intentions sont nobles, elles se heurtent souvent à la réalité des faits : la question particulièrement sensible du foncier, inhérente à l’agriculture, ou encore la multiplication, ces dernières années, des priorités immédiates, notamment celles concernant la situation sécuritaire. Aujourd’hui dans beaucoup de pays d’Afrique, le second niveau de la pyramide de Maslow(2) (« les besoins de sécurité ») passe avant le premier niveau (« les besoins physiologiques », notamment se nourrir) – pour schématiser, si vous n’adressez pas la question de la sécurité, le paysan ne peut pas aller au champ – et dans ce contexte, élaborer et mettre en œuvre un modèle d’agriculture pérenne n’est plus une priorité. Donc pour revenir au type d’objectif de la Déclaration de Malabo, je pense que plutôt que de fixer des pourcentages ou des ratios, l’Union africaine a un vrai rôle à jouer en usant de son levier politique pour favoriser une meilleure mobilisation des ressources en faveur d’une transformation profonde et structurelle de l’agriculture, notamment au niveau des infrastructures et de l’intégration régionale, de la connectivité et de l’accès du monde rural à l’énergie.
« Plutôt que de fixer des pourcentages ou des ratios, l’Union africaine a un vrai rôle à jouer en usant de son levier politique pour favoriser une meilleure mobilisation des ressources en faveur d’une transformation profonde et structurelle de l’agriculture »
Comment expliquer que seule une dizaine de pays applique aujourd’hui les principes de la Déclaration de Malabo ?
D. S. : Certainement, l’explication varie selon les pays. Mais de manière générale, il est notoire que plusieurs pays africains disposent d’un espace budgétaire limité qui contraint l’allocation de ressources aux secteurs prioritaires, y compris l’agriculture. Cette situation s’est aggravée à la suite de l’apparition de la pandémie et du déclenchement de la guerre en Ukraine. Les réponses apportées à ces chocs, mais également à ceux liés à l’adaptation au changement climatique et aux menaces sécuritaires ont épuisé les marges de manœuvre budgétaires tout en contribuant à une accumulation marquée de la dette publique. Cela a alourdi de manière sensible le fardeau de la dette dans de nombreux pays africains qui étaient confrontés à un risque de surendettement élevé ou étaient déjà en situation de surendettement.
La sécurité alimentaire du continent nécessite une évolution des modèles de financement et d’assistance technique, actuellement insuffisants ou inadaptés face au changement climatique, alors que l’endettement public élevé réduit souvent les marges de manœuvre budgétaires. Des solutions spécifiques ont-elles été mises en place à cet effet ?
D. S. : La sécurité alimentaire en Afrique nécessite la transformation des systèmes de production agroalimentaire et la modernisation des techniques de conservation et de distribution des produits alimentaires. En plus de la mise en œuvre de politiques commerciales et cadres réglementaires propices, cela nécessite le développement d’infrastructures modernes, notamment dans les secteurs de l’agriculture, de l’énergie, et du transport. Et je pense que l’Union africaine l’a bien compris en promouvant diverses initiatives dans ce sens, y compris le Programme de développement des infrastructures (PIDA), le Programme détaillé pour le développement de l’agriculture africaine (CAADP) et la Déclaration de Malabo. Le souci, c’est que la mise en œuvre de ces ambitieux programmes est très ardue dans un contexte où les ratios d’endettement sont au rouge dans plusieurs pays africains, et l’accès aux financements publics et privés très limité. Il me semble donc essentiel pour la communauté internationale de réfléchir à la mise en place de mécanismes de financement innovants permettant de mobiliser davantage de ressources pour lutter contre l’insécurité alimentaire sans alourdir le fardeau de la dette. Par exemple, le G20 pourrait promouvoir une initiative multilatérale favorisant l’augmentation des dépenses de sécurité alimentaire financées par l’allégement du service de la dette des pays bénéficiaires. Une sorte d’initiative PPTE pour la sécurité alimentaire dans les pays en développement.
« La sécurité alimentaire en Afrique nécessite la transformation des systèmes de production agroalimentaire et la modernisation des techniques de conservation et de distribution des produits alimentaires. »
1. Adoptée en 2014 sous l’égide de l’Union africaine, la Déclaration de Malabo vise à promouvoir la croissance accélérée de l’agriculture et la transformation pour une meilleure utilisation des richesses et une amélioration de la sécurité alimentaire sur le continent. Elle préconise entre autres mesures d’allouer 10 % du budget national à l’agriculture.
2. Aussi appelée « pyramide des besoins », elle a été théorisée dans les années 1950 par le psychologue américain Abraham Maslow, dont les observations et travaux ont permis de développer cet outil d’analyse qui permet de catégoriser les besoins d’un groupe ou d’un individu en cinq niveaux hiérarchisés.
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